télévision
(anglais television)
Application de ce procédé pour la transmission au grand public de programmes visuels, avec les sons associés, ou dans le domaine industriel, scientifique, médical.
TECHNIQUE
La transmission des images et des sons
Le mot « télévision » évoque d'abord la diffusion d'émissions par ondes hertziennes ou leur distribution par câble. Or, cette technique permet aussi soit de visualiser instantanément une image sur un écran, soit de la transmettre à distance, soit encore de l'enregistrer sur une bande magnétique. La télévision trouve ainsi de nombreuses applications telles que la télésurveillance : surveillance à distance de travaux ou de manœuvres (plates-formes pétrolières en mer), de locaux (banques), d'espaces extérieurs (pistes d'aéroport), et la télécommunication : transmission d'images issues de milieux inaccessibles (certaines interventions chirurgicales, travaux effectués à des températures élevées ou sous atmosphère hostile), etc.
La chaîne d'opérations nécessaires à la radiodiffusion de la télévision doit assumer trois fonctions : la production (c'est-à-dire la fabrication) du programme, rôle dévolu au centre de production ; la diffusion vers les téléspectateurs, assurée soit par réseau terrestre, soit par satellite ; la réception, qui consiste à transformer l'onde hertzienne reçue en images et en sons.
Dates clés de la télévision
DATES CLÉS DE LA TÉLÉVISION | |
Première démonstration de télévision en couleurs par le Britannique John Logie Baird. | |
Le Français René Barthélemy fait la première démonstration publique de son système de télévision à 180 lignes. | |
L'Américain Vladimir Zworykin présente son iconoscope, qui permet d'analyser une image selon un balayage de 450 lignes. | |
Premier reportage télévisé en direct, lors de l'Exposition internationale, à Paris. | |
Diffusion depuis la tour Eiffel d'émissions régulières de télévision (455 lignes). | |
La Columbia Broadcasting System (CBS) fait à Paris une démonstration de télévision en couleurs. | |
Retransmission dans cinq pays du couronnement de la reine d'Angleterre Élisabeth II. | |
Présentation du magnétoscope par la société américaine Ampex. Brevet du procédé de télévision en couleurs SECAM, mis au point par les Français Henri de France et Henri Peyrolles. | |
Échange d'images entre les États-Unis et l'Europe par le satellite américain Telstar (première liaison transatlantique de télévision par satellite). | |
Premiers pas de l'homme sur la Lune retransmis en direct en Mondovision. | |
Première présentation d'un concept de télévision haute définition par les Japonais à San Francisco. | |
Mise en service, au Japon, de la 1re chaîne de télévision à haute définition (Hi-Vision). | |
Élaboration d'une norme internationale de compression des images animées (MPEG 2). | |
Premiers bouquets diffusés par satellite. |
Comment fonctionne la télévision hertzienne
Ce sont les limitations de la vision humaine qui ont conduit au système d'analyse et de synthèse d'une image. L'œil perçoit simultanément tous les points constituant une image. Or, il n'est pas possible de transmettre instantanément tous ces points ; la transmission ne peut être que séquentielle. Mais, à cause de la persistance rétinienne, l'œil ne peut distinguer deux illuminations successives espacées de moins de 1/20 de seconde. On fait donc se succéder pendant une seconde un nombre suffisant d'images (25 en Europe, 30 aux États-Unis et au Japon). Par ailleurs, l'œil ne peut pas séparer deux points dont la distance angulaire est inférieure à une minute, ce qui permet de limiter le nombre d'informations à transmettre. L'analyse de l'image s'effectue en lignes horizontales, au nombre de 625 en Europe et de 525 aux États-Unis et au Japon. Les signaux de synchronisation, ajoutés au signal d'image, sont de deux natures : les « tops lignes », pour le retour horizontal, et les « tops trames », pour le retour vertical.
Une image couleur est décomposée en trois images, respectivement rouge, verte et bleue. Les signaux correspondants R, V et B sont transformés en trois composantes, la luminance Y (dégradé du noir au blanc), pour être compatibles avec les récepteurs noir et blanc, et deux composantes de couleur R-Y et B-Y constituant la chrominance.
