plaisir
État de contentement que crée chez quelqu'un la satisfaction d'une tendance, d'un besoin, d'un désir ; bien-être.
Le plaisir est un ressenti, une perception, c'est-à-dire une information délivrée par le cerveau. Celui-ci a pour rôle de trier les informations qui lui sont apportées par les sensations et de les passer par différents filtres : celui des sentiments, des émotions, des symboles, de la morale, des idéaux… et bon nombre d'autres paramètres propres à chaque individu. Ces informations sont alors codifiées, étiquetées et vécues comme agréables ou, à l'inverse, désagréables. D'autres seront perçues comme soulageantes, jouissantes et, en fonction des émotions qu'elles soulèvent, apaisantes ou apeurantes, etc.
1. Psychologie du plaisir sexuel
L'excitation sexuelle, provoquée par le désir ou des stimulations plus « matérielles », obéit à des mécanismes réflexes indépendants de la volonté (comme, par exemple, la salivation devant un plat même lorsque l'on n'a pas faim). Ainsi, l'excitation sexuelle est le support physiologique du plaisir sexuel ; les tensions qui en résultent vont être ressenties différemment selon qu'on la considère comme permise ou non, comme bonne ou mauvaise ou, tout simplement, selon qu'on est d'accord ou pas. C'est pourquoi il est parfois difficile de tenter de nouvelles pratiques : le jeu des filtres inconscients étant toujours présent, le plaisir n'est pas toujours au rendez-vous.
• Ses alliés. Le plaisir dépend donc en grande partie de la qualité de l'excitation, d'où l'importance des préliminaires, des caresses et des jeux érotiques en général. En effet, l'excitation n'est pas exclusivement génitale ; elle peut « diffuser », embraser l'ensemble du corps (faire que l'on s'y sente bien, « fluide et bougeant »), et être plus ou moins présente dans le temps du rapport.
Pour les hommes comme pour les femmes, la possibilité de ressentir un orgasme passe par la capacité de « lâcher prise » sur le plan psychologique, de s'« abandonner » au plaisir. Par ailleurs, l'excitation peut aussi être d'ordre émotionnel. Le plaisir qui en résulte sera d'autant plus intense, généralisé et se vivra plus ou moins longuement, jusqu'à son apogée, c'est-à-dire l'orgasme.
• Ses ennemis. Un climat émotionnel tendu (crise dans le couple, soucis professionnels, etc.), les interdits ou les pensées négatives altèrent la qualité du plaisir. Si l'on ressent en même temps que l'excitation une peur ou une angoisse, le plaisir peut être limité, inhibé, ce qui conduit à vivre l'orgasme de manière désagréable, bien qu'il reste un soulagement physique. C'est une situation que l'on rencontre notamment dans les cas d'éjaculation prématurée.
Il arrive aussi qu'une très forte excitation au début d'une relation sexuelle plafonne ou diminue, à un certain moment, surtout chez la femme mais aussi chez certains hommes. Ceci est souvent lié à des habitudes ou à un mauvais « apprentissage », un manque d'expérience de son corps et de ses plaisirs qui ne permettent pas à la tension sexuelle d'augmenter et/ou de durer. Une situation qui peut conduire, dans un premier temps, à un inconfort et à une perte du plaisir sexuel et, sur le long terme, à la perte du désir, voire de l'excitation sexuelle.
Enfin, il existe parfois des douleurs lors du coït chez la femme (dyspareunies) ou chez l'homme (phimosis, infections, lithiase, etc.) et ce qui est supposé agréable devient douloureux et désagréable.
• Donner du plaisir. Il y a un équilibre à trouver entre l'attention qu'on porte à l'autre et l'attention qu'on porte à soi-même. Si la façon d'agir (caresser, toucher, étreindre, bouger, etc.) est trop rapide ou trop intense, on risque de « bloquer » le plaisir de l'autre et le sien. Mais parfois, au contraire, à trop vouloir donner de plaisir on peut perdre sa propre excitation sexuelle. En fait, une des « règles » pour partager avec l'autre est d'être centré d'abord sur son propre plaisir et sur son excitation personnelle, car c'est ce plaisir qui nourrit l'autre. Cet « égoïsme partagé » se révèle en fait positif.
1.1. L'apprentissage du plaisir
Le plaisir sexuel est une capacité qui s'apprend, l'expérience, le vécu étant des facteurs importants dans le développement de sa sensualité.
