La Picardie, qui fait peu parler d'elle, n'en est pas moins active ; pour preuve : la liste des décentralisations qui s'y sont effectuées depuis quelques années et l'annonce de la création d'une Maison de Picardie à Paris.

L'un des trois départements de la région, l'Aisne, et particulièrement le nord du département, limitrophe de la Belgique, connaît des difficultés de même type que celles des Ardennes. Saint-Quentin ne s'est pas encore relevé de la fermeture de Bull, et Laon ne manifeste pas un essor particulier. De même, la Somme connaît, dans son ensemble, une contraction des entreprises et des emplois.

Encore faut-il faire dans ces mouvements la part de la conjoncture et la part des déficiences structurelles. Car les avantages de la Picardie paraissent suffisants à nombre d'industriels pour qu'ils continuent de s'y implanter.

Les implantations

De très nombreuses entreprises moyennes s'installent dans la région, créant entre 50 et 100 emplois chacune, et contribuent pour une part à accélérer l'industrialisation de la région.

Parmi les grandes entreprises, citons l'implantation de : Coloracier à Montataire (Oise), filiale commune d'Usinor-Renault et PUM (Produits d'usines métallurgiques), qui exploite une ligne continue d'enduction de peinture pour les tôles d'acier (60 000 t par an) ; Affifrance, filiale de Péchiney à Compiègne, usine d'affinage d'aluminium (25 000 t par an) ; extension à Beauvais de Massey-Ferguson (2 200 personnes à la fin des travaux) ; Établissements Huret à Chepy (Somme) [300 emplois à fin 1968]; Ateliers ferroviaires de l'Aisne à Saint-Quentin (350 emplois) ; Avon Cosmetics, filiale d'une société américaine, à Rantigny (1 500 personnes) ; construction d'une unité d'anhydride phtalique à Villers-Saint-Paul, d'une capacité initiale de 15 000 t par an, etc.

Ville universitaire

Amiens connaît une croissance satisfaisante et devient un centre administratif et culturel important, en même temps que son industrialisation se poursuit à un bon rythme.

L'État a décidé de créer un campus universitaire à Amiens de 95 ha.

L'équipement, sauf pour la faculté de médecine, est intégralement à la charge de l'État. Mais pour d'autres travaux qui restent à la charge de la ville, les dépenses sont partagées entre les différentes collectivités intéressées : 40 % pour la ville d'Amiens, 30 % pour le département de la Somme, 15 % pour celui de l'Aisne, et 15 % pour l'Oise. Il s'agit donc bien d'une création régionale.

Il reste qu'Amiens se trouve éloigné de l'autoroute du Nord, et les milieux régionaux s'inquiètent, non sans raison, des retards pris dans la liaison Amiens-Roye, qui doit pallier cet inconvénient. Les études sont en cours.

Haute-Normandie

La Haute-Normandie reste fidèle à sa tradition. Terre d'élection des décentralisations parisiennes, elle a toujours été une région test du point de vue de l'aménagement du territoire ; ses expériences sont ensuite généralisées.

La création d'un établissement public régional destiné à acquérir en temps opportun les terrains nécessaires à l'aménagement de la vallée de la basse Seine de Vernon au Havre, et à participer aux opérations d'équipement d'intérêt régional, constitue l'événement de l'année.

La particularité de cet établissement est d'être l'émanation non seulement de la CODER, mais des deux conseils généraux de l'Eure et de la Seine-Maritime. Cet établissement sera alimenté par une taxe régionale d'équipement, dont le produit maximal est fixé à 20 millions pour 1968.

Quand on connaît les polémiques qui entourent les pouvoirs conférés aux CODER, et les remous que les nouvelles institutions régionales ont provoqués, notamment dans les conseils généraux, on ne peut qu'être sensible à l'audace de cette création.

Un bilan éloquent

Le bilan de la décentralisation au 1er janvier 1967 s'élève, dans la vallée de la basse Seine, à 230 établissements, occupant 26 000 personnes. En y ajoutant les créations locales, on s'aperçoit que près d'un cinquième de la population active de l'industrie travaille aujourd'hui dans des établissements datant de dix ans ou moins.