De même, les plus pauvres n'ont pu que se révolter devant la brutalité de certaines opérations de maintien de l'ordre ou d'assainissement, telle la destruction systématique des bidonvilles. Le recours à la contrainte a ainsi ruiné une bonne part du crédit dont le Congrès jouissait dans les campagnes après les mesures prises en faveur des masses rurales : abolition des dettes et du servage, distribution de terres, etc. De plus, le zèle arrogant de Sanjay Gandhi, fervent activiste de la planification démographique, devenu, aux yeux de l'opposition, l'homme à abattre, a porté grand préjudice à sa mère, d'autant que l'héritier présomptif de la dynastie Nehru choquait la classe politique par sa légèreté, son autoritarisme et son passé plus que douteux d'industriel. Du reste, nombre de caciques, jusqu'au sein du Congrès, s'effrayaient à l'idée de voir leur pouvoir contesté par une nouvelle génération, désireuse de secouer le vieil immobilisme de la société rurale.

Diplomatie

Le bouleversement politique intervenu à New Delhi devrait influer sur la diplomatie indienne. L'arrivée au pouvoir d'un anticommuniste convaincu a suscité embarras et inquiétude à Moscou, où l'on a craint, un moment, une remise en cause du traité d'amitié indo-soviétique signé en 1971. Morarji Desai ayant annoncé le retour à un « véritable non-alignement, libre de toute attache avec tout bloc ». Cependant, lors de la visite officielle d'Andrei Gromyko en Inde (25-27 avril), Bihari Vajpayee rassure son interlocuteur, en affirmant que l'amitié entre Moscou et New Delhi restera un « élément permanent » de la situation en Asie. À Pékin et Washington, la satisfaction est manifeste. La Chine estime que la chute d'Indira Gandhi est un « coup sévère porté à l'expansionnisme soviétique », tandis que les relations indo-américaines semblent promises à une nette amélioration, les États-Unis ayant déjà laissé entendre qu'ils pourraient reprendre leurs livraisons d'uranium moyennant un contrôle international de l'utilisation du métal nucléaire. L'Inde cherche, en outre, à reprendre la tête du mouvement des non-alignés, dont le bureau de coordination se réunit en avril 1977 à New Delhi.

Il reste que les principales préoccupations de la nouvelle équipe dirigeante sont d'ordre économique. Il lui faut, par exemple, juguler la crise de l'emploi qui s'aggrave dangereusement (10 millions de chômeurs déclarés en 1976) et poursuivre le rétablissement de la balance des paiements, favorisé, il est vrai, par l'excellence de la dernière récolte.

Indonésie

Djakarta. 132 550 000. 89. 2,9 %.
Économie. PIB (73) : 127. Production : G(73) 124 + A(74) 146. Énerg. (*74) : 158. C.E. (73) : 20 %.
Transports. (73) : 2 726 M pass./km, 1 068 M t/km. (73) : 306 700 + 173 300.  : 859 000 tjb. (74) : 781 M pass./km.
Information. (73) : 154 quotidiens ; tirage global : *1 110 000. (72) : *6 000 000. (71) : *95 000. (74) : 285 000.
Santé. (73) : 6 221.
Éducation. Prim. (73) : 12 982 600. Sec. et techn. (73) : 2 258 194. Sup. (71) : 251 870.
Institutions. République indépendante proclamée le 17 août 1945 sous le nom d'État unitaire de la république d'Indonésie. Constitution de 1945. Président de la République et président du Conseil : général Suharto, réélu le 22 mars 1973.

Succès électoral

Le régime militaire du général Suharto remporte un succès confortable aux élections législatives du 2 mai 1977, à l'issue d'une campagne sans passion. Le Golkar, ce mouvement progouvernemental, qui se situe à mi-chemin entre un parti politique et une organisation purement corporatiste tout en jouissant du soutien avoué de l'armée et de l'Administration, recueille environ 65 % des voix, soit trois points de plus qu'en 1971. Toutefois, l'« objectif 70 % » fixé par ses dirigeants n'est pas atteint.

Le parti musulman (PPP), grâce sans doute à son prosélytisme religieux, fait un bon score, en enlevant plus de 25 % des suffrages, et arrive en tête à Djakarta. Le PDI, qui regroupe les anciens partis nationalistes et chrétiens, obtient 7 % des voix. Ces deux formations, seules autorisées par le gouvernement, participent pour la première fois depuis 1965 à une consultation nationale. Au lendemain du scrutin, le parti musulman, dans une lettre au chef de l'État, assure qu'à Java un million de ses partisans n'ont pu voter, faute d'avoir reçu à temps leur carte d'électeur.