Enfin, une grêle de nouveaux pavés fait perdre à Itzhak Rabin son coup de poker. Ces coups viennent surtout de celui que les journalistes ont baptisé son « tombeur », un incorruptible mis en place par ce même gouvernement qu'il n'épargnera pas : son conseiller juridique, procureur général de la République, le professeur Aharon Barak, 41 ans. Non seulement, fin avril, à la veille des élections, un rapport dénonce les « énormes gaspillages de l'armée », les « vols dans les dépôts de plusieurs millions de livres », mais l'ancien et, croyait-on, futur ministre travailliste Abba Eban est accusé de dissimuler des comptes en banque à l'étranger : 350 000 dollars (1 750 000 F), précise un document du ministère des Finances.

Enfin et surtout, la femme du Premier ministre, Lea Rabin elle-même, est accusée de n'avoir pas rapatrié tout l'argent déposé en banque à Washington où son mari était ambassadeur jusqu'en 1973. Deux semaines avant qu'au banc des accusés, où son mari l'accompagne, elle s'entende condamner à 175 000 F d'amende, Itzhak Rabin surprend les Israéliens en apparaissant un soir sur leurs écrans de télévision pour annoncer qu'il se retire de la vie politique. Son rival, Shimon Perès, est désigné pour assurer un bref intérim, mais les élections sont déjà perdues au profit des faucons du Likoud, qui s'emploient depuis leur victoire à rassurer sur leurs intentions : le monde entier craint que la paix devienne impossible avec ces sionistes intransigeants, qui depuis un quart de siècle répètent leur refus de toute concession. Refus confirmé encore au lendemain des élections par le futur ministre de la Défense, ancien chef de l'armée de l'air, le général Ezer Weizman : « Pas question de retrait de la rive occidentale du Jourdain. La Cisjordanie doit devenir partie intégrante d'Israël. »

Rassurer

Cependant, pour inciter le président Carter à tenir tout de même sa promesse d'augmenter l'aide à Israël de 285 millions de dollars (au total 1 785), dès le début juin. Menahem Begin dépêche un envoyé spécial rassurant à Washington, où il ira lui-même dès le 18 juillet, le président Carter lui ayant, dit-il, envoyé « une lettre très cordiale ». Même à Paris, son propre directeur de cabinet, venu humaniser l'image des faucons qui effraie l'Occident pacifique, donne l'une des clefs de sa mission en rappelant que, depuis deux ans, la balance de l'immigration est déficitaire : l'an dernier, il y a eu 21 000 sorties pour 18 000 entrées seulement.

Pour gagner son pari, le Likoud semble compter sur une relance de l'immigration plutôt que sur les armes, bien que ce chapitre soit l'un des seuls positifs de l'héritage travailliste. Deux semaines avant de perdre les élections, l'ex-ministre de la Défense, Shimon Perès, a précisé à la tribune de la Knesset : depuis 3 ans (au lendemain de la guerre du Kippour), les blindés, avions, infanterie, flotte se sont renforcés de plus de 50 %, l'artillerie de 100 %, et le nombre des véhicules blindés pour transporter les troupes a décuplé.

Maigre satisfaction en regard de deux mises en demeure, apparemment concertées, de conclure, de toute urgence, une paix négociée : le 27 juin, un communiqué du Département d'État américain, le 29, comme en écho, une déclaration du Sommet européen des Neuf réunis à Londres réclament l'évacuation de tous les territoires occupés par Israël en échange d'une paix et de frontières garanties. Après une négociation entre tous les intéressés, y compris les Palestiniens dont doit être reconnu le droit à une patrie (homeland dans les textes anglais et américain). Begin au pouvoir pourra-t-il accepter le contraire de ce qu'il répète depuis plus d'un quart de siècle d'opposition ? D'après la radio israélienne, il suggère de reprendre la conférence de Genève dès le 10 octobre 1977. « D'accord, réplique le président Sadate, même avant ! »

Japon

Tokyo. 109 670 000. 296. 1,2 %.
Économie. PIB (74) : 4 152. Production (74) : G 127 + A 123 + I 124. Énerg. (*74) : 3 839. C.E. (74) : 12 %.
Transports. (*74) : 324 661 M pass./km, 54 487 M t/km. (*74) : 15 852 200 + 10 497 100.  : 39 740 000 tjb. (74) : 10 970 M pass./km.
Information. (73) : 188 quotidiens ; tirage global : 58 181 000. (72) : *70 794 000. (73) : *24 797 000. (73) : 1 138 500 fauteuils ; fréquentation : 185 M. (74) : 39 405 000.
Santé. (73) : 124 684. Mté inf. (73) : 11,3.
Éducation. (73). Prim. : 9 816 536. Sec. et techn. : 8 983 762. Sup. : 2 007 870.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1947. Souverain : Hiro-Hito ; succède à son père Yoshi-Hito en 1926. Premier ministre : Takeo Fukuda, élu le 24 décembre 1976 ; succède à Takeo Miki.

Retour à la prospérité et reclassement politique

C'est le temps des rajustements. Le 1 7 décembre 1976, le Premier ministre Takéo Miki démissionne. Il tire ainsi la leçon des législatives, marquées, au début du mois, par un recul sensible de sa formation, le parti libéral-démocrate (PLD, conservateur) qui perd la majorité absolue à la Chambre basse (Assemblée). Le PLD n'en reste pas moins le premier parti. Mais, Takéo Fukuda, le nouveau chef du gouvernement, encore issu des rangs conservateurs, doit, fait nouveau, recourir à l'appui décisif des voix des Indépendants.

Défaite

L'élection de Takéo Fukuda constitue une indéniable défaite pour Takéo Miki, mis en minorité en août 1976 au PLD et obligé de remanier son gouvernement en septembre. Gouvernement dont Takéo Fukuda, alors vice-Premier ministre, démissionne, un mois avant les élections. Ces luttes intestines, qui couvent depuis longtemps, sont attisées par les retombées de l'affaire Lockheed (Journal de l'année 1975-1976).