Mais le phénomène mis en lumière par le sondage excède les limites confessionnelles. La revue H Histoire propose, en mars 1981, une explication très plausible : « Les protestants non croyants ne perdent pas pour autant leur identité. »

De son côté, une étude sur le courant évangélique, réalisée par le pasteur Plet pour l'Église réformée de France (ERF), aboutit à deux conclusions : ce courant, mal représenté dans les instances élues, compte autant de chrétiens que les Églises de tradition réformée ; sociologiquement plus populaire, il conjugue une théologie fondamentaliste avec un vote de gauche.

Relance

Des attentats, à ce jour inexpliqués, saccagent en janvier 1981 les temples de quatre communautés évangéliques lyonnaises ; la FPF, à laquelle elles n'appartiennent pas, leur adresse des messages fraternels.

Les grands rassemblements, regroupant les protestants de toutes obédiences d'une région, se multiplient : cette année, c'est au tour des protestants de l'Île-de-France de se réunir les 16 et 17 mai 1981 au parc floral de Vincennes, pour débattre sur le thème « Aimer la vie ».

Les états généraux de la jeunesse protestante, qui se tiennent à Lyon les 14 et 15 mars 1981, annoncent peut-être une relance des mouvements de jeunesse, mal remis de mai 68. Les étudiants en théologie n'ont jamais été si nombreux : 270 inscrits à l'Institut protestant de théologie, 240 à la faculté concordataire de Strasbourg, 85 à la faculté évangélique de Vaux-sur-Seine, 70 à la faculté de théologie réformée d'Aix-en-Provence.

En 1980, 25 postes pastoraux ont été pourvus dans la seule ERF. Cette Église, qui compte 5 hommes et 5 femmes dans son conseil national, élit deux femmes, laïques, à des fonctions importantes : l'hébraïsante Françoise Smyth devient doyen de la faculté de théologie de Paris, et Marthe Westphal, agrégée d'espagnol à l'université de Nancy, devient modératrice du synode de 1982.

Immigrés

L'Assemblée luthéro-réformée adopte le 21 mars 1981 un rapport théologique commun sur La Cène du Seigneur, tandis que de nombreux pasteurs et laïques participent à des groupes œcuméniques dans la perspective du Congrès eucharistique international de Lourdes (16-23 juillet 1981). Ce même thème est examiné le 11 décembre 1980 par la délégation du Conseil permanent de l'épiscopat, conduite par le cardinal Etchegaray, et celle du Conseil permanent luthéro-réformé, conduite par le pasteur Mathis.

À la base, les relations œcuméniques sans préalable théologique se multiplient, dans la vie ecclésiale (centenaire du pasteur Boegner et de sa paroisse de Passy-Annonciation) et dans la vie sociale. Catholiques et protestants se manifestent ensemble à plusieurs reprises dans l'ACAT (Action des chrétiens contre la torture), dans l'ARAPEJ (réinsertion des anciens détenus) et à la CIMADE, qui fête quarante ans de service auprès des exilés, réfugiés et immigrés.

Les aumôniers de prison des deux religions prennent position, en janvier 1981, contre le projet de loi Sécurité et Liberté. Mais la FPF sera seule à rappeler son opposition à la peine de mort, en avril. Enfin la grève de la faim du P. Christian Delorme, du pasteur Jean Costil et de Hamid B. à Lyon, du 2 au 30 avril 1981, amène le ministre de l'Intérieur à suspendre pour trois mois l'expulsion d'immigrés de la deuxième génération.

Le 74e synode

Le 74e synode de l'ERF (Viviers, du 1er au 3 mai) a pour thème « Pour qui, pourquoi travaillons-nous ? ». Le rapport, adopté à la quasi-unanimité, décrit le travail dans ses deux dimensions : d'une part, vocation à nourrir, à structurer l'être humain, à construire la cité ; et, d'autre part, perversion, oppression, inégalités, idolâtrie. Le synode approuve le principe de la réduction du temps de travail, et engage ses communautés à dresser une liste d'actions précises de solidarité, notamment avec les chômeurs et les immigrés.

Œcuménisme

Si les activités du COE paraissent à première vue cette année limitées, un certain nombre d'événements méritent cependant de retenir l'attention.