Elizabeth Taylor
Actrice de cinéma américaine d'origine britannique (Londres 1932-Los Angeles 2011).
La carrière d’Elizabeth Taylor s’avère l’une des plus éclatantes et des plus complètes de l’histoire d’Hollywood (→ cinéma). En quatre décennies, l’actrice aux yeux « violets » est devenue une légende du cinéma, l’ultime produit de l’âge d’or des grands studios, « la dernière star » selon le titre d’une de ses nombreuses biographies.
1. Sa carrière cinématographique
1.1. Une star précoce
Fille d’un marchand d’art et d’une actrice originaires du Kansas, Elizabeth Taylor naît dans la banlieue aisée de Londres en 1932. Fuyant la guerre, la famille déménage à Los Angeles en 1939. Alors qu’elle est âgée de 9 ans, elle est poussée par sa mère, passionnée de cinéma, vers les studios Universal. Mais c’est à la Metro-Goldwin-Mayer qu’elle obtient le rôle de Priscilla pour Fidèle Lassie (1943). Le film est un succès, le chien « Pal » devient vedette et mascotte de la firme, et Elizabeth Taylor décroche ses premiers contrats.
Abonnée aux amitiés animalières, la jeune actrice obtient un premier rôle dans le Grand National (1944), aux côtés d’un cheval de course et de Mickey Rooney, autre enfant star âgé alors de 24 ans. Lors du tournage, plusieurs accidents d’équitation affaibliront sa santé à long terme. S’ensuit le Courage de Lassie en 1946, puis les Quatre filles du docteur March en 1949 où son talent s’exprime sous les traits d’une petite peste, Amy.
Contrairement à Shirley Temple, Elizabeth Taylor réussit à passer du statut d’enfant star à celui d’actrice adulte respectée. En effet, l’adolescente séduit l’Amérique et s’épanouit dans une série de rôles où elle fait preuve d’une étonnante maturité : Mon père et nous (M. Curtiz, 1947), le Père de la mariée (V. Minelli, 1950 ; elle rencontre son premier mari sur le tournage), et sa suite Allons donc, papa ! (id., 1951) ou encore Une place au soleil (G. Stevens, 1951), avec son éternel ami Montgomery Clift. C’est son premier grand rôle et le début de sa véritable carrière.
1.2. Des rôles monumentaux
Au cours des années 1950, la jeune actrice, sensuelle et talentueuse, devient incontournable. Dans Ivanhoé (R. Thorpe, 1952), grosse production en costumes et décors médiévaux, elle vole la vedette au couple formé par Robert Taylor et Joan Fontaine avec son rôle de belle captive, Rebecca, menacée de viol. Elle enchaîne ensuite les tournages sous la direction de Stanley Donen, Charles Vidor ou Richard Brooks, remplace au pied levé son modèle, Vivien Leigh, donne la réplique à Vittorio Gassman, Stewart Granger et Peter Ustinov.
En 1956, elle partage l’affiche d’une superproduction, Géant, de George Stevens, avec deux autres monuments du cinéma, James Dean et Rock Hudson. Malgré la controverse à sa sortie (le film évoque le déchirement d’une riche famille texane avec, en toile de fond, l’exploitation du pétrole), ce classique est un des plus grands succès de la Warner et reste marqué par la mort de James Dean à la fin du tournage.
Dans la foulée, elle tourne dans l’Arbre de vie (E. Dmytryk, 1957), une fresque au budget colossal sur la guerre de Sécession dans la lignée d’Autant en emporte le vent. Mais Elizabeth Taylor sait également choisir des rôles plus ambitieux, ceux de femme hyperdésirable et tourmentée, voire folle, notamment dans deux films marqués par la plume du dramaturge Tennessee Williams : dans la Chatte sur un toit brûlant (R. Brooks, 1958), elle est l’inoubliable Maggie, amoureuse du plus beau des hommes (Paul Newman), incapable de la toucher. Puis, dans Soudain l’été dernier (J .L. Mankiewicz, 1959), elle est Catherine qui joue les appâts pour attirer de jeunes hommes dans les griffes de son cousin. Elle est nommée deux fois aux Oscars pour ces personnages marquants, mais c’est avec un rôle de prostituée dans Vénus au vison (D. Main, 1960) qu’elle décroche une première statuette.
Ces succès et la célébrité de la star conduisent à un projet pharaonique piloté par la 20th Century Fox : Cléopâtre. Le film qui bat tous les records de coût à l’époque (44 millions de dollars, dont le plus gros cachet jamais accordé à une actrice : 1 million de dollars) manque de provoquer la chute de la Fox. Les catastrophes s’enchaînent : déplacement du tournage et de ses décors monumentaux de Londres (studios de Pinewood) à Rome (Cinecittà), pour son climat plus propice à la santé fragile de la star, atteinte de pneumonie. Remplacement du réalisateur (Mankiewicz revient aux manettes) et des acteurs principaux. Dans le rôle de Marc Antoine qui vit une relation complexe avec la reine d’Égypte : Richard Burton. La rencontre entre les deux stars, qui se marieront à deux reprises, va faire des étincelles et, avant même sa sortie en 1963, le film est auréolé d’un parfum de scandale.
