Jean-François de Galaup, comte de Lapérouse
Navigateur français (manoir du Gô, près d'Albi, 1741-île de Vanikoro, dans le Pacifique, 1788).
Embarqué à quinze ans (c'est lors de son entrée dans les Gardes de la marine qu'il ajoute à son nom celui de Lapérouse), Lapérouse est blessé, à dix-huit ans, dans un combat près de Belle-Île (1759). Il est emmené prisonnier en Grande-Bretagne. La paix revenue, il est promu enseigne de vaisseau en 1764. En 1782, il est chargé de ravager les établissements anglais de la baie d'Hudson.
Une importante expédition scientifique
Au lendemain du traité de Versailles (1783), Louis XVI rédige lui-même les instructions pour une entreprise qui doit parachever l'œuvre de James Cook : Lapérouse dirigera une expédition chargée de reconnaître les parties septentrionales des rivages américain et asiatique. Des astronomes et naturalistes, ainsi que des artistes peintres seront du voyage. Le 1er août 1785, les deux frégates de Lapérouse, la Boussole et l'Astrolabe, quittent la rade de Brest. Le cap Horn est franchi en février 1786.
L'île de Pâques est atteinte le 9 avril, puis, après une longue traversée vers le nord, Lapérouse fait de la « découverte à l'envers » : il s'agit surtout, en effet, de détruire certains mythes cartographiques hérités des anciens navigateurs espagnols ; plusieurs terres, qui figuraient sur les cartes vers le tropique du Cancer entre les Sandwich (Hawaii) et la côte américaine, sont rayées des cartes. Après des trocs fructueux aux îles Sandwich, c'est le départ pour la côte de l'Alaska, que l'on aperçoit vers le mont Saint-Élie. Les travaux de Lapérouse permettent de comprendre la complexité du littoral, bordé d'archipels montagneux. Depuis la Californie, une nouvelle traversée de l'océan est entreprise le 24 septembre. La position des Mariannes est rectifiée en décembre. Après des escales à Macao et aux Philippines, la partie la plus profitable de l'expédition commence, entre la Corée et le Japon ; ces régions ont bien été décrites par les jésuites, mais leur cartographie est celle de terriens : tout est à faire pour l'hydrographie marine, ce à quoi s'emploie Lapérouse d'avril à août 1787. Il franchit le détroit auquel son nom est donné, entre Sakhaline et Hokkaido, puis gagne le Kamtchatka. L'expédition repart en octobre pour le sud. Les dernières nouvelles des voyageurs seront envoyées d'Australie : en février 1788, Lapérouse annonce qu'il se propose de gagner, pendant l'été, les îles Tonga, puis les parages de la Nouvelle-Calédonie et de la Nouvelle-Guinée.
Une mystérieuse disparition peu à peu élucidée
Le mystère entourant la disparition de Lapérouse et de ses compagnons (220 hommes) est vivement ressenti par l'opinion. L'expédition de Bruni d'Entrecasteaux (1791-1793) ne trouve rien. Peu à peu, cependant, vont s'accumuler les indices d'un naufrage, auquel ont survécu des membres de l'expédition qui ont réussi à gagner la terre. En 1827, le navigateur britannique Peter Dillon localise avec certitude le lieu du naufrage de l'un des bateaux, au large de l'île de Vanikoro, dépendance des îles Salomon, dans le Pacifique Sud, et rapporte en France les premiers objets récupérés de l'expédition. Le 26 février 1828, Dumont d'Urville repère à son tour l'une des épaves (qui sera identifiée plus tard comme étant celle del'Astrolabe), dans une fausse passe de la barrière corallienne, et collecte quelques vestiges, mais doit écourter sa mission en raison de l'état sanitaire désastreux d'une grande partie de son équipage. Il faudra attendre ensuite plus d'un siècle pour que d'autres expéditions, réalisées par la Marine nationale ou par des particuliers, permettent de recueillir de nouveaux vestiges dans les fonds sous-marins, tout en poursuivant les recherches à terre. De 1962 à 1964, les recherches menées notamment par le Néo-Zélandais Reece Discombe et l'amiral Brossard aboutissent à la localisation de la seconde épave, celle de la Boussole, sur le site de « La Faille ». De 1981 à 2008, l'association néo-calédonienne Salomon, créée et présidée par Alain Conan, réalise huit expéditions de plus en plus importantes à Vanikoro. Entre autres résultats, celle de 1999 permet la découverte, à terre, des vestiges du camp où vécurent les membres rescapés de l'expédition de Lapérouse ; celle de 2003, la découverte du squelette presque complet d'un individu européen non identifié, âgé d'environ 32 ans, ayant participé à l'expédition ; enfin, celle de 2005, l'identification formelle de l'épave de la Boussole, grâce à la découverte dans celle-ci d'un sextant répertorié dans l'inventaire du matériel embarqué à bord du navire.