Ces composantes ont des caractéristiques différentes. En effet, l'œil est beaucoup plus sensible aux variations de luminance qu'aux variations de couleurs. Les bandes de fréquence nécessaires s'étendent de 0 à 6 MHz pour la luminance et de 0 à 1,5 MHz pour la chrominance. En production, deux solutions sont possibles : soit constituer un signal unique, dit « composite » (PAL [Phase Alternative Line], SECAM [système séquentiel à mémoire] ou NTSC [National Television System Committee]), soit conserver ces composantes séparées pour obtenir, après divers traitements, la meilleure qualité possible.
Le centre de production
Le studio de production est constitué de deux parties. D'une part, le plateau, où se produisent les présentateurs, comédiens, chanteurs, dans des décors appropriés ; il est équipé des microphones et des caméras nécessaires à la prise de son et à la prise de vues. D'autre part, la régie, dans laquelle mélangeurs images et mélangeurs son servent à réaliser les mixages et les enchaînements des sources. Le mélangeur images traite soit des signaux composites (dans le système PAL), soit des signaux composantes (Y, R-Y, B-Y). Associé au mélangeur images, le truqueur numérique permet, après avoir mémorisé une image, de lui faire subir différents traitements : rotation, zoom avant ou arrière, renversement d'image, etc.
Les autres matériels sont regroupés dans une salle des équipements, climatisée en général. Les magnétoscopes reçoivent un signal vidéo soit en composite (PAL, SECAM) et enregistré sur une piste, soit en composantes enregistrées sur deux pistes, l'une pour la luminance Y, l'autre pour la chrominance (successivement R-Y et B-Y). Le second procédé, plus récent, évite les interférences entre luminance et chrominance. Le télécinéma sert à transformer l'image présente sur un film en un signal vidéo. La régie de postproduction comprend un pupitre de montage qui pilote deux (ou plusieurs) magnétoscopes en lecture et un en enregistrement afin de réaliser les enchaînements souhaités. On leur associe un truqueur numérique, un générateur de caractères (titres sur image) et une palette graphique, véritable outil électronique de dessins (certaines palettes peuvent réaliser des animations).
Tous les signaux transitent par le « nodal » : liaisons internes au centre de production, arrivées de l'extérieur (reportage), départ vers les émetteurs.
Les réseaux de diffusion et de transmission
Les signaux image et son sont « transportés » par des ondes électromagnétiques qui se propagent en espace libre jusqu'aux récepteurs. La fréquence de ces ondes doit être incluse dans les bandes de fréquences réservées à la diffusion terrestre : ondes métriques (O. m) de 174 à 230 MHz, ondes décimétriques (O. dm) de 470 à 860 MHz.
Les émetteurs de diffusion de forte puissance (50 kW) ont une portée maximale de l'ordre de 100 km. Pour assurer une couverture nationale, il est nécessaire d'utiliser un réseau d'émetteurs (une centaine pour un pays comme la France). Des obstacles naturels (montagnes) ou artificiels (immeubles), ainsi que des interférences entre des signaux émis (échos), limitent la couverture d'un pays. Des réémetteurs, équipements de faible puissance (1 W à 250 W), alimentent les zones d'ombre et de brouillage. Très nombreux en montagne, ils complètent la couverture recherchée (il y en a 3 000 dans un pays comme la France).
Le réseau de transmission terrestre (faisceaux hertziens) assure le transport des signaux image et son du centre de production aux émetteurs (liaisons directives de point à point : 52 000 km pour le réseau français). Ce transport peut aussi être réalisé par une liaison satellite de télécommunication, d'un point (centre de production) à de nombreux points (centres de diffusion). Le réseau de transmission terrestre est utilisé pour acheminer des reportages, retransmissions en direct des régions vers le centre de production national ou entre plusieurs centres régionaux. Un réseau de transmission international mixte (faisceaux hertziens et satellites) permet des échanges dans le cadre de l'U.E.R. (Union européenne de radiodiffusion). Les réseaux câblés distribuent les programmes de télévision nationaux et internationaux en zones urbaines et, à terme, en zones rurales. Les émissions des satellites de diffusion directe peuvent être captées avec des antennes de faible dimension.
