la Bastille
Forteresse parisienne qui servit longtemps de prison d'État.
De la forteresse…
La Bastille était le principal ouvrage défensif de l'enceinte de Charles V, à l'Est de Paris. Commencée par Étienne Marcel, agrandie par Hugues Aubriot (première pierre le 22 avril 1370), la forteresse fut terminée en 1382.
Élevée sur un vaste rectangle (66 m sur 30), entourée de fossés, elle comportait quatre tours, puis huit, hautes de 23 m. Elle fermait la rue Saint-Antoine, qui la contournait par le nord pour atteindre la porte Saint-Antoine, reconstruite au xive siècle. L'entrée se trouvait au sud.
Des bastions furent ajoutés sous Henri II et un corps de logis en 1761.
…à la prison d'État
Citadelle militaire (en 1652, la Grande Mademoiselle utilisa ses canons pour protéger la retraite de Condé dans Paris), la Bastille devint prison d'État sous Louis XIII.
Elle pouvait recevoir 42 prisonniers, logés séparément et fort bien traités (citons Bassompierre, Nicolas Fouquet, la marquise de Brinvilliers, Lally-Tollendal, Voltaire, Latude, Sade).
Les détenus y étaient envoyés sur lettre de cachet, ceci afin de protéger leur honneur ; mais, de ce fait, la Bastille devint symbole de l'arbitraire royal.
La prise de la Bastille
En 1789, la prise de la Bastille est provoquée par la concentration des troupes royales autour de Paris et de Versailles et, surtout, par le renvoi de Necker (11 juillet).
La nouvelle, connue à Paris le 12, provoque la fermeture de la Bourse, tandis que des orateurs improvisés – tel Camille Desmoulins au Palais-Royal – annoncent une « Saint-Barthélemy des patriotes ».
L'émeute grandit alors (heurt avec la cavalerie place Louis-XV, incendie des postes d'octroi, etc.) et les gardes-françaises se joignent à elle. Le 13, la foule, craignant à la fois les troupes royales et les brigands, s'arme de piques.
Les électeurs du tiers état organisent un comité permanent à l'Hôtel de Ville et une milice bourgeoise pour maintenir l'ordre. Afin d'armer la milice, 32 000 fusils sont pris aux Invalides (le 14 au matin), d'autres sont demandés à Launay, gouverneur de la Bastille, qui ne dispose que de 30 Suisses et de 80 invalides. Il refuse, mais abandonne à la foule les cours avancées, puis commet l'erreur de faire tirer sur elle.
Un premier assaut coûte une centaine de morts aux assaillants, mais les gardes-françaises du sous-officier Hulin et du lieutenant Élie, amenant des canons pour briser les portes du pont-levis, Launay capitule. Il est massacré avec trois officiers, trois soldats et le prévôt des marchands, Flesselles. La Bastille ne contenait que sept détenus, quatre faussaires qui furent réincarcérés, deux fous et un jeune noble débauché. Événement médiocre en lui-même, la prise de la forteresse obligea Louis XVI à renvoyer les troupes le 15, à rappeler Necker le 16 et à venir officiellement à Paris le 17 pour sanctionner les faits accomplis.
Elle provoqua d'autre part, en province, une double révolution municipale et paysanne (→ la Grande Peur), tout en donnant désormais à Paris le rôle directeur dans la conduite de la Révolution.
La Bastille fut rasée en 1790. Des maquettes, sculptées dans ses pierres, furent envoyées dans tous les départements ; d'autres pierres servirent à la construction du pont de la Concorde. Enfin, la chute de la prison d'État fut, après coup, saluée comme la victoire de l'insurrection populaire sur l'arbitraire royal. C'est pourquoi le 14 juillet fut choisi comme fête nationale de la France par la IIIe République, en 1880.
Pour en savoir plus, voir l'article Révolution française.
La place de la Bastille
La place de la Bastille s'étend en partie sur l'emplacement de la forteresse. C'est le principal carrefour du sud-est de Paris. La colonne de la Bastille, ou colonne de Juillet, est dédiée aux victimes des Trois Glorieuses de juillet 1830.
L'édifice de l'Opéra (de la) Bastille, construit au sud-est de la place, a été inauguré en 1989.