définition

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin definitio, (de finis, « fin ») « action de fixer des limites (fines), définition ». En grec : horismos, horos.

Philosophie Antique, Philosophie Médiévale

Formule qui énonce l'essence d'un être ou d'une chose, précisant ainsi la signification du mot qui désigne cet être ou cette chose. La définition détermine la compréhension essentielle d'un concept et en délimite l'extension en fixant sa place dans une classification.

Aristote attribue à Socrate la découverte de la définition, c'est-à-dire la recherche de ce qu'est la chose (to ti estin)(1). Les dialogues de Platon fournissent plusieurs exemples de définitions élaborées par le biais de la division (diairesis) en genres et en espèces(2). Aristote, surtout, contribue à fixer le sens de la définition et la place qu'elle occupe dans la démonstration. La définition est une formule (logos) et, en tant que telle, comporte des parties(3). Elle analyse le concept pour en dégager non ce qu'il a de plus général ou d'accidentel, mais ce qui lui appartient en propre de manière nécessaire. Ainsi énonce-t-elle la quiddité (comme diront les scolastiques), ou « l'essentiel de l'essence »(4) de l'être signifié(5) : le genre proche et les différences(6). La dernière différence atteinte, celle qui permet vraiment de délimiter le concept, de circonscrire l'être à l'intérieur du genre proche auquel il appartient, coïncide en définitive avec la définition(7), par exemple l'homme défini comme « animal raisonnable ». Dans sa liste des cinq universaux, Porphyre substitue, d'ailleurs, la différence à la définition(8).

Pour Aristote et les scolastiques, on ne définit proprement un nom qu'en définissant l'objet qu'il désigne : l'idée d'une définition nominale distincte de la définition de l'essence, ou de l'être même de la chose, ne se fera jour qu'avec le nominalisme, c'est-à-dire la négation de la réalité des universaux, essence comprise.

Annie Hourcade

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Aristote, Métaphysique, XIII, 4, 1078b23.
  • 2 ↑ Platon, Sophiste, 218b-c (par exemple).
  • 3 ↑ Aristote, Métaphysique, VII, 10, 1034b20.
  • 4 ↑ Trad. J. Brunschwig de l'expression aristotélicienne to ti en einai (Aristote, Topiques, t. I, Paris, 1967, note ad 101b19, pp. 119-120).
  • 5 ↑ Aristote, Topiques, I, 8, 103b15.
  • 6 ↑ Aristote, Métaphysique, VII, 12, 1037b30 ; voir aussi Thomas d'Aquin (saint), Somme théologique, I, q. 3, a. 5.
  • 7 ↑ Aristote, Métaphysique, VII, 12, 1038a19.
  • 8 ↑ Porphyre, Isagoge, III, 4.

→ dialectique, différence spécifique, essence, genre, limite, logos, propre, quiddité

Génér, Philosophie Moderne

Proposition cherchant à délimiter l'acception d'un mot ou d'un concept.

Les logiciens de Port-Royal affirment, à la suite d'Aristote dans les Topiques, que la définition, qui consiste à se mettre d'accord sur le sens des mots employés dans une discussion, possède d'incontournables vertus de clarté : elle constitue un « remède à la confusion qui naît dans nos pensées et dans nos discours de la confusion des mots » (Logique de Port-Royal, Première partie, ch. I). Dans la même veine, Pascal cherche à « prouver tout, en substituant mentalement les définitions à la place des définis » (Esprit géométrique, édition Brunschvig, 191).

La recherche d'une telle clarté, si elle est le propre de la quête philosophique, renvoie aussi au problème du langage et de son équivocité : c'est parce que les mots peuvent être ambigus que la définition constitue comme un préalable à toute recherche de la vérité, et cette équivocité constitutive légitime en retour l'enquête philosophique. Si Wittgenstein considère que comprendre un mot, c'est savoir l'utiliser, alors le jeu philosophique doit préciser, chaque fois qu'il est en acte, ce qu'il entend par les mots qu'il emploie. Philosopher, c'est d'abord définir.

Clara da Silva-Charrak

Notes bibliographiques

  • Arnauld, A. et Nicole P., La logique ou l'art de penser, Gallimard, Paris, 1972.
  • Pariente, J.-C., L'Analyse du langage à Port-Royal, Minuit, Paris, 1985.
  • Pascal, B., De l'esprit géométrique et de l'art de persuader, Œuvres complètes, Seuil, Paris, 1963, p. 348-359.

→ langage, logique, philosophie

Logique, Philosophie Cognitive

1. Définition nominale, énoncé destiné à rendre intelligibles la signification ou l'usage d'un signe, le definiendum, à l'aide d'un ensemble d'autres signes, le definiens, dont la signification ou l'usage sont supposés déjà connus 1a) Définition explicative, assertion vraie ou fausse relative à l'usage effectif du definiendum dans une langue donnée ; les définitions du dictionnaire sont de ce type ; 1b) Définition conventionnelle, stipulation relative à la façon dont le definiendum doit être entendu ou employé dans un contexte déterminé ; les définitions abréviatives de la logique ou des mathématiques, comme celle qui définit le carré comme un rectangle équilatère, sont de ce type.
– 2. Définition explicite, énoncé qui détermine le definiendum en indiquant une expression qui lui est synonyme ou coextensive ; une telle définition peut être rédigée sur le mode objectif, en mentionnant l'objet communément désigné par les deux termes (« un carré est un rectangle équilatère »), ou sur le mode sémantique, en posant le definiendum comme synonyme du definiens ou coextensif à lui (« le terme “carré” désigne la même chose que l'expression “rectangle équilatère” »).
– 3. Définition contextuelle, ou définition d'usage, définition qui, sans proposer explicitement une expression individuelle synonyme du definiendum ou coextensive à lui, permet cependant de traduire tout énoncé dans lequel figure ce dernier en un énoncé équivalent dans lequel il ne figure plus ; la définition de la soustraction par la clause « a – b = c si et seulement si a = b + c » est de ce type ; une variété remarquable de définition contextuelle est la définition par abstraction, qui consiste à définir un concept susceptible de plusieurs déterminations (par exemple le poids, la forme, la direction, le nombre, etc.) en indiquant à quelles conditions deux objets peuvent se voir attribuer la même détermination ; la définition frégéenne(1) de la direction d'une droite (« deux droites ont même direction si et seulement si elles sont parallèles ») est de ce type.
– 4. Définition réelle, caractérisation d'un objet ou d'un ensemble d'objets par une propriété distinctive exprimée en des termes dont la signification est supposée déjà connue dans sa totalité ; la définition de l'équateur comme le plus long des parallèles est de ce type.

Dans la tradition leibnizienne, les définitions nominales, entendues comme des explicitations de la signification d'un mot, sont opposées aux définitions réelles, qui visent à déterminer l'essence de la chose désignée par le mot. Ces dernières, qui supposons la possibilité ou l'existence de la chose définie, doivent donc être étayées par des preuves ou explicitement assumées comme des postulats. Cet objectif est atteint de manière immédiate par une classe remarquable de définitions réelles, les définitions génétiques, dans lesquelles l'existence de l'objet défini résulte de la définition elle-même, laquelle s'effectue en référence au mode d'engendrement de l'objet ; ainsi du cercle, défini comme la figure obtenue par la rotation d'un segment de droite autour de l'une de ses extrémités considérée comme fixe.

Jacques Dubucs

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Frege, G., les Fondements de l'arithmétique, trad. C. Imbert, Le Seuil, Paris, 1970, §§ 64 sq.