préciosité
La préciosité est dès la première moitié du xviie siècle un phénomène de salon (→ salons littéraires). La marquise de Rambouillet reçoit à partir de 1608. Le roman pastoral d’Honoré d’Urfé, l’Astrée (1607-1628), définit les codes sentimentaux et sociaux indispensables. Mode culturelle, mode littéraire, la préciosité apparaît initialement comme une réaction devant la grossièreté des mœurs et du langage qui sévissait à la cour d’Henri IV. Elle marque aussi en quelque sorte un retour du courant courtois du Moyen Âge.
Après 1650, Melle de Scudéry devient le chef de file des milieux précieux.
La littérature précieuse compte, outre les poètes de l’hôtel de Rambouillet (Voiture, Maleville, Godeau), Benserade, Segrais, Sarasin, Pelisson, Ménage, Gomberville, La Calprenède et Melle de Scudéry, dont la Clélie (1654-1660) contient la fameuse carte du Tendre.
Cette tendance au raffinement dans le jeu des sentiments et dans l’expression littéraire est vue tantôt comme un effort indispensable pour restaurer le style – style de vie et style d’expression –, tantôt comme une mode et une affectation, et suscite assez vite les critiques. On dénonce les influences étrangères (le gongorisme en Espagne) et le caractère artificiel de cette « autre langue » (Dictionnaire des Précieuses de Somaize, 1660) qui, à force de refuser toute vulgarité et de rechercher l’effet de surprise et l’ingéniosité, devient obscure, affectée, ridicule. Molière dans les Précieuses ridicules (1659) fait ainsi une satire de ce milieu mondain.
La préciosité a exercé une influence certaine sur l’évolution de la langue et la littérature : un roman d’analyse comme la Princesse de Clèves (1678) lui est redevable, de même que l’art du portrait psychologique et moral (les Maximes de la Rochefoucauld (1664), les Caractères de La Bruyère).
Le mot « préciosité » a subsisté pour désigner l’ingéniosité brillante – ainsi de Giraudoux –, sans qu’elle se confonde inévitablement avec le maniérisme ou le galimatias, ce discours embarrassé et inintelligible.