Giacomo Puccini

Giacomo Puccini
Giacomo Puccini

Compositeur italien (Lucques 1858-Bruxelles 1924).

Continuateur de la tradition incarnée par Giuseppe Verdi, Giacomo Puccini introduisit en même temps un climat harmonique et dramatique qui renouvela la conception de l'opéra italien. Inflexible envers ses librettistes, il créa plusieurs des plus grands rôles d'héroïnes lyriques.

L'entrée sur la scène lyrique italienne

Cinquième et dernier représentant d'une famille de musiciens où l'on était organiste de père en fils, le jeune Giacomo perd son père en 1864. Il fait ses premières études au séminaire, puis entre à l'Institut musical Pacini de Lucques en 1874 ; il y compose Prélude symphonique (1876). Impressionné par l'Aïda de Verdi, qu'il entend à Pise, il découvre sa vocation pour le théâtre lyrique. Boursier de la couronne au conservatoire de Milan, il en sort diplômé en 1883. Le modernisme de sa composition, dû notamment à un sens inné de la scène et à un art très personnel de manier les voix, apparaît dès son premier opéra, en un acte, le Villi (1884), inspiré en partie de Théophile Gautier. Il attire ainsi l'attention et la bienveillance de l'éditeur Giulio Ricordi (1840-1912), qui lui propose un contrat pour un nouvel opéra : ce sera Edgar (d'après Musset), qui n'obtient à Milan, en 1889, qu'un succès d'estime, mais qui est mieux accueilli à Ferrare en 1892.

À cette époque, Puccini a une vie sentimentale agitée, en raison de sa liaison avec la femme d'un de ses amis, Elvira, qu'il ne pourra épouser qu'en 1904. Après avoir vu Sarah Bernhardt jouer la Tosca de Victorien Sardou en 1889, il s'était enflammé pour le sujet de ce mélodrame, mais il ne peut alors en obtenir les droits.

Des opéras de légende

Fixé à Torre del Lago, près de Lucques, Puccini reprend à son compte un thème qui a si bien réussi à Massenet et, au terme de longs démêlés avec plusieurs librettistes, il crée Manon Lescaut à Turin en 1893. Puis, avec la Bohème (d'après Henri Murger), créée à Turin en 1896 sous la baguette de Toscanini, Puccini enrichit le répertoire lyrique d'un de ses ouvrages les plus populaires – alors qu'au début l'écriture harmonique, souvent audacieuse, dont il fait preuve soulève la controverse en pleine époque postromantique. Ayant enfin acquis les droits pour Tosca, Puccini peut se mettre à la composition de cet opéra, qui est créé à Rome en 1900 et qui part aussitôt à la conquête du monde.

Après avoir traité cinq sujets d'inspiration française, Puccini va explorer la voie de l'exotisme. À Londres, il découvre un drame adapté d'une nouvelle de l'écrivain américain John Luther Long (1861-1927). Il en tire l'argument de Madame Butterfly, l'œuvre du retour à l'intimisme et au lyrisme ; victime d'un grave accident d'automobile, il ne peut la présenter qu'en 1904, pour constater qu'elle ne séduit pas le public milanais. Le Far West, ensuite, sert de toile de fond à La Fanciulla del West, qui triomphe au Metropolitan Opera de New York en 1910, avec Toscanini au pupitre et le ténor Caruso comme tête d'affiche. Pour son dernier grand opéra, Turandot, Puccini emprunte son sujet à un conte oriental, en lui donnant une résonance universelle. Mais, atteint d'un grave abcès à la gorge, il se rend dans une clinique de Bruxelles pour subir une intervention, qui échoue. L'œuvre, terminée par son ami Franco Alfano (1875-1954), sera créée à Milan en 1926.

Le legs puccinien

L'auteur de la Bohème est rattaché, contre son gré, au vérisme, qui trouve son origine dans un courant de la littérature issu du naturalisme à la française. Les situations et les sentiments y sont ceux de la vie en général, y compris sous ses aspects triviaux. Mais Puccini est avant tout un maître des effusions lyriques, qui n'auront pas l'heur de plaire à des compositeurs comme Debussy ou Fauré. D'autres, en revanche, tels que Mahler et Ravel, avoueront l'admiration que leur inspirent ses innovations dans le domaine de la partition orchestrale, axée sur l'individualité des timbres et la prédominance des cordes.

Son sens de la dramaturgie, dont témoigne l'extrême concision de ses livrets, préserve Puccini des excès propres au romantisme et au vérisme. En outre, sa conception de l'opéra le pousse à adopter le procédé – alors récent – de la mélodie continue, en éliminant les airs séparés. Ses « grands airs » s'insèrent dans le discours musical quand ils sont indispensables à l'action, mais ils se font de plus en plus rares au fur et à mesure de l'évolution du compositeur, qui s'éloigne ainsi des canons du bel canto.

L'opéra préféré du maître

Madame Butterfly est l'opéra « le plus sincère et le plus évocateur que j'aie jamais conçu », confia Giacomo Puccini. À sa manière, celui-ci y traite le thème de la rencontre entre l'Orient et l'Occident à travers les amours trahies de la jeune geisha Cio-Cio-San, dite Madame Butterfly, qui s'est éprise d'un officier de marine américain et a eu un fils de ce dernier. Elle se donnera la mort avec un poignard sur lequel est inscrit : « Qui ne peut vivre dans l'honneur doit mourir avec honneur. »

On peut voir dans ce drame très psychologique la réminiscence de l'histoire, bien connue au Japon, d'une autre geisha, Okichi Saito (née en 1841), qui avait dû faire le sacrifice de son honneur à l'époque où le Japon était sous emprise américaine. On peut aussi en tirer une leçon qui vaut pour tous les pays et pour toutes les époques : les enfants nés de liaisons éphémères avec les soldats d'une armée d'occupation connaissent un sort souvent difficile et parfois tragique.