mygale
Les ancêtres des mygales peuplaient déjà la Terre il y a 400 millions d'années. Ces araignées, malgré leur terrible réputation, mènent une vie retirée et discrète, surtout dans les régions chaudes du globe. Lorsque vient la nuit, elles sortent de leur retraite pour chasser et se révèlent alors de redoutables prédatrices.
1. La vie des mygales
1.1. Une défense efficace contre des ennemis éventuels
Animaux solitaires, les mygales ne sortent en général qu'à la nuit tombée, pour chasser. Dans l'ensemble, elles mènent une vie assez sédentaire, en particulier les femelles, qui ne s'éloignent que rarement de l'entrée de leur terrier ; d'ailleurs elles conservent parfois un même abri plusieurs années. Les mâles, eux, se déplacent plus volontiers, et explorent les alentours de leur abri dans un rayon de quelques dizaines de mètres, plus encore durant la période de reproduction, lorsqu'ils vont à la recherche des femelles.
Les mygales, comme la majorité des araignées, peuvent dévider, par leurs filières, un liquide qui se solidifie au contact de l'air et forme un fil de soie.
Dans la journée, elles se cachent dans des abris, qui, chez certaines espèces, sont parfois très élaborés. Celles qui vivent dans les arbres s'abritent dans des tubes de soie qu'elles tissent entre les branches et les feuilles, et qui se prolongent, à l'entrée, par une nappe de soie. Ces mygales, pour chasser, se tiennent à l'affût à l'entrée du boyau, d'où elles guettent leurs proies.
D'autres espèces s'installent dans des anfractuosités de rochers ou d'arbres creux ; d'autres encore dans des terriers, fermés ou non, qu'elles ont elles-mêmes creusés. Le plus rudimentaire de ces terriers est un simple tube vertical. Le terrier des mygales, surtout lorsqu'il est profond, les protège efficacement contre les variations du climat. Elles y trouvent une température et un degré d'humidité plus constants. Elles s'installent fréquemment tout au fond de leur terrier, certaines en ferment même l'entrée durant les journées chaudes. C'est là qu'elles attendent le crépuscule ou la nuit pour aller chasser.
Les terriers
Les terriers
Parfois simples trous creusés dans des talus exposés au soleil, les terriers sont souvent plus perfectionnés. L'entrée de celui de la mygale maçonne (Nemesia caementaria),que l'on trouve en Europe, est équipée d'un opercule muni d'une charnière.
En Australie, Dekana dissimule la sortie secondaire de son terrier sous des débris. Quant à Lampropodus iridescens, elle construit une palissade protectrice autour de l'entrée ainsi qu'une « cachette » en profondeur, où elle peut se réfugier et dont elle peut fermer le clapet à la moindre alerte.
Des systèmes de défense originaux
Le terrier est également une protection contre les ennemis éventuels. À la moindre alerte, la mygale peut facilement en défendre l'entrée. Elle ferme l'ouverture, si celle-ci est munie d'un clapet, ou adopte une posture agressive, pattes antérieures relevées.
En cas d'attaque, la mygale dispose d'autres moyens pour se défendre. Ainsi, certaines espèces de la famille des théraphosidés d'Amérique du Sud possèdent, sur la partie dorsale de leur abdomen, des milliers de soies barbelées dites poils urticants. Chacun de ceux-ci porte des barbes, dont la position, la forme, la taille et la densité varient selon les espèces. Face à un assaillant, ces mygales peuvent, par simple frottement de leurs pattes postérieures, détacher une partie de ces « poils » et les projeter dans l'air.
Si toutefois son agresseur réussit à saisir une des pattes de la mygale, celle-ci est capable de s'en séparer volontairement. La rupture se fait au niveau de la première articulation, près du corps. Grâce à cette autotomie, la mygale conserve la vie sauve sans pour autant rester handicapée, car le membre perdu se régénérera complètement à la mue suivante ou après quelques mues.
1.2. Des crochets inoculateurs de venin
Chasseresses redoutables, les mygales utilisent des techniques diverses pour arriver à leurs fins. Les mygales terricoles pratiquent volontiers l'affût à l'entrée de leur terrier. Soulevant légèrement le couvercle de leur abri, elles laissent dépasser leurs deux premières paires de pattes, les autres restant à l'intérieur pour leur permettre de se retirer rapidement en cas de danger, et attendent le passage de proies. Une fois capturées, celles-ci sont entraînées au fond du terrier et consommées. Certaines s'éloignent de l'entrée du terrier pour poursuivre leur victime un court instant. D'autres encore n'hésitent pas à quitter leur terrier à la recherche de proies.
Pour détecter l'approche d'une proie, la mygale possède, surtout sur les palpes de leurs mâchoires et les pattes, des soies longues et mobiles, les trichobothries, sensibles aux déplacements d'air et aux vibrations. Le corps de l'animal est également couvert de diverses soies, en général très fines, qui assurent un sens tactile important et compensent ainsi l'imprécision de la vue. Certaines mygales disposent aussi des fils avertisseurs autour de l'entrée de leur terrier : l'animal qui les touche est alors immédiatement repéré et capturé.
La mygale commune européenne (Atypus affinis), chasse, à l'entrée de son terrier, à l'intérieur d'un tube de soie recouvert de débris divers et traînant sur le sol. Les petits animaux (cloportes, mille-pattes, etc.) de passage sur cette « chaussette » ne voient pas l'araignée, qui alors les saisit, les mord à travers la paroi, en déchire la soie, et les entraîne dans la partie souterraine du terrier.