Antennes, propagation et réception
Une antenne élémentaire (doublet), permettant d'émettre des ondes, est constituée de deux tiges de gros diamètres placées bout à bout et dont la longueur totale est une demi-longueur d'onde. Le diagramme de rayonnement (répartition dans l'espace de la puissance émise) est un tore dont l'axe est parallèle à celui du doublet. Plusieurs doublets placés devant un plan réflecteur constituent un panneau directif. Plusieurs panneaux, placés sur chaque face d'un pylône, constituent l'antenne d'émission. Le retard entre les signaux appliqués à chaque panneau ainsi que leur puissance permettent de façonner le diagramme de rayonnement en fonction de la zone à couvrir. Les ondes métriques et décimétriques se propagent en ligne droite ; elles ne franchissent pas les obstacles. Les antennes d'émission sont donc placées au sommet des montagnes ou des pylônes. Ces ondes se réfléchissent sur les obstacles (montagnes, immeubles) et créent des échos sur l'image. Le récepteur sélectionne le signal radiofréquence correspondant au programme choisi. Après transposition dans une bande de fréquence plus faible (F.I., fréquence intermédiaire), les signaux image et son sont démodulés. Les signaux composites (PAL ou SECAM) sont décodés puis appliqués, avec les tops de synchronisation, au tube cathodique.
Les antennes paraboliques servent à recevoir les programmes de télévision directe.
Les nouveaux systèmes de télévision
La télévision à haute définition (T.V.H.D.)
Les recherches en vue d'améliorer la qualité des images, notamment sur les écrans de grandes dimensions, ont conduit à la télévision à haute définition (T.V.H.D.), dont les images ont un nombre de lignes et un nombre de points par ligne bien plus importants ainsi qu'un format parfaitement adapté à la diffusion de films cinématographiques (rapport largeur/hauteur de 16/9), contrairement à celles des systèmes classiques (rapport largeur/hauteur de 4/3). Alors que la définition d'une image de télévision standard est aujourd'hui de 720 x 576 (576 lignes et 720 pixels par ligne), celle d'une image de télévision haute définition est de 1 280 x 720 (720 lignes, 1 280 pixels par ligne) au format 720p (à balayage progressif) et de 1 920 x 1 080 (1 080 lignes, 1 920 pixels par ligne) au format 1 080i (à signaux entrelacés, chaque trame ne comportant que la moitié des lignes).
De plus en plus de téléviseurs haut de gamme bénéficient d'un écran panoramique (à plasma ou LCD), au format 16/9. Associés à une chaîne haute-fidélité assurant une excellente restitution de tous les effets sonores, ils permettent de recréer à domicile l'ambiance d'une salle de cinéma (home cinéma ou cinéma à domicile).
La télévision numérique
Les systèmes de télévision classiques sont des systèmes analogiques, où la modulation du signal vidéo est proportionnelle à celle des intensités lumineuses balayées par le faisceau d'électrons. L'évolution technologique en cours conduit au développement de la télévision numérique, fondée sur le principe non pas de la variation continue de l'intensité lumineuse des lignes mais de la mesure de l'intensité de chaque point. La valeur du signal est découpée, échantillonnée en une succession d'impulsions, exprimées en nombres binaires et qui restent identiques quelles que soient les variations intervenues dans le signal premier. Le système numérique permet l'obtention d'un signal très stable, facilite le transcodage, offre de multiples possibilités de composition, dont les images de synthèse.
L'avènement de la télévision numérique provoque un bouleversement du paysage audiovisuel mondial. En effet, grâce aux techniques de compression numérique des images, il devient possible de diffuser plusieurs programmes (de 4 à 12 suivant la qualité de l'image et le type de programme) sur un même répéteur de satellite ou sur un même canal hertzien ou câblé. Il en résulte une multiplication des chaînes et des services : chaînes thématiques, programmes interactifs, téléachat, jeux vidéo ou éducatifs, formation professionnelle, systèmes de réservation, etc. La diffusion numérique engendre alors de nouveaux modes de consommation de la télévision, fondés sur l'interactivité ; la télévision de flux cède peu à peu la place à une télévision de stock, constituée de banques de programmes audiovisuels dans lesquelles le téléspectateur vient puiser selon ses centres d'intérêt.
