Une des conclusions pratiques de ce colloque est la constitution d'une association œcuménique de théologiens africains, dont le Père Engelbert Mveng, jésuite camerounais, a été élu secrétaire général. On s'accorde généralement à penser que les recherches amorcées par ce colloque et poursuivies par l'Association ne seront pas sans conséquences bénéfiques sur les théologies traditionnelles d'Europe et d'Amérique du Nord.

Orthodoxes

La préparation du Saint et Grand Concile des Églises orthodoxes, annoncé depuis plusieurs années, progresse insensiblement et par des voies peu spectaculaires. Ainsi les responsables de la Fraternité orthodoxe de France ont-ils lancé, avec l'appui du Comité interépiscopal, une enquête qui ne comprend pas moins de 66 questions — très brèves, il est vrai — auprès de leurs coreligionnaires : Orthodoxe, qui es-tu ?

Les résultats de cette enquête, qui n'ont pas encore été rendus publics, devraient permettre de mieux définir les besoins qui justifient, dans les communautés, la convocation d'un concile. Pendant ce temps, les différentes Églises orthodoxes continuent à étudier les thèmes théologiques qui ont été inscrits à l'agenda du futur Concile par la Conférence panorthodoxe préconciliaire réunie à Chambésy en novembre 1976 (Journal de l'année 1976-77).

Théologie

Trois de ces thèmes ont été abordés au cours de l'année écoulée de diverses manières. Un colloque sur la célébration de la fête de Pâques à une date commune pour toutes les Églises s'est réuni, également à Chambésy, près de Genève, du 29 juin au 3 juillet 1977. Il s'est terminé sans qu'aucune décision soit prise ; les opposants à une date commune faisaient valoir en particulier qu'un changement liturgique risquerait de provoquer des schismes au sein de plusieurs Églises et que les propositions nouvelles vont à rencontre des ordonnances du concile de Nicée.

Un second thème conciliaire, celui de la diaspora — ou dispersion des orthodoxes sous plusieurs juridictions dans un même lieu — est au centre des travaux du troisième Congrès de l'orthodoxie occidentale qui s'est réuni à Amiens du 11 au 13 novembre 1977, sur le thème : l'Église, cœur du monde, en présence de 700 participants.

L'écrivain et théologien français Olivier Clément a demandé que l'actuel Comité interépiscopal prenne « peu à peu le caractère d'un synode provincial inédit », au lieu d'être un simple organisme de liaison sans pouvoirs réels. Il a souhaité que l'Orthodoxie française reçoive des divers patriarcats dont elle dépend actuellement un statut de semi-autonomie.

Enfin, le thème de l'œcuménisme a connu des développements nouveaux. En mars ont été rendues publiques les réflexions convergentes de théologiens orthodoxes et catholiques sur les ministères, élaborées lors ; d'une rencontre au Centre orthodoxe de Chambésy du 11 au 15 décembre 1977. De même, le groupe mixte catholiques-orthodoxes créé en 1976 a tenu sa première réunion commune, à Rome, du 29 mars au 1er avril 1978. Le communiqué officiel déclare : « Le groupe de coordination a examiné le but du dialogue, la méthode à suivre dans ce dialogue et les thèmes à considérer dans sa première phase. »

Constantinople

Le premier siège patriarcal de l'Orthodoxie a été en butte à de nombreuses vexations administratives — les divergences entre la Turquie islamique et la Grèce orthodoxe à propos de Chypre n'y sont pas étrangères — qui ont ému les communautés orthodoxes dans le monde : pression financière sur les écoles religieuses, restrictions de circulation appliquées même aux membres du Saint Synode.

Le 7 mars, une délégation du patriarcat du Phanar, conduite par Mgr Méliton, s'est rendue à Ankara où elle a été reçue par le Premier ministre, Bülent Ecevit. Selon ce dernier, Mgr Méliton a exposé les problèmes des citoyens de la communauté grecque, ceux de l'Église, de certaines fondations pieuses ou écoles liées à la communauté orthodoxe. B. Ecevit a fait une déclaration apaisante : « Dans la Turquie laïque, les Grecs orthodoxes ne devraient pas se sentir des citoyens ; de seconde zone. » Mgr Méliton a souhaité que les communautés orthodoxes de l'étranger laissent les Grecs de Turquie régler leurs problèmes avec leur gouvernement.