Des insectes aux oiseaux
De nombreuses espèces de théraphosidés des régions tropicales, qu'elles soient arboricoles ou terrestres, inscrivent à leur régime des oiseaux ou des oisillons, à l'image de la mygale de Leblond (Theraphosa blondi ou Theraphosa leblondi) ou de la matoutou de Guyane et des Antilles (Avicularia avicularia), ce qui leur a valu leur appellation anglo-saxonne de bird-eating spiders, « araignées mangeuses d'oiseaux ». Cependant, aucune ne consomme exclusivement des oiseaux. Les mygales tropicales ont au contraire un régime varié et s'attaquent à des proies très diverses, pour peu que ces dernières passent à proximité. L'éventail de ces proies comprend des arthropodes (des insectes, souvent de grande taille, des scorpions, d'autres araignées…), et des vertébrés : petits reptiles (petits serpents, lézards, geckos…), amphibiens (grenouilles, crapauds), petits mammifères (rongeurs).
Le cannibalisme est également courant chez les théraphosidés, mais ce comportement ne se retrouve pas avec la même fréquence chez toutes les espèces. Prédateurs solitaires, les mygales peuvent jeûner plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Digestion externe
Digestion externe
La mygale, qui ne peut ingérer que des liquides, doit prédigérer sa proie. Cette digestion externe se fait en imprégnant la victime d'une solution intestinale régurgitée, qui liquéfie les tissus tandis que les enzymes du venin agissent. Puis, la malaxant de ses pièces buccales et la dilacérant de ses chélicères, la mygale aspire, ne laissant qu'une boulette informe de sa proie.
1.3. Des toiles pour s'accoupler et pondre
L'accouplement est préparé par le mâle, dès sa maturité. Celui-ci doit, pour pouvoir s'accoupler, transférer ses spermatozoïdes des organes où ils sont en réserve (testicules et voies génitales situés dans l'abdomen) aux organes qui lui serviront lors de la copulation : les bulbes copulateurs. Ce sont les tarses des appendices antérieurs qui, modifiés, fonctionnent comme des seringues.
La toile spermatique
À la nuit tombée, le mâle construit une petite toile, appelée « toile spermatique », et se place dessous, y collant sa fente génitale abdominale pour y déposer des gouttes de sperme, qu'il récolte ensuite avec ses bulbes copulateurs. Une fois cette opération terminée, il abandonne sa toile et part à la recherche d'une partenaire. Il la détecte le plus souvent grâce à des substances particulières, ou phéromones, qu'elle laisse derrière elle au cours de ses déplacements ou près de son abri.
Dès qu'il l'a repérée, le mâle parade parfois, en agitant ses premières paires de pattes ou en pianotant. Sans sortir de sa retraite, la femelle peut répondre en imitant le mâle. Si elle est réceptive, elle sort, et l'accouplement a lieu.
La stridulation
La stridulation
Par le frottement de deux parties de leurs corps, certaines mygales émettent des sons qui joueraient un rôle dans le rapprochement entre les sexes. Ces organes stridulants sont des zones renforcées et striées des chélicères, des pattes-mâchoires ou des premières paires de pattes.
Un accouplement difficile
Les deux partenaires se font face, dressés sur leurs pattes arrière. Le mâle, qui maintient la femelle à l'aide de ses pattes avant, tente de la soulever suffisamment pour placer ses bulbes sous l'abdomen de celle-ci. Ce n'est souvent qu'après plusieurs essais, entrecoupés de pauses, qu'il parvient enfin à mettre ses bulbes en contact avec la fente génitale de la femelle pour y introduire sa semence. L'acte accompli, il recule avec précaution et s'en va. Parfois, il est contraint de prendre rapidement la fuite, car certaines femelles, après l'accouplement, se précipitent sur leur partenaire pour le « dévorer » comme elles le feraient d'une proie.
La femelle conserve le sperme dans une paire d'organes de stockage, les spermathèques (ou réceptacles séminaux), car les œufs ne seront fécondés qu'au moment de la ponte, c'est-à-dire de quelques semaines à quelques mois après l'accouplement, ce laps de temps variant selon les espèces.
Un cocon de soie
Avant la ponte, la femelle prépare un réceptacle pour les œufs. Elle tisse une nappe de soie, aux bords légèrement relevés, et émet rapidement ses œufs (d'une centaine à près de deux milliers, suivant les espèces), qu'elle regroupe en une masse compacte et recouvre de soie, le tout formant une sorte de besace. La confection de ce cocon dure plusieurs heures. Puis la femelle le transporte dans ses chélicères, l'accroche à un support ou bien le camoufle, restant postée dessus ou à proximité, les pattes étendues, pour le défendre.
1.4. Des mues successives pour grandir
Durant les quelques semaines (jusqu'à trois mois pour certaines grandes mygales) que dure l'incubation, le cocon est étroitement protégé par la femelle, qui semble même en surveiller le degré hygrométrique, le déplaçant quand la terre est trop humide. Certaines espèces portent leur cocon hors du terrier et l'exposent régulièrement au soleil, sans doute pour favoriser le développement des œufs.
