Jules Sébastien César Dumont d'Urville
Navigateur français (Condé-sur-Noireau 1790-Meudon 1842).
L'acquisition de la Vénus de Milo
De petite mais très authentique noblesse, Dumont d'Urville fait d'excellentes études classiques et se passionne pour la botanique. Mais il est simplement admissible au concours d'entrée à Polytechnique, en 1807. Il se découvre, par dépit, une vocation de marin. Aspirant en 1808, enseigne en 1812, il épouse en 1815 Adèle Pépin, fille d'un horloger de Toulon. En 1819 seulement, il participe à sa première véritable campagne de navigation, sur la Chevrette, chargée de relevés côtiers en Méditerranée orientale. L'année suivante, il observe la Vénus de Milo, encore pourvue, semble-t-il, de ses bras ; il contribue à emporter la décision qui permet d'acquérir le chef-d'œuvre (c'est au cours d'une rixe avec d'autres chalands que la Vénus sera mutilée...).
Dans le Pacifique, à la recherche de l'expédition de Lapérouse
Lieutenant de vaisseau en 1821, Dumont d'Urville participe enfin à une expédition lointaine : commandant en second de la corvette la Coquille, sous les ordres de son ami Louis Isidore Duperrey (1786-1865), il contribue activement au succès de l'expédition de circumnavigation entreprise et parcourt le Pacifique de 1822 à 1825, explorant les côtes de la Nouvelle-Guinée et de la Nouvelle-Zélande, les détroits de Torres et de Cook, et en ramène de très belles collections de plantes et d'animaux. Il obtient ensuite la direction d'une nouvelle mission en Océanie, qui doit notamment tenter de retrouver les restes de la malheureuse expédition de Lapérouse, disparue depuis 1788. Parti de Toulon sur l'Astrolabe le 25 avril 1826, il visite la Nouvelle-Zélande, la côte nord de la Nouvelle-Guinée, qu'il cartographie le premier, et trouve enfin les ancres et les canons de son prédécesseur, à Vanikoro (26 février 1828), l'une des îles de l'archipel de Santa Cruz, dans les Tonga : un obélisque à la mémoire de Lapérouse est élevé sur le rivage. C'est après cette importante expédition que Dumont d'Urville propose les divisions conservées aujourd'hui pour la description géographique : Polynésie, Micronésie, Malaisie et Mélanésie. À son retour, malgré sa nomination au grade de capitaine de frégate (1829), il se juge mal récompensé pour une expédition dont il trouve les résultats immenses. La révolution de Juillet est pour lui une sorte de revanche, et il se charge bien volontiers de convoyer vers l'Angleterre Charles X et sa famille.
En Antarctique, la découverte de la terre Adélie
En 1836, Louis-Philippe lui confie une nouvelle expédition en Océanie, avec pour tâche complémentaire de pousser une pointe vers le pôle austral. Malgré l'opposition d'Arago, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, il part de Toulon avec Jacquinot en septembre 1837, avec l'Astrolabe et la Zélée. Son voyage dure plus de trois années : en janvier 1838, il atteint 65° de latitude, au sud des Orcades du Sud, puis sillonne en tous sens le Pacifique. Le 1er janvier 1840, il pique de nouveau vers le sud ; le 14 janvier, le continent Antarctique est aperçu. On réussit à y débarquer le 21 janvier 1840 ; un drapeau tricolore est planté, et le pays nommé terre Adélie, en l'honneur de Mme Dumont d'Urville. On découvre aussi les terres Louis-Philippe et Joinville. L'expédition est de retour à Toulon le 6 novembre 1840. Nommé contre-amiral, le navigateur commence la relation de son voyage. Le 8 mai 1842, il se rend à Versailles par le tout nouveau chemin de fer pour assister au spectacle des Grandes Eaux avec sa femme et son jeune fils. Tous trois trouveront la mort au retour, lors de la première grande catastrophe ferroviaire.