jeux du cirque

Rome, le Colisée
Rome, le Colisée

Dans l'Antiquité, compétitions sportives ou dramatiques, de caractère liturgique à l'origine, et qui se déroulaient en présence de la foule.

ANTIQUITÉ

Les origines

Très populaires en Grèce, les jeux publics, auxquels prenaient part des représentants des cités, étaient à l'origine des concours athlétiques (lutte, course, pugilat, disque, courses de chars, etc.), auxquels s'ajoutèrent plus tard des concours musicaux et poétiques. Les plus célèbres étaient les grands jeux d'Olympie, de Delphes, de Némée, de l'Isthme. Ils avaient toujours lieu en l'honneur d'un dieu.

Pour en savoir plus, voir l'article jeux olympiques de la Grèce antique.

Les spectacles préfigurant ceux du cirque ont lieu en Grèce et en Crète dans des amphithéâtres et des stades. Chez les Romains, ils n'ont pas d'abord de cadre fixe, et ils se déroulent sur les grandes places ou sur de vastes terrains, jusqu'à ce que Tarquin l'Ancien fasse construire des enceintes. Le public s'y tient d'abord debout, puis sont élevés des gradins.

Les jeux étaient l'accompagnement ordinaire des fêtes, des célébrations d'anniversaires, des funérailles, etc. Ils étaient offerts par des particluiers ou au nom de l'État, mais en grande partie à leur frais par les édiles, puis par les prêteurs. C'est au ive siècle av. J.-C. qu'ils furent introduits d'Étrurie à Rome

Le terme générique de jeux du cirque désignait divers spectacles et compétitions dont les plus anciens furent notamment la course de chars et le pugilat. L'origine de ces jeux remonte à l'un des premiers épisodes de l'histoire de Rome : selon la tradition, Romulus les institua pour attirer les peuples voisins – et leurs femmes, les Sabines – et procurer ainsi des épouses à ses compagnons...

Par la suite, le cirque fut affecté à de grands spectacles guerriers, occasions pour les généraux triomphants et les princes démagogues de s'attirer la faveur des foules : véritables institutions, les jeux contribuaient à intégrer la plèbe à la cité romaine. On ne manquait pas, avant de commencer, de satisfaire au culte public par une procession (la pompa). Le point culminant de ce défilé-procession était la course de chars attelés de deux, quatre chevaux ou plus. On reconstituait également des scènes de bataille, avec cavalerie et infanterie, sortes de grandes manœuvres à l'intérieur du cirque.

Les jeux comportaient aussi des scènes de chasse (combats d'animaux) et des luttes entre gladiateurs.

Les jeux du cirque à Rome

Le cirque antique

Destiné à la célébration de jeux et spectacles publics, le cirque est un vaste édifice allongé dont la conception fut empruntée à l'hippodromegrec ; il ne doit pas être confondu avec l'amphithéâtre rond où se déroulaient les combats de gladiateurs.

Chez les Romains, les plus anciennes enceintes remontent à Tarquin l'Ancien. Les villes importantes avaient leur circus  : piste sablée, allongée, propre aux courses, divisée par une épine architecturale (un mur bas) ornée de statues et de colonnes. C'est en 329 avant J.-C. que furent aménagés les carceres, boxes où les chars attendaient le départ. Le cirque de Maxence, construit près de la voie Appienne, est le seul dont il subsiste des ruines importantes.

Rome ne compta pas moins de douze cirques, dont le plus ancien, le Circus Maximus, ou Grand Cirque, remonte à l'époque des rois. Un grand portique à trois étages, que rythmaient quatre tours, supportait les gradins où, après les travaux que firent effectuer Jules César et Auguste, plus de 150 000 spectateurs pouvaient trouver place. Deux loges spéciales furent aménagées dans ces gradins : une pour l'empereur (le pulvinar, ou loge impériale, édifiée par Auguste), et une autre réservée au mécène qui finançait les jeux. L'intérieur de l'enceinte était occupé par une arène de 634 m de long : un mur peu élevé, l'épine (la spina), orné d'obélisques, de statues et d'un portique, la coupait en deux dans sa longueur, déterminant ainsi une piste allongée où s'élançaient les chars. À son extrémité arrondie l'enceinte du cirque abritait les écuries et les remises, tandis que l'autre s'ornait de la porte triomphale, réservée à la sortie des vainqueurs. Après le grand incendie de 64 apr. J.-C., qui exigea une nouvelle reconstruction, Néron porta la capacité des gradins à 250 000 places.

D'autres villes de l'Empire romain eurent aussi leur cirque : en Gaule, surtout, Arles et Vienne en gardent des vestiges.