Les petits sortent complètement formés du cocon. Ce sont des mygales en miniature de quelques milligrammes, au comportement grégaire (il leur arrive de tisser une toile commune), qui ne mangent que de petites proies adaptées à leur taille… ou parfois les membres de leur fratrie. Puis, très vite, au bout d'une quinzaine de jours en général, les petits se séparent pour grandir seuls.
La croissance des mygales jusqu'au stade adulte se fait par mues, ou exuviations, successives. Le corps des mygales est en effet recouvert d'une cuticule plus ou moins épaisse, rigide en dehors de l'abdomen et des membranes articulaires des pattes. À chaque étape de la croissance, l'animal rejette son ancienne carapace, ou exuvie, et en constitue une autre.
Dans les trois semaines qui précèdent la mue, la mygale devient plus calme et son pelage se décolore. Le moment venu, elle tisse une sorte de cuvette, dans laquelle elle se couche sur le dos. Elle reste ainsi immobile, comme morte, pendant plusieurs heures. Petit à petit, par de lentes pulsations, le céphalothorax et l'abdomen se fendent latéralement. L'araignée se tourne alors légèrement sur le côté. De poussée en poussée, elle s'extirpe dorsalement, laissant apparaître la cuticule neuve ainsi que les nouvelles pattes, qu'elle dégage de leur ancienne gaine. Puis la mygale reste sur le dos un certain temps. Les tissus qui la recouvrent alors étant assez mous, elle est très vulnérable, jusqu'à ce que sa nouvelle « peau » durcisse.
Pour que la mue s'effectue dans les meilleures conditions, il faut que le milieu ambiant soit humide. D'ailleurs, après une mue, l'intérieur de la vieille carapace rejetée et les soies de l'animal sont mouillés. Un bon séchage est donc nécessaire.
Lorsque la mygale ne parvient pas à s'extraire complètement de son ancienne « peau », elle est condamnée. Dans le cas où seules les extrémités d'une ou deux pattes restent coincées, elle peut survivre en pratiquant l'autotomie, c'est-à-dire en se séparant de ses membres bloqués.
Le nombre de mues varie d'une espèce à l'autre, indépendamment de la taille de l'animal. Avec le temps, les périodes d'intermues passent de quelques semaines à 1 an ou 2 chez les femelles adultes. Chez les mâles, c'est au cours de la mue d'adulte, la dernière mue, qu'apparaissent les bulbes copulateurs fonctionnels. Les femelles, en revanche, muent jusqu'à la fin de leur vie.
1.5. Milieu naturel et écologie
Les mygales vivent surtout dans les régions chaudes du globe. Leur fréquence décroît quand on s'éloigne de l'équateur. Représentées sur la presque totalité des continents, elles sont plus abondantes en Amérique du Sud et en Afrique. Certaines espèces ont une implantation très limitée : ainsi, Brachypelma smithii du Mexique ne se rencontre, à l'état sauvage, que dans la région de Mexico. Cette localisation géographique limitée, le fait qu'elle soit très capturée et recherchée ont conduit à l'inscrire à l'Annexe II de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction) : il est donc maintenant interdit de la capturer dans son milieu et de la faire sortir du Mexique. Seuls des spécimens issus d'élevage peuvent être maintenus en captivité.
La conquête de nouveaux espaces
L'étendue de l'aire de répartition des mygales, liée à la température et à l'humidité, l'est aussi à leurs moyens de dispersion. Peu de temps après la sortie du cocon, les jeunes araignées s'éparpillent au sol. Certaines grimpent sur un endroit élevé. L'abdomen relevé, et dressées sur l'extrémité de leurs pattes, elles se tournent face au vent et dévident des fils de soie. Une faible brise suffit à les emporter à des distances parfois considérables, de quelques mètres à plusieurs centaines de kilomètres. Beaucoup, amenées dans des milieux défavorables, meurent au cours de cet essaimage aérien. Cette dispersion réduit la surpopulation, pallie le manque de nourriture et limite le cannibalisme.
Les mygales occupent tous les types d'habitats. En forêt, les feuillages, les troncs, les souches, la végétation basse et la litière du sol sont autant de lieux occupés par différentes espèces, qui y chassent chacune les proies passant à leur portée. Dans ces milieux naturels, les mygales vivent parfois en colonies, mais chaque individu conserve un territoire propre. Leurs capacités d'adaptation favorisent grandement leur installation dans des milieux a priori défavorables ; par exemple, le terrier, ou l'abri, les préserve des trop fortes chaleurs du milieu extérieur. Les propriétés isolantes de la soie, qui tapisse parfois leur habitation, renforcent cette protection. Par ailleurs, leur chasse crépusculaire ou nocturne leur permet de bénéficier de conditions plus clémentes, qu'en pleine journée.
Un ennemi: le pompile
Carnassières polyphages, puisqu'elles se nourrissent de proies très variées, les mygales participent à l'équilibre naturel du milieu qu'elles occupent. Mais ces redoutables chasseresses sont elles-mêmes les victimes de nombreux animaux : quelques mammifères, amphibiens, reptiles et oiseaux. Leurs propres congénères, et d'autres arachnides, comme les scorpions ou encore les solifuges, les capturent aussi à l'occasion.