1.3. Transformations et fin de carrière
Le couple Taylor-Burton, aux égos surdimensionnés et à la vie tumultueuse, s’illustre ensemble dans sept films associés à de grands noms (Graham Greene, Vincente Minnelli, Orson Welles ou Alec Guinness). Elizabeth Taylor commence à être marquée par l’âge, le surpoids et les excès. Elle décide d’en faire un atout en se vieillissant à outrance et en prenant 15 kilos pour incarner Martha, alcoolique et cruelle, dans Qui a peur de Virginia Woolf ? (M. Nichols, 1966). Ce rôle troublant lui vaut un second Oscar. Dans la même veine, elle est Catharina dans la Mégère apprivoisée (Franco Zeffirelli, 1967) d’après Shakespeare. La relation conflictuelle et alcoolisée du couple Taylor-Burton transparaît alors à l’écran.
Dans Reflets dans un œil d’or (John Huston, 1967) elle prolonge ce style ambigu, cette fois avec Marlon Brando. Elle retrouve Tennessee Williams pour Boom (J. Losey, 1968) et tourne dans Cérémonie secrète (id. id.) ou encore les Noces de cendre (A. Wdnesday, 1973), ses derniers rôles marquants. En effet, le public et la critique ne suivent plus. Endiamantée et ensachée dans des robes de soie, maîtrisant mal son langage, on la juge vulgaire.
Au cours des années 1970 et 1980, Elizabeth Taylor s’éloigne peu à peu des caméras et se consacre à des œuvres humanitaires, notamment pour la lutte contre le sida. Elle n’apparaît plus que dans des rôles secondaires ou des séries télévisées. Le dernier passage à l’écran du « monstre sacré » frise le ridicule dans la Famille Pierrafeu (B. Levant, 1994).
2. 2. Une vie privée… très publique
Pur produit du star-system, Elizabeth Taylor a mené, dès le plus jeune âge, une vie de cinéma, en technicolor, avec ses drames et ses passions.
Des yeux violets ? Cette légende des prunelles mauve ou améthyste tient, certes à un bleu particulier, irisé de reflets dorés, mais surtout à une particularité génétique : une double rangée de cils accentue son regard.
8 mariages, 7 maris. Célèbre pour ses mariages à répétition, Elizabeth Taylor a épousé deux fois le même homme, Richard Burton. Mariée pour la première fois à 17 ans en 1950 avec l’héritier des hôtels Hilton, Nicky, elle le quitte après quelques mois. S’ensuivent l’acteur anglais Michael Wilding (1952), le producteur Mike Todd (1957) qui décédera dans un accident d’avion en 1958 (c’est la seule union qui n’aboutit pas à un divorce), le chanteur Eddie Fisher (1959), Richard Burton (1974 et 1976), le sénateur John Warner (1976) et, enfin, l’industriel Larry Fortensky (1991). Ces unions donneront lieu à la naissance de trois enfants et à une adoption.
Taylor-Burton, couple bling-bling. Pendant 10 ans, le couple est le plus célèbre du monde. Dès leur rencontre sur le tournage de Cléopâtre, ils sont poursuivis par les paparazzi qui se délectent de cette relation adultère (ils sont tous deux mariés). Le scandale est tel que même le Pape s’en émeut. Les deux stars aux personnalités délirantes vivent une relation passionnée : Burton la couvre de fourrures et de bijoux (dont l’un des plus gros et des plus célèbres diamants du monde, le Cartier Burton, ou Taylor-Burton, 69,42 carats, qu’elle revendra ensuite pour financer un hôpital au Botswana), Taylor se fait appeler « la femme de Richard ». Mais aussi, les querelles en présence des journalistes, l’enivrement… Le couple sulfureux tourne ensemble à de nombreuses reprises et n’hésite pas à mettre en scène cette relation volcanique.
Amitiés particulières et lutte contre le sida. À de nombreuses reprises, l’actrice a entretenu de longues amitiés, voire des amours impossibles, avec des hommes qui aiment les hommes : Montgomery Clift, Rock Hudson, son deuxième mari Michael Wilding, etc. Cette proximité avec le milieu homosexuel est à l’origine de son engagement dans la lutte contre le sida, dès le début de l’épidémie. En 1985, à la suite du décès de Rock Hudson, elle prend la présidence de l’Amfar (American Medical Foundation for Aids Research) puis fonde en 1991 sa propre association, l’ETAF (Elizabeth Taylor AIDS Foundation).
Elle fut également l’amie fidèle du chanteur Michael Jackson et la marraine de deux de ses enfants.
Religions changeantes. Née dans une famille adepte de la science chrétienne (un mouvement protestant), la star se convertit d’abord au catholicisme pour son premier mariage en 1950, puis au judaïsme en 1959. Enfin, en 1998, elle adhère aux doctrines spirituelles de la Kabbale.
Santé fragile. Très jeune, Elizabeth Taylor a dû faire face à de nombreux problèmes médicaux : mal de dos récurrents suite à des accidents d’équitation, pneumonies, accouchements difficiles, problèmes cardiaques, mais aussi prises de poids fulgurantes entrecoupées de régimes draconiens, excès de médicaments antidouleurs, d’alcool, etc. Elle est décédée à 79 ans des suites d’une embolie pulmonaire.