C'est, bien sûr, au Salvador que l'épiscopat intervient le plus souvent. En décembre, Mgr Arturo Rivera Y Damas, administrateur apostolique de l'archidiocèse de San Salvador, dénonce vigoureusement, dans un important document, les actes de persécution dont ont été victimes prêtres, religieuses et fidèles. Il précise : « La majorité des actes de persécution contre l'Église ont été le fait des membres des corps de sécurité et d'organismes paramilitaires. »

À plusieurs reprises, Jean-Paul II évoquera, mais en termes beaucoup plus généraux, la situation dans ce pays. Pour l'ensemble de l'Amérique latine, il propose toujours la même ligne d'action :
– soutenir la promotion des secteurs les plus défavorisés de la population. Le pape dit ainsi à un groupe d'évêques boliviens, le 14 novembre : « Je vous invite à intensifier les efforts dans cette direction en accordant une attention prioritaire, sans qu'elle soit exclusive, aux pauvres » ;
– rester fidèle à la mission spirituelle. Le pape écrit, dans sa lettre du 10 décembre aux évêques du Brésil : « Les droits de l'homme n'ont de vigueur, en vérité, que là où sont respectés les droits imprescriptibles de Dieu, et l'engagement à l'égard des premiers est illusoire, inefficace et peu durable s'ils se réalisent en marge ou au mépris des seconds. »

Pologne

Le jeudi 28 mai, jour de l'Ascension, l'Église polonaise prend le deuil. Le cardinal-primat Stefan Wyszynski, 80 ans, archevêque de Varsovie, vient de mourir d'une tumeur intestinale. L'hommage que lui rendent alors les autorités civiles permet de mesurer le chemin parcouru par l'Église dans ce pays, sous la direction de ce prélat austère et rigoureux, depuis le début des années 50. À cette époque, le système stalinien, à son apogée en Pologne, multipliait les actions contre l'Église. Fait cardinal en 1952, Mgr Wyszynski s'était même vu interdire d'aller à Rome recevoir le chapeau de cardinal. Et, l'année suivante, il était arrêté, comme bon nombre de prêtres. Après sa libération, en 1956, avait commencé une longue série de luttes et de négociations avec les gouvernements successifs.

La révolution polonaise de 1980 montre assez comment ces négociations et ces combats ont permis à l'Église d'étendre son influence, de s'identifier avec la nation et la résistance au régime. Les prêtres sont présents sur les chantiers en grève, ils figurent parmi les conseillers de Lech Walesa (en particulier Mgr Bronislaw Dabrowski, secrétaire général de l'épiscopat), et, en janvier 1981, le leader du mouvement polonais va, en quelque sorte, se faire sacrer à Rome par le pape Jean-Paul II. L'Église est à la fois un ferment et un agent modérateur, contribuant à canaliser le mouvement afin d'éviter de fournir aux Soviétiques des raisons d'intervenir. Dans le même temps, elle obtient de nouvelles concessions du gouvernement : permission de construire des établissements religieux, moyens nouveaux pour la presse catholique, retransmission de messes à la radio et à la télévision d'État. Mais, si le gouvernement souligne à plusieurs reprises « le rôle positif » de l'Église dans le pays, les attaques de plusieurs journaux (notamment Zolnierz Wolnosci, quotidien de l'armée) contre certains prêtres montrent assez que cette coexistence pacifique reste difficile.

Protestants

Le protestantisme français est-il à l'aube d'un réveil ? Jean-Pierre Richardot l'affirme dans Le peuple protestant aujourd'hui. Sans aller jusque-là, l'observateur est néanmoins frappé par le nombre de manifestations par lesquelles les protestants s'interrogent sur leur identité et affirment leur spécificité.

Identité

Dans la presse protestante, sociologues et théologiens s'interrogent sur le résultat du sondage IFOP de juin 1980 (Journal de l'année 1979-80) : les personnes se disant « proches du protestantisme » sont trois fois plus nombreuses que les 800 000 paroissiens (2/3 réformés et 1/3 luthériens).

Certes, toutes les dénominations ne se retrouvent pas dans la Fédération protestante de France (FPF). C'est le cas des Églises pentecôtistes : elles viennent de demander leur adhésion, qui sera certainement acceptée, comme le fut la dernière en date, celle de la mission évangélique tzigane.