Mais parmi les grands ennemis des mygales figurent les pompiles (insectes proches des guêpes formant la famille des pompilidés), qui chassent les araignées pour nourrir leurs larves. Les pompiles ne sont pas éclectiques dans le choix des araignées auxquelles ils s'en prennent : ils ne s'intéressent qu'à certaines espèces de mygales, voire une seule, qu'ils reconnaissent tactilement et olfactivement. Opiniâtres chasseresses, les pompiles n'hésitent pas à poursuivre les mygales jusqu'au fond de leur terrier.
Une fois la victime détectée ou acculée au fond de son terrier, le pompile la paralyse en lui injectant son venin par piqûre de son dard. Dans ce cas précis, tout comportement agressif de la mygale semble curieusement inhibé, et l'araignée prend la fuite ou s'immobilise, comme hypnotisée, au lieu d'adopter la posture d'intimidation qui lui est habituelle lorsqu'elle est attaquée. L'araignée immobilisée est installée dans un terrier établi par l'insecte dans des sols meubles ou dans du bois, ou dans le propre abri de l'araignée. Puis la guêpe pond un œuf, qu'elle dépose sur le corps de la mygale, et s'éloigne, après avoir soigneusement refermé le terrier. Pour assurer son développement, la larve issue de l'œuf dévore progressivement cette proie paralysée, rendue inoffensive.
2. Zoom sur... Brachypelma smithii
2.1. Brachypelma smithii
Brachypelma smithii (ou Euathlus smithii) est l'une des plus belles mygales. Elle se caractérise par la coloration brillante de son pelage et les bandes de poils corail autour de son céphalothorax et sur ses pattes. Son corps, comme celui de toutes les araignées, est divisé en deux parties (le prosoma, ou céphalothorax, et l'opisthosoma, ou abdomen), reliées par un fin pédicule. Excepté l'abdomen, il est recouvert d'une cuticule protectrice durcie qui constitue une sorte de squelette externe, ou exosquelette, relativement imperméable.
La tête n'est pas individualisée. La bouche, située à l'avant du céphalothorax, est entourée de plusieurs pièces masticatrices munies de brosses de soies, utiles après le repas pour nettoyer les appendices. En avant de la bouche, les chélicères injectent le venin, maintiennent les proies et, chez la femelle, servent pour transporter le cocon. De chaque côté des chélicères se trouvent deux palpes, ou pattes-mâchoires, aux fonctions diverses. Chez les mâles adultes, leur extrémité est transformée en organe copulateur, ce qui facilite la distinction entre mâles et femelles.
Quatre paires de pattes assurent la locomotion. Elles sont insérées entre le bouclier céphalothoracique et une plaque ventrale dure, le sternum. Chaque patte comporte sept articles : hanche, trochanter, fémur, patelle, tibia, métatarse et tarse. Les deux derniers possèdent une brosse de poils spéciaux, ou scopula, qui permet à l'animal de se déplacer sur des surfaces lisses. L'extrémité des tarses porte deux griffes, parfois trois.
Sur ses pattes surtout, Brachypelma smithii dispose également de longues soies, les trichobothries, qui, avec d'autres fines soies recouvrant son corps, assurent la détection des proies et la reconnaissance du partenaire, et compensent ainsi l'imperfection de la vision. Car, malgré ses quatre paires d'yeux, la mygale n'a pas une bonne vue. Elle perçoit les signaux chimiques laissés par des congénères grâce à des soies particulières.
L'abdomen, velu, comporte sur sa partie dorsale une zone de poils urticants, qui apparaît dénudée lorsque l'animal les a utilisés. Brachypelma smithii possède deux sortes de poils, qu'elle projette facilement si elle est dérangée. Ils sont classés parmi ceux qui causeraient le plus d'effets chez l'homme. Du fait de leur structure en harpon, ces poils ressortent difficilement une fois fichés, et ont tendance à s'enfoncer plus profondément.
Brachypelma smithii dispose également d'un venin aux propriétés neurotoxiques.
L'abdomen renferme le cœur, les poumons, une partie des systèmes digestif et excréteur, l'appareil génital et les glandes séricigènes. À l'extrémité postérieure de l'abdomen dépasse la plus longue des paires de filières. L'anus s'ouvre juste au-dessus de celles-ci. Les orifices génitaux et les orifices respiratoires débouchent également sur la face ventrale de l'abdomen. Les poumons sont constitués de lamelles entre lesquelles circule du sang (ou hémolymphe). Le pigment respiratoire riche en cuivre donne à l'hémolymphe une coloration bleutée.
Le système nerveux, très condensé, comporte deux masses ganglionnaires : l'une, assimilée à un cerveau, est reliée aux yeux et aux chélicères ; de l'autre partent les nerfs, qui vont vers les palpes, les pattes et l'abdomen.
Le mâle de Brachypelma smithii est un peu plus petit que la femelle. Sa première paire de pattes est munie d'une sorte de crochet, qui lui sert à maintenir sa partenaire lors de l'accouplement. Il atteint sa taille définitive après sa dernière mue, ou mue d'adulte. Comme tous les mâles de mygales, sa vie adulte dure de quelques mois à quelques années. Les femelles, qui muent toute leur vie, vivent beaucoup plus longtemps.
Brachypelma smithii se reproduit assez facilement en captivité, mais de nombreux aspects de sa biologie restent inconnus, en particulier ce qui concerne son développement, sa croissance et sa reproduction.