Équipé d'un décodeur, intégrant un disque dur destiné à la sauvegarde de programmes (ce qui remplace le magnétoscope) et d'un modem relié à une ligne téléphonique, le téléviseur de la nouvelle génération se transforme en terminal intelligent. Cette intelligence repose pour l'essentiel sur un guide électronique de programmation qui tient compte du profil de chaque utilisateur (âge, sexe, passions, disponibilités horaires…), donnant ainsi accès à une véritable télévision à la carte.
La télévision numérique diffusée par voie hertzienne, ou télévision numérique terrestre (T.N.T.) s'inscrit dans le mouvement général de numérisation des technologies de l'information et de la communication. Elle vient compléter l'offre numérique offerte par le satellite, le câble et maintenant l'ADSL. À terme, la T.N.T. a vocation à se substituer à la diffusion analogique. Cette dernière pourra alors être arrêtée, ce qui libérera d'importantes ressources en fréquences pour de nouveaux services ou de nouveaux usages. En France, l'extinction de la télévision analogique a commencé à Coulommiers, le 4 février 2009, et doit progressivement s'étendre à tout le territoire métropolitain d'ici le 30 novembre 2011. Pour recevoir les 18 chaînes numériques gratuites, les foyers devront alors être équipés soit d'un adapteur T.N.T. branché sur le téléviseur, soit d'un nouveau téléviseur intégrant la T.N.T.
En France, deux normes de compression numérique ont été retenues pour la T.N.T. : pour la diffusion de chaînes gratuites (inaugurée le 31 mars 2005), la norme MPEG 2, déjà utilisée notamment pour les DVD ; pour la diffusion de chaînes payantes (depuis le 1er septembre 2005) et pour certains programmes en haute définition (depuis le 30 octobre 2008), la norme MPEG 4, qui permet globalement de diviser par deux le débit de données nécessaire pour la numérisation des images animées sans perte notable de qualité, et qui autorisera, à terme, le passage à la télévision à haute définition.
La télévision sur Internet
Un nombre croissant de sites Web produisent et diffusent des émissions de télévision interactive sur Internet. Ces « Web-TV » viennent concurrencer l'offre des bouquets de chaînes de télévision traditionnelles. Les données associées (textes, photos, etc.) complètent l'émission, elle-même diffusée en direct ou consultable à la demande, sans contrainte horaire. Les réseaux à haut débit devraient accélérer la croissance de ces nouveaux opérateurs de télévision dont les grilles de programmes thématiques s'adressent pour l'essentiel à des communautés de « télénautes » animés par une même passion. À terme, la convergence des techniques de diffusion devrait donner naissance à une génération de terminaux communs aux deux mondes de l'Internet (donc, de l'ordinateur personnel) et de la télévision.
La télévision sur téléphone mobile
En expérimentation depuis 2005, la télévision sur téléphone mobile (ou télévision mobile personnelle [TMP] ) suscite un indéniable engouement à travers le monde. L’arrivée de technologies de diffusion de masse, tel que le standard DVB-H (Digital Video Broadcasting-Handheld), contribue à accélérer le développement de ce mode de télévision nomade. Mais, en France, où des fréquences ont été attribuées à 16 chaînes, le lancement effectif de ce mode de télévision nomade a dû être différé, faute d'un accord entre les différents acteurs sur le modèle économique à appliquer, et il n'est attendu qu'en 2010.
MÉDIAS
Le système télévisuel : de l’analogique au numérique
La télévision est la transmission et la réception par voie électrique d’images et de sons de sujets fixes ou mobiles. Le récepteur de télévision, ou téléviseur, dont l’origine remonte aux recherches du physicien Michael Faraday dans les années 1830, a été mis au point au début du xxe siècle, essentiellement à partir de l’utilisation du tube cathodique. Les antennes hertziennes, le câble et les transmissions satellitaires ont successivement été employés pour la distribution des images. Les premières émissions datent des années 1930, mais la Seconde Guerre mondiale a enrayé le développement des programmes si bien que l’explosion de la production ne se produit qu’au cours des années 1950 dans les pays occidentaux, au cours des années 1980 dans le reste du monde. La libéralisation et la multiplication des chaînes sont allées de pair, comme dans le cas français.
