Thabo Mvuyelwa Mbeki
Homme d'État sud-africain (Idutywa, Transkei, 1942).
1. Le dauphin désigné de Nelson Mandela
Fils de Govan Mbeki (1910-2001), un des dirigeants historiques du mouvement anti-apartheid, il milite au sein du Congrès national africain (ANC) dès l'âge de 14 ans et quitte son pays en 1962, à la demande du mouvement. Commence alors un exil de 28 années au cours desquelles, il ressort diplômé en économie de l'université anglaise du Sussex, représente l'ANC en Angleterre, au Botswana, au Nigeria et au Swaziland, devient membre du Conseil national exécutif de l'ANC (1975) puis chef du département des Affaires internationales (1989).
De retour en Afrique du Sud (1990), il participe aux négociations qui mettent fin au régime de l'apartheid, succède à Oliver Tambo au poste de président national de l'ANC (1993), et devient, après l'éclatante victoire de cette dernière aux premières élections démocratiques et multiraciales sud-africaines (avril 1994), l'un des deux vice-présidents de Nelson Mandela, avec Frederik De Klerk.
Élu à la vice-présidence de l'ANC en 1994, il apparaît de plus en plus comme le dauphin désigné de N. Mandela, qui lui abandonne propressivement la gestion des affaires courantes. Élu à la présidence de l'ANC (1997), il remplace naturellement N. Mandela à la tête de l'État en 1999, et confie le poste de vice-président à l'un de ses lieutenants, Jacob Zuma.
2. Un bilan mitigé
Soucieux de réduire les inégalités héritées du régime de l'apartheid tout en voulant améliorer son image de technocrate distant et taciturne, T. Mbeki met en place une politique de discrimination positive (affirmative action) en faveur des plus démunis, ce qui favorise l'émergence d'une bourgeoisie noire. Mais la dérégulation rapide de l'économie suite à l'adoption d'une politique économique d'orientation néolibérale contribue à faire exploser le chômage et la pauvreté. Réélu en 2004 pour un second mandat, il est de plus en plus critiqué pour sa piètre gestion des affaires internes (déni du sida, extension de la corruption et de la criminalité).
Ayant placé son premier mandat sous le signe d'une « Renaissance africaine », il renforce la visibilité de son pays sur la scène internationale, intervient en médiateur dans plusieurs conflits (Burundi, République démocratique du Congo, Côte d'Ivoire) et est l'un des initiateurs du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad).
3. Une fin de règne difficile
En décembre 2007, il brigue un troisième mandat à la tête de l'ANC. Il est battu par J. Zuma, son ancien frère d'armes (qu'il a démis de ses fonctions de vice-président en 2005, après la condamnation pour corruption de son conseiller financier et avant d'être condamné pour viol), soutenu par l'aile gauche du parti, par la Cosatu, la puissante centrale syndicale, et par le parti communiste sud-africain (SACP).
Au cours de l'année 2008, une série d'échecs (crise énergétique, flambée xénophobe à l'encontre de travailleurs immigrés zimbabwéens), et surtout, sa complaisance à l'égard du régime despotique de Robert Mugabe ruinent sa crédibilité, tant sur la scène intérieure qu'internationale. En septembre 2008, à quelques mois de la fin de son mandat, il démissionne de la présidence de la République, après avoir été désavoué par le comité exécutif de l'ANC.
Pour en savoir plus, voir l'article Afrique du Sud : vie politique depuis 1961.