Nom (genre, espèce) : | Brachypelma (Euathlus) smithii |
Famille : | Théraphosidés (infra-ordre des mygalomorphes) |
Ordre : | Aranéides |
Classe : | Arachnides |
Identification : | Noire ; bandes de poils corail sur les pattes et autour du céphalothorax. Possibilité d'apparence glabre de l'abdomen (perte des poils urticants). Venin neurotoxique |
Taille : | Longueur du corps d'environ 6 cm, pattes non comprises ; mâle un peu plus grêle que femelle |
Habitat : | Terriers profonds, non fermés, dans des talus ou coteaux rocheux |
Répartition : | Colonies dispersées dans la région de Mexico |
Régime alimentaire : | Carnivore ; insectes, araignées, petits vertébrés parfois |
Structure sociale : | Solitaire ; grégaire au début du développement |
Longévité : | 4 ans environ (mâles) ; une vingtaine d'années en captivité (femelles) |
Effectifs, tendances : | En diminution ; espèce inscrite à l'Annexe II de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction) |
2.2. Signes particuliers
Yeux
Le groupe oculaire de la mygale est composé de quatre paires d'yeux, d'une taille variable. Ces yeux sont rassemblés sur un petit tubercule dorsal, à l'avant du bouclier céphalothoracique. La mygale, n'ayant pas une bonne vision, utilise aussi de nombreuses soies sensibles aux vibrations et aux signaux chimiques pour la détection des proies et la reconnaissance du partenaire.
Anatomie de la femelle
Le cœur occupe la partie dorsale de l'abdomen et distribue le sang dans tout le système circulatoire. L'appareil respiratoire comporte deux paires de poumons, débouchant chacun à l'extérieur par une fente. Le système nerveux innerve les appendices et les organes. Le système digestif traverse tout le corps. L'ouverture de l'appareil génital, comportant ovaires, « utérus » et vagin, est située entre les fentes des poumons.
Crochets à venin
Chaque chélicère est constitué d'une tige épaisse sur laquelle s'articule un crochet qui se rabat dans une gouttière de la tige. La mobilité de celle-ci permet d'accroître les capacités d'ouverture des chélicères. La contraction de la gaine musculaire qui entoure les glandes venimeuses, à la base des chélicères, permet l'expulsion du venin, par un canal qui se trouve à l'intérieur du crochet.
3. Les autres espèces de mygales
Au sein de la classe des arachnides, les araignées sont réunies dans l'ordre des aranéides (30 000 à 40 000 espèces). Celui-ci est divisé en trois sous-ordres : les mésothèles, ou liphistiomorphes (une dizaine d'espèces rares et inoffensives d'Extrême-Orient), les mygalomorphes, ou orthognathes (mygales), et les aranéomorphes, ou labidognathes, qui rassemblent l'essentiel des araignées connues. Les mygalomorphes, avec quelque 2 450 espèces, ne représentent que 5 % environ de la totalité des araignées.
Au cours du xxe siècle, divers systèmes de classification des araignées ont été proposés. Le sous-ordre des mygalomorphes est actuellement divisé en 15 familles : mécicobothriidés, microstigmatidés, dipluridés, barychélidés, paratropididés, migidés, antrodiaetidés, cyrtaucheniidés, idiopidés, actinopodidés, hexathélidés, cténizidés, némésiidés, atypidés et théraphosidés. Les connaissances sont encore incomplètes pour un grand nombre d'espèces, de genres (plus de 300 décrits) ou de familles.
3.1. Théraphosidés
Environ 900 espèces en une centaine de genres. La plus connue et la plus importante des familles, à laquelle appartient Brachypelma smithii du Mexique. Ce sont les araignées appelées tarantulas par les Anglo-Saxons (il est à noter qu'en dépit de cette dénomination en anglais, les mygales n'ont rien à voir avec les araignées appelées tarentules en français, qui appartiennent à la famille des lycosidés du sous-ordre des aranéomorphes). C'est dans la famille des théraphosidés que l'on rencontre les plus grosses araignées connues. Les mygales de la famille des barychélidés leur ressemblent beaucoup.
Identification : de quelques grammes pour 2 à 3 cm de long à 100 g pour 10 cm ; aspect velu, coloration noire ou brune, parfois taches de couleur vive, jaune, rose, orange, rouge, vert, bleu, violet, ou dessins contrastés ; céphalothorax plat de forme rectangulaire ; organes stridulatoires chez certaines.
Répartition : milieux variés : déserts, forêts, zones prairiales et talus, en Afrique, Asie et Amérique tropicales, et Océanie. Une seule sous-famille se rencontre aussi en Europe méridionale, les ischnocolinés.
Comportement : certaines construisent des terriers ouverts de formes très diverses ; les espèces arboricoles comme les aviculaires, qui passent la majorité de leur vie dans des loges de soie épaisse, sont de grandes tisseuses.
Quelques exemples : genre Ceratogyrus ; corne céphalothoracique typique, agressives, creusent des terriers profonds dans des talus de zones sèches, voire désertiques ; limitées à l'Afrique du Sud.
Mygale de Leblond, Theraphosa leblondi, 100 g pour 10 cm de long ; envergure jusqu'à 30 cm ; les plus grands chélicères (base et crochet déployés mesurent près de 2,5 cm) ; fourrure noire assez rase après mue se décolorant en brun clair, « poils » urticants ; forte stridulation ; terriers profonds ; vit en colonies ; Guyane et Brésil.
Grammostola spatulata, brun rougeâtre doré, pattes aux longues soies roses ; croissance lente ; terriers abrités ; zones cultivées ; Chili.
