ANC

sigle de African National Congress

Campagne électorale, Afrique du Sud, 1994
Campagne électorale, Afrique du Sud, 1994

Mouvement nationaliste indépendantiste d'Afrique du Sud fondé le 8 janvier 1912 à Bloemfontein sous l'appellation de South African Native National Congress (SANNC), et devenu, depuis 1994, le parti au pouvoir.

1. De 1912 à 1960

À l'origine, l'ANC est un mouvement de défense des droits élémentaires des Noirs en Afrique australe. C'est un parti de notables, surtout actif dans les ethnies Xhosas et Sothos, qui se veut strictement légaliste. À partir des années 1920, ce mouvement qui, sous la conduite de son secrétaire général E. J. Khaile se rapproche du parti communiste sud-africain (SACP), radicalise sa position et organise la lutte contre l'apartheid et pour les droits civiques des populations « non-blanches ».

En 1943, naît en son sein une « Ligue de la jeunesse », dont les principaux animateurs s'appellent Nelson Mandela et Oliver Tambo. Entrés dans les instances dirigeantes de l'ANC en 1949, ils vont donner au mouvement une impulsion de révolte et faire le choix de l'alliance avec le parti communiste sud-africain.

L'ANC, qui est à l'époque dirigé par Albert Luthuli – futur prix Nobel de la paix –, lance en 1952 une campagne de désobéissance civile. En 1955, il organise un grand rassemblement au cours duquel est adoptée la Charte de la liberté, qui deviendra le manifeste de l'opposition sud-africaine. Ses principes et ses mots d'ordre sont l'abolition de l'apartheid, l'égalité des droits pour tous, le suffrage universel. Quatre ans plus tard, les « africanistes » de l'organisation font dissidence et créent le Congrès national panafricain (Pan African Congress, ou PAC).

Le 21 mars 1960 a lieu le massacre de Sharpeville. Une grande manifestation est organisée dans cette ville pour protester contre les pass, les passeports intérieurs obligatoires pour tous les Noirs sud-africains. La police tire sans sommation sur les manifestants faisant 69 morts et près de 200 blessés. Peu après, l'ANC et le PAC sont interdits, et l'état d'urgence est proclamé.

2. Dans la clandestinité (1960-1990)

Contraint à la clandestinité, l'ANC opte alors – non sans vives discussions internes – pour la lutte armée. Il se dote d'une branche armée, Umkhonto we Sizwe (« Lance de la nation »), dont Nelson Mandela devient le commandant en chef. Les sabotages se multiplient. Mais, en août 1962, Mandela est appréhendé par les forces de l'ordre dans le Natal. Il a alors quarante-quatre ans. Il ne sortira de prison qu'en 1990, à l'âge de soixante et onze ans.

L'arrestation de Mandela et le procès de Rivonia en 1963 mettent fin à l'activité à grande échelle de l'ANC à l'intérieur du pays. Le mouvement, qui a installé son quartier général à Lusaka en Zambie, s'organise dans l'exil sous la houlette de O. Tambo. Il s'implante essentiellement dans les États de la « ligne de front » mais réussit aussi des percées diplomatiques significatives en élargissant peu à peu le nombre de ses représentations diplomatiques dans les pays occidentaux. Il devient, à l'étranger, le porte-drapeau de l'opposition extraparlementaire.

En 1976 ont lieu les émeutes de Soweto. L'ANC n'a pas piloté cette révolte, dirigée par le Mouvement de la conscience noire, mais il va accueillir les jeunes qui fuient le pays en grand nombre. Pour rester en phase avec la réalité sur le terrain, l'ANC noue des relations avec le Front démocratique uni (United Democratic Front, ou UDF) qui naît en 1983 sous l'impulsion du pasteur Alan Boesak, président du Conseil mondial des Églises réformées.

En août 1989, l'ANC présente à l'Organisation de l'unité africaine (OUA), qui l'adopte, un plan de paix qui passe par une internationalisation des négociations. Celui-ci est refusé par les autorités de Pretoria. Le régime se libéralise peu à peu. En octobre 1989, l'ANC est autorisé à tenir à Soweto son premier rassemblement et fait la preuve de sa vitalité à l'intérieur du pays. L'organisation redevient légale le 2 février 1990.

3. Au pouvoir (depuis 1994)

Un mois plus tard, Nelson Mandela, qui vient d'être libéré, est officiellement chargé d'entamer les négociations avec le gouvernement. C'est le début de la « révolution négociée », dont un des principaux acteurs est Frederik De Klerk. Son parti, le parti national (NP) et l'ANC, dont Mandela a repris le contrôle, réalisent dans les années de transition (1990-1994) une véritable cogestion ; ensemble, ils décident des modalités qui permettront les premières élections multiraciales et démocratiques d'Afrique du Sud, le 26 avril 1994.

À l'issue du scrutin, l'ANC remporte 62,6 % des voix, s'assurant ainsi une confortable majorité à l'Assemblée nationale. L'ancien mouvement de libération est devenu un parti de gouvernement, et le succès engrengé lors des deuxièmes élections multiraciales générales organisées en juin 1999 est confirmé par la désignation de son principal représentant, Thabo Mbeki (président de l'ANC depuis 1997) à la tête du pays. Sous sa direction, l'ANC affermit son assise lors des élections de 1999, et plus encore lors de celles de 2004.

