Robert Gabriel Mugabe
Homme d'État zimbabwéen (Kutama, Rhodésie du Sud, 1924-Singapour 2019).
1. De la lutte anticolonialiste à l’accession au pouvoir
Élevé par sa mère qui a trouvé refuge dans une mission catholique, il a pour mentor un prêtre irlandais qui lui raconte comment les Irlandais ont vaillamment arraché par la lutte leur indépendance contre les Britanniques. Au cours de ses études à Fort Hare, en Afrique du Sud, il découvre le marxisme avant de devenir enseignant au Ghana. De retour en Rhodésie, il milite au sein du National Democratic Party et cofonde la ZANU (Zimbabwe African National Union) dont il devient le secrétaire général en 1963. Arrêté et emprisonné, il poursuit malgré sa détention ses études par correspondance de 1964 à 1974.
Libéré, il se rend au Mozambique, devient président de la ZANU en 1976, et forme alors avec Joshua Nkomo le Front patriotique (ZANU-PF) et anime la guérilla du Mozambique.
Rentré en Rhodésie au début de 1980, R. Mugabe est le grand vainqueur des élections de février et devient Premier ministre lors de la proclamation de l'indépendance du pays, qui prend le nom de Zimbabwe.
2. L’instauration d’un régime autocratique et nationaliste
Après avoir prôné, lors du IIe congrès de la ZANU (1984), l'instauration d'un État socialiste à parti unique, il voit son autorité renforcée par la large victoire de son parti aux élections de 1985. Élu chef de l'État en 1987, au terme d'une réforme de la Constitution, il est constamment réélu depuis. Il durcit notoirement son régime à partir de 2000, après une percée historique de l’opposition. Une politique d’« indigénisation » de l’économie aux effets pervers est alors mise en place.
En 2008, sous la pression de la communauté internationale, il accepte de partager le pouvoir avec son adversaire de toujours, Morgan Tsvangirai, à la suite de la victoire de ce dernier au premier tour de l’élection présidentielle et de son parti, le Mouvement pour le Changement démocratique (MDC) aux élections législatives. À l’issue d’élections entachées d’irrégularités mais avalisées par les observateurs de la SADC et de l’Union africaine, il est cependant réélu pour un nouveau mandat de cinq ans en 2013. Les rivalités politiques au sein de la ZANU-PF et les ambitions de son épouse dans la perspective de sa succession conduisent à sa démission sous la pression de l’armée en novembre 2017.
Pour en savoir plus, voir l'article Zimbabwe.