salons littéraires
Dans le domaine culturel, un rituel, d'abord inspiré de Versailles, s'établit qui réunit, chez une femme distinguée, des personnalités des lettres, des arts, de la politique : on y discute de science aussi bien que des affaires de l'État. La Cour, qui était sous Louis XIV à l'initiative de toutes les modes et des idées subit, avec l'affaiblissement de l'institution monarchique, tout au long du xviiie siècle, la concurrence des cercles et sociétés particulières. Les « salons » gagnent en importance, et les femmes y jouent un rôle qui dépasse largement le simple badinage, fût-il savant, et la préciosité développée au début du xviie siècle par réaction contre le laisser-aller de la cour d'Henri IV.
De l'art de la conversation... Au xviie s., les salons les plus importants furent ceux de la marquise de Rambouillet, de Madeleine de Scudéry (elle-même auteur de romans), de Mme Scarron (future Mme de Maintenon) et de Ninon de Lenclos.
Parfois politiques, à l'époque de la Fronde, ils sont le plus souvent littéraires et contribuent à ancrer la littérature dans la société ; ils eurent une influence capitale sur l'évolution des manières et du goût littéraire.
... au commerce des intelligences. Au long duxviiie s., les salons permirent de diffuser les idées des Lumières. Chez la duchesse du Maine, chez la marquise de Lambert, chez, Mme de Tencin, Mme du Deffand, Mlle de Lespinasse, Mme d'Épinay, Mme Helvétius se concentre tout le mouvement philosophique, de Montesquieu à Voltaire, de d'Alembert à Diderot. Ce phénomène témoigne du rapport complexe entretenu par la pensée réformatrice (révolutionnaire) avec la noblesse et la grande bourgeoisie; il révèle aussi une homogénéité sociale sur laquelle s'appuie l'entreprise littéraire. .
Après la Révolution, l'importance des salons diminue, encore que Mme de Staël, Mme Récamier, Mme de Girardin maintiennent la tradition. De moins en moins féminins – le salon de la princesse Mathilde, sous le second Empire, que fréquentaient Gautier, Flaubert, les Goncourt, mérite encore d'être cité –, les salons survivent uniquement grâce à l'influence de certaines écoles tel le Cénacle romantique de Nodier et Hugo et disparaissent au début du xxe siècle, peu après l'époque de Proust.