Ferdinand Foch
Maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne (Tarbes 1851-Paris 1929).
Généralissime des armées alliées pendant la Première Guerre mondiale, promu maréchal de France après les avoir conduites à la victoire de 1918, Ferdinand Foch incarna la tradition militaire française dans toute la grandeur et la noblesse du terme.
L'élève officier
Né dans une vieille famille du Comminges, Ferdinand Foch a pour grand-père maternel le capitaine Dupré, qui avait fait toutes les campagnes de la Grande Armée. Fils de fonctionnaire, il va de collège en collège au gré des mutations de son père et, à Saint-Étienne, il est élève des jésuites. En 1869, il se rend à Metz, pour préparer son entrée à l’École polytechnique. Lorsque la guerre franco-allemande est déclarée, c’est dans cette ville que Napoléon III vient prendre le commandement des armées. Foch s’engage dans un régiment d’infanterie.
Sorti de Polytechnique en 1873, dans l’artillerie, Foch termine à Fontainebleau sa formation d’officier. Nommé lieutenant, puis capitaine, il entre, en 1885, à l’École supérieure de guerre, d’où il sort dans les premiers. Il est lieutenant-colonel lorsqu’il y revient, en 1895, en qualité de professeur d’histoire militaire et de tactique générale. Pour d’obscures raisons politiques, il est obligé d’en partir en 1901. Il expose alors ses idées dans deux ouvrages : Principes de la guerre (1903) et Conduite de la guerre (1904). En 1907, c’est lui que Clemenceau va choisir pour diriger l’École de guerre, avec le grade de général. De ce jour, une estime et une amitié réciproques vont lier les deux hommes, malgré toutes leurs divergences d’opinions – tenant en particulier à la religion.
Le chef des armées alliées
Au mois d’août 1913, Foch prend le commandement du 20e corps d’armée, stationné à Nancy. Il y apprend la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France et reçoit mission d’assurer la couverture d’un vaste front pour laisser aux armées le temps d’opérer leur concentration. Le 29 août 1914, il est appelé par Joffre à la tête de la IXe armée. Son rôle est de maintenir inviolé le centre du dispositif allié. Foch, lançant la contre-attaque dans les marais de Saint-Gond, contribue de manière décisive à la victoire de la Marne. Désormais adjoint de Joffre, il coordonne les efforts des armées françaises, britanniques et belges dans les opérations de « course à la mer ». Commandant du groupe d’armées du Nord, il préside, en 1915, aux offensives en Artois, puis, en 1916, il dirige la bataille de la Somme qui permettra de soulager le front de Verdun.
En 1917, Foch, désormais chef d’état-major général, est envoyé en Italie, où il rétablit la situation après le désastre de Caporetto (octobre). À son retour, il est nommé président du Conseil suprême de guerre interallié, créé à Versailles afin de mieux coordonner les efforts des Alliés. Il y fait admettre son plan, qui doit aboutir à la création d’un commandement unique. Au lendemain de la puissante offensive allemande de mars 1918 sur la Somme, Foch est effectivement désigné comme généralissime de toutes les armées alliées combattant sur le front occidental (conférence franco-britannique de Doullens [26 mars]), puis sur tous les fronts. Il a alors autorité sur les commandants en chef britannique (Douglas Haig) et français (Pétain). La contre-offensive qu’il déclenche en Champagne, le 18 juillet 1918, prélude à l’offensive générale, qui mène à la capitulation de l’armée allemande et à l’armistice que Foch signe le 11 novembre.
Le maréchal de trois pays
« Vous avez gagné la plus grande bataille de l’histoire et sauvé la cause la plus sacrée : la liberté du monde. Soyez fiers ! » dit Foch à ses soldats victorieux. Lui-même reçoit le bâton de maréchal de France des mains du président Poincaré dès le 6 août 1918. Au lendemain de la victoire, il est également élevé à la dignité de maréchal par la Grande-Bretagne et par la Pologne – qui lui déclarera lui devoir son existence. Cette même année 1918, Foch est élu à l’Académie française et, en 1919, il devient président du Conseil supérieur de la guerre. Il aura des obsèques nationales. Ses Mémoires paraîtront en 1931.
La vie d'un général en guerre
À son état-major, Foch imposa une discipline de vie qui n’admettait aucune entorse. Il consacrait généralement la matinée au travail sédentaire. Pour le déjeuner, il réunissait à sa table ses principaux officiers et ses collaborateurs les plus proches. Il conservait son calme, quelle que soit la gravité de la situation. Le repas terminé, il faisait une promenade, dès lors qu’aucune inspection n’était requise.
L’ordinaire reprenait son cours jusqu’au dîner qui durait de 19 à 20 h. À ce moment arrivaient les rapports de fin de journée. Le général exigeait d’être très exactement renseigné. Ensuite, il donnait ses ordres et établissait ses prévisions pour le lendemain. À 23 h précises, il se retirait. Pensant sans cesse aux souffrances du champ de bataille, Foch savait qu’il tenait en main la vie de millions d’hommes et que la moindre erreur de sa part entraînerait des sacrifices inutiles (« C’est dur de voir tomber tant d’hommes, sacrifices sanglants et cruels. Plus ils sont cruels, plus ils créent ce devoir impérieux de ne pas être vains »).