Enfin, la rigueur islamique qui se répand de plus en plus dans la plupart des pays arabes se réaffirme un peu partout avec encore plus de force ces derniers mois.

Toute tentative d'aborder ces problèmes avec des critères occidentaux demeure vaine. Depuis toujours, la religion musulmane a été indissociable de la vie sociale et politique. Toutes les tendances, qui pourraient paraître d'ordre purement théologique, sont nées de conflits politiques. La religion musulmane a presque toujours été un thermomètre politique.

On est en droit de se demander si la recrudescence de ce fanatisme ne s'explique pas par la déception, la brimade et la frustration de peuples qui ont cru à un certain moment que la découverte du pétrole, l'instauration d'un régime se disant socialiste, l'accès à l'indépendance, etc., allaient résoudre comme par magie leurs problèmes et également apaiser tous leurs maux.

N'est-ce pas aussi une sorte de refuge devant une vie de plus en plus difficile, face à la corruption bureaucratique qui s'enracine dans la presque totalité des pays du tiers monde ? N'est-elle pas également une manière d'opposition au colonialisme qui, au cours des derniers siècles, s'est installé sous l'emblème du christianisme européen ?

Dialogue

L'islām est devenu, numériquement, la deuxième religion en France après le catholicisme, avec près de 2 millions d'adeptes. Ce nombre dépasse aussi bien le nombre des protestants (740 000) que celui des israélites (700 000).

Cette situation n'est pas propre à la France. La Grande-Bretagne et l'Allemagne fédérale ont, elles aussi, un nombre important de travailleurs étrangers musulmans. Un équilibre doit être trouvé entre chrétiens et musulmans. Il est donc normal que des édifices pour le culte islamique soient érigés dans les capitales européennes. C'est ainsi que la grande mosquée de Londres a été inaugurée en septembre 1977 au Régent Park, en plein centre de la capitale britannique.

Cette mosquée, dont la construction a coûté 4,4 millions de livres, fournis essentiellement par l'Arabie Saoudite, comprend un centre culturel islamique, avec une bibliothèque importante ouverte aux musulmans et aux non-musulmans. Elle peut abriter pour la prière 5 000 fidèles. Ainsi, Londres rejoint Paris et New York, où existent déjà deux grandes mosquées.

Le dialogue entre musulmans et chrétiens se poursuit un peu partout dans le monde. La rencontre la plus importante a eu lieu, du 11 au 14 avril 1978, au Caire ; une délégation du Saint-Siège, dirigée par le cardinal Sergio Pignedoli, président du secrétariat du Vatican pour les non-chrétiens, s'est rendue dans la capitale égyptienne, où elle a eu des entretiens avec une délégation d'ulémas, dirigée par le grand imam, Abd el-Halim Mahmoud, cheikh d'el-Azhar. Ces entretiens, comme l'a annoncé le Vatican, s'inscrivent dans le cadre du dialogue entre le Saint-Siège et le monde islamique.

La conférence islamique

La neuvième session de la conférence des ministres des affaires étrangères des pays islamiques s'est tenue à Dakar du 24 au 28 avril 1978, sous le signe de « la coopération entre les pays islamiques ». La conférence a décidé l'ouverture de deux universités islamiques en Afrique, l'une en Ouganda et l'autre au Niger, la création d'un centre de statistiques à Istanbul, un centre de documentation à Kuala Lumpur et un centre de formation professionnelle à Dakar.

Pourtant, les problèmes politiques ont occupé une bonne place dans l'ordre du jour de la conférence, qui était composé de 62 points.

Israélites

Une fois de plus les pulsations profondes qui marqueront les communautés juives du monde libre et notamment de France viennent d'Israël.

La centralité d'Israël par rapport à la Diaspora était d'ordre eschatologique jusqu'au début du sionisme politique, au XIXe siècle. Depuis lors, et particulièrement au lendemain du génocide et de la création de l'État d'Israël en 1948, l'ensemble des communautés juives s'est engagé dans le combat de l'État juif pour son existence physique. Parallèlement se développait aussi une dépendance culturelle et religieuse au fur et à mesure que les structures de même ordre prenaient vigueur dans l'État juif.

Données nouvelles

En 1977-1978 apparaissent deux données fondamentalement nouvelles. C'est d'abord, en mai 1977, les élections législatives d'Israël, qui, pour la première fois depuis l'existence de l'État, mettent en minorité le mouvement travailliste et amènent au pouvoir Menahem Begin et une majorité du mouvement Likoud (Journal de l'année 1976-77). La Diaspora, qui s'était identifiée, souvent, avec l'idéal de gauche des fondateurs du Kibboutz, doit s'habituer désormais à une nouvelle orientation en Eretz Israël.