Jacob Gedleyihlekisa Zuma
Homme d'État sud-africain (Inkandla, Natal, auj. Kwazulu-Natal, 1942).
1. La lutte armée et l’ascension au sein de l’ANC
D'ethnie zouloue, fils de sergent de police, il adhère au Congrès national africain (ANC) en 1959, un an avant l'interdiction du parti à la suite de la révolte sanglante de Sharpeville. Fin 1961, il rejoint dans la clandestinité la branche armée du Congrès – Umkhonto we Sizwe (« Lance de la nation ») –, alors dirigée par Nelson Mandela. Arrêté en 1963 et accusé de conspiration contre le gouvernement, J. Zuma est condamné à dix ans de prison, qu’il purge à Robben Island, l’île-bagne au large du Cap, où se trouve Mandela. Sorti éduqué et grandi de cette « université de rechange » (1973), il s'exile au Swaziland (1975) où il rencontre Thabo Mbeki, avant de s'installer au Mozambique (1977). Là, il prend en charge les jeunes militants sud-africains en fuite après les émeutes de Soweto, tout en gravissant les échelons de l'ANC : élu au comité exécutif en 1977, il devient, en 1984, président de la représentation de l'ANC au Mozambique. Signés la même année, les accords de Nkomati entre l'Afrique du Sud et le Mozambique le contraignent à fuir à Lusaka (Zambie), où il prend la tête des services de renseignements et de sécurité de l'ANC.
De retour en Afrique du Sud, peu après la légalisation de l'ANC (février 1990), il participe aux pourparlers de paix avec le gouvernement de Frederik De Klerk. Alors que depuis 1976, une guerre fratricide oppose au Natal les Zoulous de l'Inkatha Freedom Party de Mangosuthu Buthelezi (soutenus par la police sud-africaine) aux Zoulous de l'ANC, il est désigné par sa direction pour mener des négociations et parvient à obtenir l'accord dit de « Lower Umfolozi ».
Candidat malheureux au Natal face à l'Inkatha lors des premières élections multiraciales d'avril 1994, il est promu par N. Mandela numéro trois de l’ANC, juste après T. Mbeki, en décembre. Élu à la vice-présidence du Congrès en décembre 1997, J. Zuma en maintient l'unité entre les diverses factions et une relative cohésion entre ce dernier et ses alliés, le syndicat COSATU et le parti communiste sud-africain (SACP).
2. Vers la présidence
À l'issue des élections de 1999, marquées par la victoire de T. Mbeki, il devient vice-président de la République, son rival au Natal, M. Buthelezi, ayant refusé le poste. J. Zuma est limogé en juin 2005, en raison de sa possible implication dans une affaire de corruption et de viol. Son acquittement (lors du procès pour viol) et la suspension des poursuites (dans l'affaire de corruption) lui permettent de reprendre la vice-présidence de l'ANC en mai 2006 et de s'opposer de plus en plus ouvertement au président Mbeki. Perçu comme le candidat des masses, soutenu par l'aile gauche et l'aile jeune de l'ANC, par la COSATU et le SACP, il s'impose à la présidence du parti en décembre 2007, victoire qui lui ouvre la voie à la présidentielle de 2009. Le parquet général ayant abandonné les poursuites (pour corruption, racket, fraude fiscale et blanchiment d’argent) qui le menaçaient, J. Zuma accède à la présidence de la République à la suite des élections nationales d’avril 2009.
3. Un président controversé
Malgré plusieurs scandales de corruption atteignant son entourage politique, le nouveau chef de l’État conserve une importante popularité due en partie à ses origines et son style ainsi qu’à son charisme de « guerrier zoulou ». Si les syndicats de la Cosatu et la gauche communiste (qui participent au gouvernement) lui apportent leur soutien malgré l’orientation plutôt libérale de sa politique économique, il ne fait pourtant pas l’unanimité chez ces alliés. Au sein de l’ANC, la « Ligue de la jeunesse » finit par s’opposer ouvertement à celui qu’elle appuyait à l’origine avec ferveur, ce qui entraîne la radiation de son chef en avril 2012.
Par ailleurs, la contestation sociale qui culmine dans le massacre de Marikana en août 2012, fragilise le mandat du président qui est toutefois réélu à la tête de l’ANC en décembre 2012 avec 75 % des suffrages des délégués devant le vice-président Kgalema Motlanthe. Bien qu’affaibli, il est reconduit à la tête de l'État à la suite de la victoire de l’ANC (en léger recul) aux élections nationales de mai 2014.
Au cours de ce second mandat, son image se ternit cependant considérablement avec la renaissance des soupçons de corruption et la détérioration de la situation économique et sociale du pays. L’opposition se mobilise pour réclamer sa démission tandis que l’ANC, profondément divisé et dont la base électorale commence à s’éroder, doit se préparer aux élections de 2019. En février 2018, la nouvelle direction du parti le démet ainsi de ses fonctions.
Pour en savoir plus, voir l'article Afrique du Sud : vie politique depuis 1961.