Phryxotrichus roseus, taille de 30 à 40 mm ; poils courts rosés donnant un aspect velouté et brillant ; vient du Chili, vit dans des milieux dont le taux d'humidité atteint 75 %.
3.2. Hexathélidés
Plus d'une centaine d'espèces en une dizaine de genres ; bien que la majorité soit sans danger pour l'homme, une trentaine d'espèces australiennes ont un venin puissant, voire potentiellement mortel dans le cas de quelques espèces.
Identification : de 3 à 5 cm ; allure trapue, carapace glabre et brillante, peu ou très élevée ; crochets impressionnants et puissants.
Espèces arboricoles et terricoles, qui tissent leur toile au sol ou dans des souches.
Répartition : environnements stables et relativement humides ; Amérique, Europe du Sud, Afrique de l'Ouest, Asie et Océanie.
La sécheresse constitue une barrière à l'extension de la plupart des espèces.
Quelques exemples : genre Atrax, 3 espèces, très souvent citées en raison de leur agressivité et de leur venimosité ; toiles en nappe, prolongées par une retraite tubulaire. Atrax robustus: Sud-Est australien, zone suburbaine surtout ; morsure potentiellement mortelle en l'absence d'administration d'un antivenin. Atrax versutus (synonyme : Hadronyche versuta), mêmes mœurs que Atrax robustus, mais moins dangereuse ; vit en Australie exclusivement.
Genre Hadronyche : Australie, terricoles ou arboricoles. Hadronyche formidabilis : Australie orientale ; arboricole, terriers installés dans un trou d'arbre ou une branche, jusqu'à 25 m au-dessus du sol. Hadronyche infensa : Australie orientale ; terricole, parfois rencontrée sur le sol, dans les maisons, si l'humidité est importante.
Genre Bymainiella : Australie (forêts et zones rocheuses) ; terrier en tube de soie prolongé par une nappe, sous les rochers et sous les souches ; certaines espèces arboricoles avec tube pourvu d'une collerette de soie.
Genre Macrothele : Afrique ; toiles de 1 m2 constituées de nappes et de tubes de retraite où vingt araignées vivent ensemble.
3.3. Némésiidés
Six sous-familles et une trentaine de genres, dont le genre Nemesia (environ 25 espèces européennes). Ce sont les mygales maçonnes en Europe.
Identification : massives, de 10 à 20 mm de long, pattes en général robustes, abdomen ornementé, coloration généralement rouille qui leur permet de se confondre avec le sol ; râteau pour creuser les terriers.
Répartition : régions chaudes du globe ; sud de l'Amérique, de l'Afrique et de l'Europe ; Asie et Australie du Sud-Est.
Comportement : terriers tapissés intérieurement de soie blanche, munis d'un clapet parfois très épais, dans des talus bien exposés, de préférence argileux. Lorsque l'habitat est favorable, elles sont nombreuses et groupées.
Quelques espèces : genre Nemesia, dont Nemesia simoni, sud de la France, et Nemesia corsica, la mygale brune de Corse, endémique de cette île. Pour creuser et aménager leurs abris (le même toute leur vie), les Nemesia sont capables de travailler presque dix heures d'affilée ; elles peuvent s'y enfermer pendant des mois (période d'estivation).
3.4. Cténizidés
Environ 400 espèces. Ce sont des araignées à terriers munis d'un opercule.
Identification : de 1 à 3 cm de long ; peu velues ; chélicères à râteau ; filières courtes.
Répartition : mondiale ; surtout en régions tempérées et subtropicales.
Comportement : sédentaires ; terrier fermé par un clapet à large charnière ; sur le bord interne du couvercle, petits trous où l'araignée place ses griffes pour maintenir la fermeture ; terriers non operculés chez certaines espèces ; parfois arboricoles.
Quelques genres : genre Ummidia, tibia de la 3e patte très arqué ; opercule du terrier en forme de bouchon de liège ; Amérique du Nord et Europe.
Genre Cyclocosmia, abdomen tronqué et décoré, servant de seconde obturation au terrier à opercule ; sud des États-Unis, État de Mexico et Asie.
Genre Cteniza, râteau à épines nombreuses, opercules bien camouflés ; vivent en colonies ; zones très humides d'Europe.
3.5. Atypidés
Environ 30 espèces en 3 genres.
Identification : chélicères importants ; taille moyenne d'environ 7 à 15 mm ; céphalothorax et pattes souvent luisants et noirâtres ; certaine pilosité de l'abdomen, dont dépassent les filières.
Répartition : en bordure de talus, sous la litière ou dans les touffes de bruyère ; Amérique du Nord, Afrique orientale ; Europe du Sud et Asie.
Comportement : piège-retraite, sorte de tube de soie fermé, construit en forme de chaussette, avec une petite partie aérienne et une autre, souterraine, où demeurent les araignées.
Les genres : genre Atypus, Europe jusqu'au Danemark, localement en Angleterre, commune en France ; la durée de vie des femelles peut atteindre 9 ans ; densités des populations parfois élevées, de 8 à 9 individus/m2 dans les landes armoricaines. Dans sa localisation méridionale, souvent en colonies.
Genre Sphodros, « chaussette » aérienne remontant le long d'un tronc sans traîner au sol ; Amérique du Nord.