3.1. Sous la présidence de Jacob Zuma (2007-2017)

Avant la fin de son second mandat, Thabo Mbeki, usé par dix années au pouvoir et critiqué pour ses méthodes autoritaires, devient de plus en plus impopulaire au sein du parti, où apparaît une mouvance favorable à Jacob Zuma.

Ce leader historique de l'ANC, vice-président en 1997, limogé en 2005 pour sa possible implication dans une affaire de corruption et de viol, retrouve, les poursuites judiciaires contre lui ayant été abandonnées, la vice-présidence de l'ANC en mai 2006. Il s'oppose alors ouvertement à Thabo Mbeki, et, avec le soutien de l'aile gauche du parti, de la Cosatu et du SACP, s'impose à la présidence en décembre 2007.

En septembre 2008 toutefois, le comité directeur de l'ANC retire sa confiance à Thabo Mbeki, l'appelant à la démission sans attendre les élections générales d'avril 2009. L'ANC remporte ces dernières (65,9 % des suffrages, 264 sièges). J. Zuma est désigné à la tête de l'État. Bien qu'il ait subi un léger effritement de ses scores (le premier depuis 1994), l'ANC conserve sa légitimité de parti de masse, notamment dans les townships et les campagnes. Ni le Congrès du peuple (COPE, fondé en novembre 2008 par les partisans du président déchu et emmené par Mosiuoa Lekota), miné par ses divisions internes, ni l'Alliance démocratique (DA) d'Helen Zille ne menacent son monopole politique à l’échelle nationale. La province du Cap-Ouest, passée à DA et majoritairement blanche et coloured (métis), est désormais considérée comme une province particulière par certains leaders de l'ANC, sans doute pour mieux dissimuler les très fortes divisions internes de l’ANC dans cette province.

En avril 2010, l’assassinat du militant raciste blanc Eugène Terre’Blanche par ses employés noirs et la réactivation par Julius Malema, leader de la Ligue de la jeunesse de l'ANC, d’un chant guerrier de la période de lutte clandestine du mouvement appelant à l’assassinat des Boers, suscitent une intense campagne médiatique qui retombe après le rappel à l'ordre de J. Malema par les leaders de l'ANC.

À la veille de la Coupe du monde de football 2010, l'ANC semble surtout disposé à engranger les dividendes politiques de cet évènement majeur, sans prêter attention aux oppositions qui contestent le coût de l’opération, l'endettement du pays et le faible impact de la politique gouvernementale sur la réduction des inégalités.

En dépit d’une certaine usure du pouvoir et de la contestation interne, J. Zuma est réélu à la présidence du parti en décembre 2012 avec 75 % des voix, devançant largement le vice-président Kgalema Motlanthe.

Le parti domine nettement les élections nationales et provinciales de mai 2014 malgré une progression de l’opposition menée par l'Alliance démocratique (89 sièges à l'Assemblée) et le premier succès électoral des Combattants de la liberté économique (Economic freedom fighters, EFF), formation dissidente créée en 2013 par J. Malema, élu député avec 24 de ses partisans. J. Zuma est reconduit à la présidence de la République.

3.2. La crise du parti et la destitution de J. Zuma

Marqué par la résurgence des affaires de corruption, par un ralentissement économique et par une aggravation de la situation sociale avec notamment une augmentation du chômage, le second mandat de J. Zuma se clôt prématurément en 2018 par une crise sans précédent du parti qui se divise et dont la base électorale commence à s’éroder comme en témoigne son recul aux élections municipales de 2016.

Réunie en décembre 2017 afin de choisir un successeur à J. Zuma dans la perspective des élections législatives de 2019, la conférence nationale de l’ANC voit s’affronter deux candidats. Ancienne présidente de la commission de l’Union africaine (2012-2017) et ex-épouse du président, Nkosazana Dlamini Zuma est soutenue par ce dernier et ses partisans ainsi que par la Ligue des femmes et celle de la Jeunesse. La plupart des fédérations du Kwazulu-Natal, du Nord-Ouest et de l’État libre se prononcent en sa faveur, tandis que celles du Cap-Nord, Cap-Ouest, Cap-Est, du Gauteng ainsi que du Limpopo se rangent plutôt derrière le vice-président Cyril Ramaphosa qui reçoit également le soutien de la Cosatu, du SACP et de la Ligue des vétérans. Cet ancien syndicaliste considéré un temps comme le dauphin de N. Mandela mais écarté au profit de T. Mbecki – devenu un prospère homme d’affaires avant de retourner à la politique en 2013  –, l’emporte sur le fil avec 2 440 voix contre 2 261 pour sa rivale.

Dans la foulée de ce congrès, le président Zuma est poussé vers la sortie par le comité exécutif du parti et accepte de démissionner en février 2018, laissant sa place à C. Ramaphosa.

Pour en savoir plus, voir les articles Afrique du Sud : histoire, Afrique du Sud : vie politique depuis 1961.

Campagne électorale, Afrique du Sud, 1994
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Campagne électorale, Afrique du Sud, 1999
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Jacob Zuma
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Nelson Mandela, en 1962, à propos de l'ANC
Nelson Mandela, en 1962, à propos de l'ANC
Rassemblement de l'ANC
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  • 1990 En Afrique du Sud, libération de N. Mandela, leader du mouvement antiapartheid ANC (African National Congress), emprisonné pendant 28 ans.
  • 1999 Afrique du Sud : le candidat de l'A.N.C. (African National Congress) Thabo Mbeki est élu président de la République.