Les jeux du cirque

Les courses de chars

Le cirque eut toujours pour destination première les courses de chars, qui déchaînaient les passions et suscitaient des paris importants. Les chars, attelés à deux ou quatre chevaux, couraient généralement par quatre, avec une fureur telle que la compétition n'était pas sans danger. Les cochers étaient organisés en quatre factions, ou écuries : la blanche, la rouge, la bleue et la verte, ces deux dernières étant les plus importantes. Dans une Rome muselée par la dictature impériale, la popularité de ces factions enflamma des rivalités, provoquant de violentes émeutes. Plus d'un prince, saisissant l'importance de ce dérivatif, encouragea cette passion : Caligula fréquentait les cochers, Vitellius punissait ceux qui calomniaient son écurie favorite.

Les combats de gladiateurs

Les jeux de gladiateurs étaient au début des substituts aux sacrifices humains pratiqués sur les tombes des grands personnages. C'est en 264 av. J.-C., aux funérailles de Junius Brutus, que sont donnés à Rome les premiers combats de gladiateurs (trois couples). Ce n'est qu'un siècle et demi plus tard qu'ils sont admis à figurer dans le programme des jeux publics, et, en 29 av. J.-C., Statilius Taurus fait élever le premier édifice en pierre à cet usage, l'amphithéâtre.

Les grandes familles et des entrepreneurs de spectacles entretiennent des troupes dans des écoles (ludi) et les louent. À ces gladiateurs professionnels et volontaires s'ajoutent des prisonniers de guerre et des condamnés à mort. Sous l'Empire, les gladiateurs sont des athlètes admirés; leur armement et leur costume distinguent les catégories de combattants. Certains sont armés légèrement, d'un petit bouclier et d'une épée (les « poursuivants », ou secutores), ou d'un simple filet plombé (les retiarii). D'autres, lourdement armés, les mirmillons, les Samnites, les Gaulois, les Thraces, empruntent leur armement aux plus farouches ennemis de Rome dans son histoire. Certains combattent en char (essedarii). Ils s'opposent par couples ou par groupes toujours équilibrés.

Les gladiateurs apparaissaient néanmoins dans le cirque à l'occasion des chasses (venatio) : là, des hommes appelés « bestiaires » affrontaient à pied ou à cheval des bêtes féroces, fauves, éléphants, taureaux, pour la grande joie du public. Plus tard, des empereurs qui voulaient se montrer généreux associèrent le public aux parties de chasse : chacun était invité à descendre dans l'arène, transformée en forêt pour l'occasion, et à s'emparer du gibier abondant et inoffensif qu'on y avait lâché.

Les naumachies

À Rome, les naumachies, combats navals, avaient lieu d'abord dans le cirque ou dans l'amphithéâtre dont on transformait l'intérieur en lac en y amenant l'eau du Tibre ou des aqueducs. César fut le premier à faire creuser un bassin spécial pour ce genre de spectacles. Auguste fit établir un nouveau bassin le long du Tibre et l'entoura de plantations. De nouvelles naumachies furent établies par ses successeurs, mais la plus célèbre fut celle qu'érigea Domitien. Elle était entourée d'une construction disposée en gradins pour servir de sièges aux spectateurs. Le lac Fucino servit aussi plusieurs fois, notamment sous Claude, à ce genre de spectacles.

Les combattants qui figuraient dans les naumachies étaient des prisonniers de guerre ou des criminels condamnés à mort, ou encore des gladiateurs. Les navires formaient deux escadres, et l'on désignait chacune d'elles par le nom de quelque nation maritime. Les Romains déployaient dans les naumachies la même pompe et le même luxe que dans les autres jeux du cirque. On y voyait nager soit des « monstres marins », soit des jeunes femmes qui figuraient des Néréides. Dans une naumachie donnée par Claude sur le lac Fucino, on aurait compté pas moins de 100 navires et 19 000 combattants !

La fin des jeux

Tandis qu'à Rome le public se désintéresse peu à peu des courses de chars, à Byzance, dans la partie orientale de l'Empire, l'hippodrome reste un centre de vie. Le même phénomène des rivalités suscitées par les courses y apparut à un autre niveau : les factions devinrent de véritables partis, et le cirque un lieu d'expression politique. Mais les jeux du cirque, en ce qu'ils avaient de spécifiquement romain, furent mis en cause par les progrès du christianisme dans l'Empire, notamment à partir de Constantin (début du ive siècle). Un édit de l'empereur d'Occident Honorius interdit, au début du ve siècle, les affrontements entre gladiateurs, qui furent remplacés par la présentation de « numéros sensationnels » : éléphants funambules, taureaux équilibristes, etc. Ce n'est cependant qu'avec la conquête de Constantinople (l'ancienne Byzance) par les croisés, en 1204, que les courses de chars disparurent.