De multiples innovations techniques ont bouleversé le système classique télévisuel (analogique) en rendant les attentes plus fortes et plus sélectives : apparition de la télécommande, de la vidéo puis du DVD, élargissement des écrans au profit du format 16/9, apparition de la télévision haute définition, combinaison de la télévision et de la hi-fi afin de rendre l'ambiance d'une salle de cinéma (home cinéma ou cinéma à domicile), etc. Mais c’est le big bang récent des technologies numériques qui modifie le plus en profondeur les conditions de production, de distribution et de réception des programmes (télévision numérique hertzienne ou terrestre [T.N.T.]).
La télévision française
Le monopole de l'État sur les ondes a été institué dès 1927 pour la radiodiffusion, au nom de l'objectivité et de l'intérêt général.
Les mutations du statut
Les réformes du statut de la radiotélévision française se sont succédé, au rythme des changements politiques les plus importants :
– en 1964, création de l'Office de la radiodiffusion-télévision française (O.R.T.F.) ;
– en 1968, assouplissement de la tutelle du ministère de l'Information ;
– en 1969, création de rédactions autonomes pour chacune des deux chaînes ;
– en 1974, fin de l'O.R.T.F. et institution de sept sociétés distinctes ;
– en 1982, suppression formelle du monopole de programmation et création d'une Haute Autorité ;
– en 1986, remplacement de la Haute Autorité par la Commission nationale de la communication et des libertés (C.N.C.L.) ;
– en 1989, remplacement de la C.N.C.L. par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (C.S.A.).
Le P.A.F.
Le paysage audiovisuel français (P.A.F.) se compose de chaînes publiques et de chaînes privées. Depuis 2009, France Télévisions est une entreprise unique chargée de concevoir et de programmer les services qui étaient jusqu'à présent édités par les sociétés France 2, France 3, France 4, France 5 et Réseau France Outre-mer (R.F.O.). L'ancienne première chaîne de télévision, TF 1, a été privatisée dès 1987. Également privé, Canal Plus fut en 1984 la première chaîne à fonctionner par abonnement et avec décodeur. Une autre chaîne privée non cryptée, M6, diffuse sur le territoire national. Arte est une chaîne européenne.
Les chaînes thématiques (cinéma, sport, musique, voyages, séries…) sont des chaînes payantes, généralement transmises par le câble ou par satellite (bouquets de programmes).
En 2005, la télévision numérique terrestre (T.N.T.) a fait son apparition dans les foyers. Moyennant l'usage d'un décodeur, elle donne accès à de nombreuses chaînes gratuites. Depuis 2006, France 24 – une chaîne d'information internationale en continu – est transmise par le câble et par satellite.
Entre monopole et système commercial
Dans la plupart des pays européens, le développement de la télévision s’est fait selon le principe du service public. La France illustre bien ce principe puisqu’elle institue dès 1927 le monopole de l'État sur les ondes pour la radiodiffusion. L’organisme chargé de gérer les chaînes de télévision est la RTF (Radio-Télévision française) devenue l’O.R.T.F. (Office de la radiodiffusion-télévision française) en 1964, organisme « tenu » par le ministère de l’information. L’O.R.T.F est dissocié en sept sociétés distinctes en 1974, alors que le monopole public de programmation n’est aboli qu’en 1982. La première chaîne est créée en 1947, la seconde en 1964, avant l’apparition de la chaîne régionale FR3 en 1973.
