Charles Ier
(Dunfermline, Écosse, 1600-exécuté à Whitehall, Londres, 1649), roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande (1625-1649), second fils de Jacques Ier et d'Anne de Danemark.
1. Sous l'influence du duc de Buckingham
1.1. La guerre contre l'Espagne
La mort de son frère aîné Henri, en 1612, fait de lui l'héritier présomptif des deux royaumes d'Écosse et d'Angleterre. Sur les conseils de Buckingham, devenu aussi influent sur lui que sur son père, il va en Espagne en 1623 pour y obtenir la main de l'infante Marie, fille de Philippe III ; mais ce mariage, impopulaire aux yeux d'une opinion anticatholique, échoue, et le prince et le favori rentrent en Angleterre décidés à se tourner du côté de la France. Devenu roi en 1625, Charles Ier continue la guerre qui vient de s'engager contre l'Espagne, et épouse la princesse française Henriette-Marie, fille du roi de France Henri IV, tandis que Buckingham demeure tout-puissant. Mais les opérations militaires révèlent la désagrégation de la puissance anglaise (défaite de Cadix, 1625). Le roi et Buckingham se brouillent avec la France et subissent de nouvelles humiliations (défaite de l'île de Ré, 1627).
1.2. En lutte contre le Parlement
Pendant ce temps, l'évolution de la guerre de Trente Ans, défavorable aux protestants, rend de plus en plus problématique la restauration du beau-frère du roi, l'Électeur palatin. Les dépenses du royaume, multipliées par les guerres et les dilapidations des courtisans, accroissent les besoins d'argent. L'impopularité de Buckingham atteint au paroxysme.
Dans ce climat de mécontentement, les Parlements successifs résistent aux exigences royales. L'opinion réclame le respect des libertés traditionnelles et des précisions légales sur les limites de la prérogative royale. Sous l'impulsion d'Eliot, le Parlement remet au roi, en 1628, la pétition des Droits. Celle-ci limite sévèrement la prérogative royale. Le roi fait mine de l'accepter, mais il s'empresse de ne pas la respecter et renvoie le Parlement en 1629. Alors commencent les onze années de gouvernement absolutiste que les Anglais appelleront la « longue tyrannie ».
2. Onze années d'absolutisme (1629-1640)
Le roi a perdu Buckingham, assassiné en 1628, mais il a trouvé de nouveaux conseillers : la reine, dont le catholicisme et l'entêtement borné multiplient les ennemis ; Laud et surtout Wentworth. Celui-ci, plus tard lord Strafford, préconise une politique sans compromis. Devenu ministre principal, il impose obéissance à l'Angleterre, faisant interpréter abusivement les lois, même périmées, pour obtenir de l'argent, et poursuivant les opposants comme Hampden. Il met aussi de l'ordre en Irlande, où il réussit à lever l'argent et les troupes dont le roi a tant besoin.
De son côté, Laud impose une rigide observance du culte anglican interprété dans le sens « épiscopaliste » : non content de persécuter les puritains anglais, il décide, en 1637, d'étendre à l'Écosse (en majorité presbytérienne) la liturgie anglaise. Charles Ier appuie l'entreprise de Laud, sans avoir pris la précaution de s'entendre avec les féodaux écossais. La réaction ne tarde pas, à la fois nationale et religieuse. L'Écosse presbytérienne s'unit par le Covenant de 1638 pour défendre ses libertés. Pris de court par la révolte écossaise, le roi rassemble péniblement une armée médiocre (1639), qui se désagrège dès les premiers combats. Contrairement à l'espoir de Charles Ier, l'Angleterre ne bouge pas, son mécontentement envers le gouvernement surpassant son hostilité traditionnelle envers l'Écosse.
3. La première révolution d'Angleterre (1642-1649)
Acculé par le manque d'argent, Charles Ier se résigne, en avril 1640, à convoquer un Parlement. Celui-ci, le « Court Parlement », comme les précédents favorable aux presbytériens, refuse d'aider le roi avant qu'il ait accordé des garanties. Il est presque immédiatement dissous. Mais les Écossais, qui ont établi des contacts avec les parlementaires anglais, continuent d'avancer. Débordé, le roi appelle en novembre 1640 un nouveau Parlement, le « Long Parlement ». Les mêmes scènes se répètent. Mais le roi ne se sent plus les moyens de résister et, une à une, il se laisse arracher les concessions, espérant toujours pouvoir les reprendre ultérieurement. Il abandonne ainsi Strafford, qui est jugé par le Parlement, condamné à mort et exécuté (1641).
La même année éclate en Irlande une révolte, à la fois jacquerie et réaction nationale. Charles Ier est soupçonné de l'avoir favorisée par ses complaisances envers les catholiques. Le Parlement durcit son attitude et sa direction passe aux mains des puritains les plus rigides, en particulier de Pym. Ses exigences s'accroissant en même temps que sa méfiance envers le roi, celui-ci finit par rompre, entraînant avec lui bon nombre de royalistes modérés (1642). La première guerre civile commence, qui aboutit à une révolution. L'armée royale est écrasée à Naseby (1645) et Charles Ier se rend aux Écossais (1646). Intriguant auprès des divers partis, il ne réussit cependant à s'entendre avec aucun.
Livré au Parlement anglais, il s'évade en 1647, déclenchant une seconde guerre civile, terminée par le rapide triomphe de l'armée « nouveau modèle », dominée par Cromwell et ses indépendants. Celle-ci démêle une situation inextricable par un coup de force. Contraignant le Parlement à s'épurer de tous ses éléments non sûrs, elle obtient de ses restes (le « Parlement croupion ») la mise en jugement du roi, qui est condamné à mort et exécuté (janvier 1649). La mort du roi laisse la place au Commonwealth, en attendant le gouvernement personnel de Cromwell.
Pour en savoir plus, voir les articles Grande-Bretagne : histoire, première révolution d'Angleterre.