Genre Calommata, souvent enfermée ; terrier à 30 cm de profondeur, difficile à repérer ; peu abondante, Asie, Afrique.
4. Origine et évolution des mygales
L'origine des mygales remonte à des temps très reculés. Araignées primitives, elles appartiennent à l'ordre des aranéides, l'un des onze ordres de la classe des arachnides, qui a livré des fossiles d'arthropodes terrestres parmi les plus anciens, avec les scorpions.
C'est au cambrien, il y a plus de 500 millions d'années, qu'apparaissent les premiers arthropodes. À la fin du silurien ou au début du dévonien, il y a quelque 400 millions d'années, on trouve déjà, parmi une multitude d'arthropodes terrestres, des araignées primitives proches des mygales.
L'un des plus grands fossiles retrouvés est celui d'une mygale du genre Megarachne, au corps d'environ 35 cm de long, datant de la fin du carbonifère, il y a environ 300 millions d'années. À cette époque, les araignées, qui diffèrent nettement des formes actuelles, ont une aire de distribution géographique très vaste. De nos jours, seul un groupe, les liphistiomorphes, a conservé un ensemble de caractères archaïques déjà présents chez ces espèces.
De l'ère secondaire, on a retrouvé peu de restes fossiles. Au milieu du tertiaire, il y a environ 30 millions d'années, les araignées sont à nouveau bien représentées, et des formes fossiles très diverses se retrouvent en Europe comme en Amérique ; certaines sont parfaitement conservées dans l'ambre de la Baltique. Ces espèces sont très proches de celles que nous connaissons aujourd'hui.
Les mygales actuelles (sous-ordre des mygalomorphes) comptent environ 2 450 espèces, la plupart tropicales et de grande taille, quelques-unes européennes et plus petites. Elles ne présentent pas de véritable danger pour l'homme, à l'exception de quelques espèces australiennes (en particulier Atrax robustus). La toxicité du venin n'est nullement proportionnelle à la taille des mygales : les plus grosses, qui ont si mauvaise réputation, ne sont pas les plus dangereuses. Certaines espèces d'Amérique du Sud disposent toutefois de « poils » urticants qui constituent, en plus du risque de morsure, une gêne notable pour les humains qui se trouvent au contact de l'animal.
5. Les mygales et l'homme
Les mygales ont mauvaise réputation. Souvent qualifiées de laides, de bizarres, voire de mortelles, elles provoquent la peur. Pourtant, comme tous les animaux, elles ne font que se défendre lorsqu'elles sont agressées. Si quelques espèces présentent un certain danger pour l'homme, très peu d'entre elles – trois espèces australiennes seulement – ont un venin mortel.
5.1. Croyances et rumeurs
La plupart des expressions du langage courant se réfèrent aux araignées en général et non aux mygales. Les dictons qui en donnent une image favorable comme « araignée du soir, espoir » sont plutôt rares – et encore ce dicton est-il tempéré par son pendant, « araignée du matin, chagrin ». Néanmoins, selon certaines traditions, les araignées sont des présages de bon augure : en Écosse, on se réjouit de voir une araignée descendre le long de son fil, car elle est annonciatrice d'une rentrée d'argent. Toutefois, les araignées renvoient le plus souvent à une vision moins flatteuse. Ainsi, pour désigner quelqu'un d'un peu fou, on dit qu'il a « une araignée au plafond ». De même, en Alsace, l'araignée du midi annonce un souci. L'image d'une araignée velue et multipatte, attendant près de sa toile qu'une victime inattentive s'y empêtre, est sans doute à l'origine de la méfiance instinctive que cet animal engendre, et liée à sa réputation de cruauté. Des rumeurs, inexactes mais tenaces, selon lesquelles de dangereuses mygales auraient été importées dans des plantes comme les yuccas, entretiennent cette crainte exagérée. Il y a bien eu quelques cas d'araignées transportées dans des régimes de bananes, mais il s'agissait le plus souvent d'araignées bien inoffensives.
Cette peur des araignées n'est toutefois pas générale, puisqu'un intérêt pour ces animaux se manifeste depuis quelque temps en Amérique et dans les pays européens, où les mygales sont choisies par certains comme animaux de compagnie. Cette pratique s'inscrit dans la mouvance des N.A.C. (nouveaux animaux de compagnie) qui consiste à garder chez soi des individus d'espèces sauvages n'ayant aucune vocation à être maintenues en captivité, et encore moins à être domestiquées. Les prélèvements intensifs de certaines espèces dans leur milieu naturel pour fournir le marché et la destruction des forêts tropicales pourraient les mettre en danger, principalement celles qui ont une faible aire de répartition.
5.2. Des mygales comme animaux de compagnie
Un nombre de plus en plus grand de personnes souhaitent élever des mygales. Cette fascination n'est pas sans risque ; la science et la médecine ne connaissent pas encore suffisamment ces petits animaux poilus et venimeux pour en protéger l'homme : les chercheurs, qui côtoient quotidiennement ces espèces animales avec précaution, ne sont pas à l'abri des gênes respiratoires ou oculaires dues aux poils urticants ou des paralysies locales à la suite de morsures.
Ces réactions, heureusement passagères, sont plus ou moins intenses selon les cas. Les réactions des mygales aux manipulations, sources de stress pour elles, sont des réactions de défense en réponse à ce qu'elles perçoivent comme des agressions. Comme il est difficile d'évaluer l'impact de leurs réactions de défense vis-à-vis de l'être humain, enfant ou adulte, il vaut mieux éviter de manipuler des mygales ou de les approcher du visage.