En Italie, la RAI est fondée au sortir de la guerre sur un modèle de proximité avec le pouvoir politique. La première chaîne émet en 1954, la seconde en 1961, la troisième, enfin, en 1979. En RFA, la télévision publique est fondée, au sortir de la guerre là encore, sur le principe du fédéralisme. La première chaîne, l’ARD, est une fédération d’une dizaine de stations régionales. La seconde chaîne publique, la ZDF, est fondée en 1963 sur une base centralisée. La Belgique lance sa première chaîne publique en 1953 en la faisant reposer sur deux organismes, l’un wallon (la RTBF), l’autre flamand (la BRT).
Le Royaume-Uni se distingue par l’antériorité et la cohérence de sa démarche. La BBC, service public de radiodiffusion naît dès 1922. Ce service propose rapidement une télévision et est confronté à la concurrence du privé dès 1955 (apparition de ITV, par ailleurs BBC 2 est créée en 1964). Les pouvoirs publics ne mettent pas la BBC sous tutelle, ce qui contribue à son essor et à la qualité de ses programmes.
Alors que la démarche européenne a consisté généralement à instaurer des monopoles publics et à multiplier par la suite des autorisations d’émettre pour le privé, celle des États-Unis a reposé entièrement sur la création d’un secteur privé, complété par un réseau public en 1966 (PBS). Les modèles se rejoignent aujourd’hui : domination du secteur privé, importance néanmoins des services publics. Il est à noter que des différences existent dans les modes de financement des télévisions publiques : pas de publicité au Royaume-Uni pour la BBC, importance de la publicité historiquement pour les chaînes publiques françaises et italiennes. Mais le passage d’un modèle de financement à un autre, comme envisagé en France (suppression de la publicité sur France Télévisions), n’a jamais été expérimenté.
« Le » média de masse
Du point de vue social, la télévision est le média de masse par excellence. Dans les pays occidentaux, plus de trois individus sur quatre la regarde tous les jours. La consommation quotidienne de télévision avoisine à elle seule 3 h 30 par personne en 2008 en France, 4 h 00 aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
La pratique télévisuelle est si présente et si visible qu’elle suscite des interrogations sur ses fonctions, ses effets, son utilité sociale. Mais il faut penser la télévision comme une pratique culturelle, qui a du sens y compris dans ses activités de zapping ou de « tapisserie ». Elle soude une communauté nationale et internationale partageant les mêmes rites puisqu’il n’existe pas dans nos sociétés de pratique où les différences de comportements soient aussi faibles : 96 % des foyers possèdent un téléviseur et les contenus de ce média sont le second objet de discussion dans l’entreprise (après le travail) et à l’école. Elle demeure toutefois inégalitaire car surconsommée par une forte minorité de la population, plus âgée, plus populaire et plus féminine que la moyenne. 10 % des publics représentent près de 30 % de l’écoute, 30 % des publics 60 % de l’écoute alors que les plus réfractaires représentent moins de 1 % de l’écoute pour 10 % de la population.
Le public de gros consommateurs de télévision, ou « grand public », ne peut être vu cependant comme aliéné par opposition aux autres. Quelques éléments statistiques suffisent à contredire cette thèse : le grand public est plus sélectif que les « élites » (les Parisiens diplômés sont ceux qui savent le moins ce qu’ils vont regarder), il attend de la diversité des programmes (il consomme tous les types d’émissions). S’il y a des téléspectateurs pour les journaux télévisés, les magazines, les documentaires, les émissions culturelles, c’est parce qu’ils sont regardés par ceux qui utilisent beaucoup la télévision. Ceux qui la regardent moins n’ont pas une pratique centrée sur les émissions prestigieuses. Les diplômés regardent proportionnellement plus que les gros consommateurs les programmes de cinéma et de sport…
La télévision est-elle en déclin ?
Deux grandes mutations menaceraient la télévision. L’avènement du web fait imaginer un déclin du média de masse au profit d’Internet (la fin de l’écoute massive de télévision, la montée de l’interactivité). La diffusion numérique et la multiplication des supports, rendant possibles de nouveaux modes de consommation de la télévision fondés sur l'interactivité, fait évoquer un éclatement des pratiques télévisuelles.
