Le promoteur de ce projet très important, dont le coût total atteindra 300 millions, est la société française Produits et engrais chimiques du Rhin, filiale commune de deux importantes firmes européennes du secteur des engrais chimiques : la société française Potasse et engrais chimiques (PEC), du groupe domanial des potasses d'Alsace, et la société allemande Wintershall AG.

Le complexe d'Ottmarsheim comportera une unité d'ammoniaque de 600 t par jour et deux ateliers de production d'engrais. Le premier atelier sera spécialisé dans les engrais azotés simples et produira 100 000 t par an d'ammonitrates, particulièrement destinés à l'Allemagne. Le second produira des engrais complexes au rythme de 300 000 t par an.

Indépendamment des aménagements du Rhin, qui se poursuivent selon les plans prévus, EDF construira deux centrales à uranium naturel de 750 MW chacune, à Fessenheim, dans le Haut-Rhin, à proximité de l'usine hydroélectrique. Les travaux de la première centrale ont commencé en 1968 ; ceux de la seconde sont prévus pour 1970.

Notons, en outre, la création, le 23 septembre 1967, de la communauté urbaine de l'agglomération de Strasbourg, qui englobe 27 communes.

Lorraine

La conversion industrielle de la Lorraine, en particulier celle de l'acier et du charbon, a pris une nouvelle vigueur cette année. Grâce aux aides de l'État et à l'effort de l'ensemble des responsables de l'économie régionale, les nouvelles implantations et les extensions créeront, en trois ans, environ 7 000 emplois.

Ces chiffres ne tiennent pas compte de la décision prise par Citroën, au début de 1968, d'installer à Metz une importante unité de mécanique qui emploiera, dans un premier temps, 1 200 personnes, pour atteindre ultérieurement près de 5 000 emplois.

C'est une première réponse aux graves problèmes posés par la restructuration de la sidérurgie lorraine, comme par la conversion de la main-d'œuvre employée jusqu'ici dans les mines de fer et de charbon.

Difficultés spécifiques

Sans atteindre la gravité qu'elle présente dans la région du Nord, la situation en Lorraine exigeait une intervention en force des pouvoirs publics.

Dès la fin de 1967, Jérôme Monod, délégué adjoint à l'Aménagement du territoire, préconisait un ensemble de mesures s'articulant autour de quelques principes simples, qui supposait, ajoutait-il, « un esprit offensif ».
– Chaque fois qu'une entreprise s'engagera, en signant une convention de reclassement, à réserver un certain nombre d'emplois aux salariés victimes de licenciements, elle se verra accorder un certain nombre d'aides appréciables de la part de la CECA et de l'État (3 500 emplois ont déjà été ainsi créés, soit la moitié des nouveaux emplois) ;
– Les prêts du FDES sont renforcés ; ils ont permis, par exemple, l'installation de Kléber-Colombes à Toul, pour compenser la disparition de la base américaine ;
– Les ressources des deux sociétés financières d'intervention, SIDECO pour la sidérurgie et SOFIREM pour le charbon, ont été augmentées ;
– 200 ha supplémentaires, dont 130 financés avec l'aide de la CECA, ont été ajoutés aux 270 ha de zones industrielles prévues par le Ve plan ;
– La Caisse des dépôts finance un nouveau programme d'usines relais pour 1968 et 1969 ;
– Outre l'installation de Citroën déjà signalée, la Régie Renault doit créer dès 1969 plusieurs centaines d'emplois nouveaux dans le domaine des forges à froid à Hagondange ;
– Des moyens accrus ont été fournis pour développer la formation professionnelle et l'enseignement technique.

Ce dernier point revêt une importance particulière, d'un double point de vue : géographique et professionnel.

La Lorraine enregistre la plus forte poussée démographique des régions de France, et l'on a constaté un début d'émigration des jeunes.

Bataille de la mobilité

En même temps, une enquête menée dans la vallée de la Moselle prouvait que nombre de demandes d'emploi n'étaient pas satisfaites. Les problèmes de qualification et de conversion se posent donc avec une particulière acuité. Malgré les aides accordées, il est notoire qu'une certaine résistance se manifeste de la part de la main-d'œuvre à passer par les centres de FPA (formation professionnelle des adultes). De même, les changements de domicile sont difficiles.