Dans d'autres pays, au contraire, la hiérarchie entretient les meilleures relations avec le pouvoir. Au Guatemala, les liens du cardinal Casariego avec le gouvernement sont tels qu'une partie des évêques et des prêtres réclament son départ ou le contredisent ouvertement.

Israël

Le gouvernement israélien adopte, en janvier 1978, une loi aux termes de laquelle les missionnaires chrétiens qui offriraient un « stimulant matériel » à des juifs pour qu'ils se convertissent au christianisme seraient passibles de cinq ans de prison. Interprétation de la loi selon certains de ses auteurs : le fait, par exemple, d'ouvrir une crèche pour enfants juifs serait un « stimulant matériel ». Ce texte provoque quelques remous dans les milieux juifs. Yosef Immanuel, secrétaire du Comité Israélien multiconfessionnel, déclare : « Si la même loi était passée à l'étranger contre les activités juives, elle serait immédiatement considérée comme antisémite. » Au sein du clergé chrétien d'Israël, en tout cas, elle provoque un mouvement d'indignation. On la juge d'autant plus « insultante » que les conversions de juifs au christianisme sont rares. Et cette affaire ne contribue évidemment pas à améliorer les relations entre l'État d'Israël et le Vatican.

Protestants

Les activités strictement protestantes semblent se réduire d'année en année au profit d'actions menées conjointement avec les autres Églises. C'est là un signe réjouissant d'une marche réelle vers l'unité. Il n'est guère que l'intégrisme protestant, similaire à l'intégrisme catholique, qui demeure coupé des autres. Les Fondamentalistes, comme ils se nomment eux-mêmes, sûrs de leur vérité, rejettent les ouvertures œcuméniques. C'est ainsi qu'en RFA, par exemple, a été créé cette année une sorte de contre-Kirchentag au nom « du seul évangile », alors que les principes de base de Kirchentag sont l'écoute et le partage. De même, en mars, à Bruxelles, s'est tenu un grand congrès d'Églises de professants, dont aucune n'est membre du COE, par volonté délibérée. Au plan mondial, un certain nombre de manifestations protestantes retiennent l'attention.

Assemblées

La Ve Assemblée de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), qui s'est tenue fin juin 1978 à Dar es-Salaam, a eu au moins deux retombées positives : le dialogue luthérien nord-sud, c'est-à-dire entre luthériens des pays nantis et ceux du tiers monde, et, d'autre part, l'éclatement de la stricte observance de la doctrine luthérienne du XVIe siècle par les Églises de vieille chrétienté au profit d'une actualisation de la pensée de Martin Luther. Ce dialogue nord-sud a certainement joué dans la décision du gouvernement suédois de remettre unilatéralement les dettes du tiers monde envers la Suède, et d'inviter, mais en vain, les autres pays riches à suivre son exemple. C'est l'évolution de la doctrine qui a davantage engagé la FLM dans la quête de l'unité et dans certains engagements sociopolitiques tels que la lutte contre l'apartheid en Afrique australe. C'est dans un esprit renouvelé par cette assemblée que s'est préparée, en RFA et dans d'autres pays, la célébration du 450e anniversaire de la charte luthérienne qu'est la Confession d'Augsbourg (25 juin 1530), œuvre de Melanchthon, ami de Luther. Confession dont les observateurs catholiques à Dar es-Salaam (Tanzanie) dirent que l'Église romaine devait la « reconnaître » comme charte d'unité, de paix et de foi. Le colloque du centenaire de l'Alliance réformée mondiale s'est tenu en août à St Andrews (Écosse), ville où l'ARM fut créée en 1877 ; il a pris les mêmes orientations que la FLM : lutte contre le racisme, la violence et l'arbitraire, notamment en Afrique du Sud et dans les pays de l'Est tels que la Roumanie. La Conférence des Églises protestantes des pays latins, présidée par le pasteur J. Maury, président de la Fédération protestante de France, s'est réunie à Sommières (Gard) du 14 au 16 avril, autour du thème unitaire : Des Églises nationales : une contradiction à surmonter.

Cette conférence rassemble les Églises minoritaires de Belgique, Espagne, France, Italie, Portugal et Suisse romande. La situation des Églises d'Espagne longtemps brimées, à la veille de la nouvelle Constitution de ce pays garantissant la totale liberté de culte, a été particulièrement examinée.