La concurrence d’Internet
Les enquêtes sur les pratiques démontrent cependant qu’il n’existe pas de concurrence nette entre la télévision et les autres médias, sauf pour des populations très précises. Internet prend place dans le paysage préexistant des médias sans expulser ses devanciers, contrairement à la thèse de substitution des médias. La concurrence exercée à l’égard de la télévision était au départ réelle au niveau de la perception : le rejet de la télévision est en effet plus élevé dans les catégories sociales qui se sont appropriées les premières Internet. Mais la hausse continue et significative de la consommation horaire de télévision depuis le lancement d’Internet vient démentir la thèse du déclin du grand média d’images. Celui-ci est ancré dans des routines familiales et répond à des attentes de sociabilité et de culture non satisfaites par le Net. L’écoute télévisuelle est d’autre part profondément polymorphe : près de 50 % des gens déclarent faire autre chose en regardant la télévision, manger, parler, dormir, repasser, lire, etc. Elle absorbe des usages nouveaux comme ceux liés à Internet : 40 % des jeunes internautes écoutent la télévision tout en jouant, surfant sur le web ou en consultant leurs courriers.
La convergence technologique des supports
La convergence programmée de la télévision et de l’Internet était au départ envisagée avec une fusion des écrans et la possibilité de gestion interactive des programmes télévisuels (du choix des contenus jusqu’au choix des caméras). Cette convergence se heurte cependant à des obstacles : les publics, qui estiment dans leur majorité que l’offre de contenus est déjà suffisante et assez coûteuse, ne s’intéressent pas aux outils de filmage (pourquoi sélectionner avec difficulté les caméras pour une course de F1 quand un réalisateur fait cela très bien ?) et ne sont pas profondément séduits par l’interactivité (la formule du télé-achat est la seule à s’être imposée depuis les années 1950 à la télévision). Les essais de fusion ordinateur/téléviseur n’ont guère satisfait les utilisateurs qui n’avaient pas envie de regarder la télévision sur ce qu’ils percevaient avant tout comme un poste de travail et de jeu. Au total, l’empilement des technologies à la maison, et non leur réduction, montre que la divergence technologique reste paradoxalement plus forte que la convergence.
L’identité télévisuelle face à la dissémination des images
La thèse de la diversification des supports de réception voit dans la dissémination avancée des images la vraie raison de la disparition de la télévision. Noyée dans un océan d’écrans, désarticulée par la vidéo et le DVD, le téléchargement sur Internet, le mobile, le podcasting, la télévision perdrait de sa centralité dans la production du sens commun : pour le spécialiste des médias Jean-Louis Missika, « il y a toujours plus d’images et moins de télévision ». La baisse des audiences des grandes chaînes au profit des chaînes thématiques ajouterait à la « démédiatisation ». À cette thèse s’opposent de nombreux faits et arguments. L’audience télévisuelle stricto sensu ne baisse pas, celle des grands networks s’est stabilisée et demeure élevée à 40 % environ. L’écoute en famille ne diminue pas, seule progresse l’écoute individualisée. Si la télévision a eu pour effet de consolider la famille nucléaire dans les années 1950-1960, en fournissant un support pour des pratiques partagées, si elle fournit un vocabulaire commun et sert de lieu d’échange, elle n’a jamais coïncidé avec l’idéal d’une société célébrant son unité par une culture commune. Les mutations qui l’affectent sont celles de l’individualisme, compatible avec la recherche de sens en commun. La dissémination des images, indéniable, ne signifie pas la disparition de l’identité télévisuelle : les médias ne sont jamais des entités isolées, pures, ils se définissent les uns par rapport aux autres et enregistrent des cycles complexes d’échange de propriétés. L’impact de la technologie est une redéfinition des frontières entre médias et non une disparation des frontières. Il est même possible de soutenir que se produit l’invention véritable de la télévision. Parvenue à la maturité du point de vue créatif, comme en attestent le genre le plus décrié, la télé-réalité, et le plus loué, les séries, elle propose des œuvres qui par leur format et le rythme de réception qu’elles supposent, inscrit dans la quotidienneté, ne peuvent plus être assimilées par les autres médias (notamment le cinéma). Les programmes les plus regardés sont désormais produits pour le « petit écran », ce qui signifie que la télévision s’est autonomisée comme média.