Par ailleurs, l'engouement pour les N.A.C., les nouveaux animaux de compagnie, qui concerne des animaux issus d'espèces sauvages, contribue à la raréfaction de ces dernières, capturées dans la nature. Les organismes de protection de la faune sauvage ont mis en place des mesures de contrôle du commerce d'un certain nombre d'espèces pour les protéger. Parmi les mygales, c'est le cas de Brachypelma (ou Euathlus) smithii, mygale originaire du Mexique, la plus couramment gardée en terrarium par les amateurs.
5.3. Les morsures et leurs effets
Seules cinq familles de mygalomorphes comprennent des espèces dont la morsure peut être incommodante : les cténizidés, les actinopodidés, les hexathélidés, les barychélidés et les théraphosidés. Les Nemesia des régions méditerranéennes et les Atypus, que l'on rencontre jusqu'en région parisienne, ne présentent pas de véritable danger, malgré leur agressivité. Quelques actinopodidés d'Amérique tropicale et du sud de l'Australie ont une morsure douloureuse. Celles des Harpactirella d'Afrique du Sud, réputées dangereuses, ne sont pas mortelles. Seules les mygales australiennes de la famille des hexathélidés sont réellement dangereuses, avec un risque mortel pour l'homme, en particulier en ce qui concerne Atrax robustus.
On ignore encore aujourd'hui tous les effets de la plupart des venins sur l'homme. Leur étude, excepté celui des Atrax, est peu développée. On sait toutefois qu'ils sont composés de nombreuses substances, principalement de toxines agissant sur les cellules nerveuses et musculaires. Certains contiennent aussi des composés provoquant des nécroses. Ces venins constituent une source potentielle de molécules nouvelles qui pourraient être utilisées dans les domaines pharmaceutiques et agronomiques. Certaines mygales des genres Atrax et Avicularia entrent déjà dans la composition de préparations homéopathiques, pour des soins aussi variés que les migraines, l'exophtalmie, les troubles nerveux...
5.4. Le poison parfois mortel des mygales australiennes
L'Australie héberge quelques étonnantes espèces d'araignées, dont des mygales particulières. La plupart d'entre elles sont agressives lorsqu'elles sont dérangées, mais leur venin n'est pas véritablement dangereux.
Il n'en est pas de même pour la redoutable Atrax robustus, espèce terricole qui vit dans la région de Sydney (à l'est de la Nouvelle-Galles du Sud [sud-est de l'Australie]), dans des forêts de types variés, principalement en région côtière. Les Australiens appellent cette mygale, qui peut former de véritables colonies, la Sydney funnel-web spider (littéralement « araignée à toile en tunnel de Sydney »).
Chez cette espèce, les mâles, très dangereux bien que de plus petite taille que les femelles – leur corps mesurant rarement plus de 2,5 cm –, sont particulièrement agressifs à l'époque de la reproduction, en fin d'été et à l'automne. Ils sont très vagabonds durant cette période, et leurs excursions à la recherche de femelles les entraînent parfois jusque dans les jardins et même les maisons, où ils peuvent se réfugier à l'intérieur des chaussures ou des vêtements. De plus, ils possèdent de puissants crochets, capables de transpercer un ongle. Le venin en coule facilement, et des gouttes sont visibles, perlant à leurs extrémités lorsque les mâles sont en position d'attaque. Leur morsure a été responsable de décès, particulièrement d'enfants.
Parmi les mammifères susceptibles d'être victimes de cette dangereuse mygale, l'homme est le plus sensible aux effets de ce venin. Le syndrome observé est de type neurotoxique et conduit en particulier à un blocage de la transmission neuromusculaire (paralysie). La gravité des morsures a conduit les chercheurs à étudier le venin avec attention et un sérum antivenin a été mis au point en 1980.
5.5. Représentée par les Nazcas
Dans la pampa du sud du Pérou, les traces d'anciens dessins gigantesques tracés sur le sol (géoglyphes) de l'époque précolombienne sont encore visibles. Cette région aride et désertique, où aucune pluie n'est tombée depuis sans doute des milliers d'années, était le domaine des Nazcas, dont on ne connaît pratiquement rien, si ce n'est ces étranges figures géométriques géantes d'animaux et de plantes tracées au sol, que l'on ne peut lire que des airs. On ignore le procédé qu'employaient les Nazcas pour leur réalisation. Des cordelettes tendues entre des pieux et vieilles de quelque 1 400 ans, retrouvées encore en place, ont sans doute servi à tracer les lignes. Le plus surprenant est que certaines de ces lignes se prolongent de façon rectiligne, sans dévier, de part et d'autre de ravins. Des sortes d'esquisses réduites ont été retrouvées à côté de plusieurs des grands dessins, et servaient peut-être de modèles pour la réalisation finale de ceux-ci.
On suppose que les Nazcas attribuaient des forces magiques aux animaux, et certains pensent que ces dessins en seraient la matérialisation. Sur près de 500 kilomètres carrés, des centaines de figurations voisinent ainsi, représentant des lignes concentriques ou simples, des oiseaux, des plantes, ainsi que des araignées. L'un de ces géoglyphes représente une mygale longue de 46 m et « dessinée » d'un seul trait.