Les capacités à développer son érotisme se mettent en place dès l'enfance, avec un éveil très précoce à la sensualité (les premières tétées, les « doudous », etc.). L'adolescence est ensuite le moment privilégié pour découvrir la sexualité et ses plaisirs. Toutefois, on peut, toute sa vie durant, découvrir ou inventer de nouvelles façons de faire et devenir de meilleurs amants. Pour une meilleure satisfaction personnelle et relationnelle et devenir un « gastronome de la sexualité », il s'agit donc d'apprendre à déguster, à savourer l'excitation sexuelle et les émotions qui l'accompagnent : savoir varier ses rythmes (qui dit lenteur dit bien souvent volupté), ses intensités musculaires, savoir se donner du souffle par la respiration…
Ces apprentissages sont possibles, que l'on soit homme ou femme, jeune ou plus âgé, ou atteint d'une maladie ou d'un handicap : dans ce dernier cas, adopter un « nouveau » corps et une sensualité différente n'est pas chose aisée, mais la sexualité s'adapte et de nouvelles formes de plaisir émergent.
Cependant, augmenter ses dispositions érotiques ne doit en aucun cas conduire à des pratiques qui risquent de mettre en danger la personne ou son entourage (cas de certaines paraphilies, comme le sadomasochisme).
1.2. Des limites au plaisir ?
Certaines personnes recherchent un plaisir sexuel sans limite, indicible, très idéalisé. Qu'elles soient hédonistes, libertines, échangistes ou sex addicts, le risque est de mettre de côté l'excitation sexuelle, physiologique, et de se focaliser sur la recherche du plaisir « ultime » en multipliant les expériences et les partenaires ou, à l'inverse, en se lançant à la quête d'un amour idéalisé.
Cette recherche du plaisir pour un plaisir jamais atteint reste illusoire : une fois l'acte vécu, la tristesse, le regret et l'insatisfaction envahissent la personne, ce qui peut mener à un état dépressif. Cette démarche peut conduire à des comportements qui mettent la personne, ou les autres, en danger ou encore mener à une sexualité addictive et compulsive, et au bout du compte à un isolement social.
Pour en savoir plus, voir l'article principes de plaisir et de réalité.
2. Physiologie du plaisir sexuel
2.1. Chez l'homme
Chez l’homme, la naissance du désir peut répondre à des stimulations variées. Comme chez l’animal, elle est accentuée par la lumière perçue au niveau de la rétine, ce qui explique une activité sexuelle accrue pendant l’été. La pulsion sexuelle nécessite la présence de testostérone, qui conditionne également le comportement séducteur ou dominant, au moment de la puberté. Une castration (pour traiter un cancer du testicule par exemple) annule cette production de testostérone mais elle a beaucoup moins d’effets délétères sur la sexualité quand elle est pratiquée sur un adulte.
La stimulation
Les stimulations les plus fréquentes sont d’ordre visuel comme la vision réelle de la personne désirée ou de son image, mais aussi des photographies, des films, des statues, voire de simples objets évoquant la sexualité. La plupart des fantasmes s’appuient sur des phénomènes de mémoire dont la composante visuelle est importante. C’est par la vue que l’homme perçoit le corps, le visage, le regard de l’autre et les messages subliminaux de sa disponibilité ou de son partage du désir.
Le rôle d'une stimulation olfactive a été démontrée par diverses expériences, sans que l’on sache exactement quelles sont les molécules stimulantes ainsi que leurs organes récepteurs. Le rôle des phéromones est controversé dans l’espèce humaine. Le rôle des odeurs corporelles et des parfums cosmétiques semble plus lié à une notion de compatibilité entre partenaires qu’à une stimulation systématique.
La stimulation physique directe passe par le toucher des organes génitaux et des zones érogènes. Elle naît parfois du contact plus large du corps lors d’une étreinte volontaire entre partenaires ou d’une étreinte involontaire, par exemple dans une situation de promiscuité non provoquée (transports surchargés).
L’acte sexuel
La première réponse génitale à une stimulation est l’érection du pénis. L’érection est due à un blocage du sang qui afflue dans les corps caverneux. Ce sang s’y trouve provisoirement piégé par la contraction de fibres musculaires qui l'empêchent de repartir dans le système veineux. Ce mécanisme est géré par le plexus hypogastrique du système nerveux végétatif. L’érection produit une augmentation de la longueur et du diamètre du pénis, ainsi qu’une rigidité et un changement d’orientation par rapport au pubis qui vont permettre l’accouplement.
Cette érection se maintient pendant une phase de plateau d’une durée variable selon l’individu, selon sa maturité affective, sa capacité à contrôler son éjaculation et ses émotions. Pendant cette phase de plateau, les nerfs sensitifs du gland et de la verge perçoivent et transmettent au cerveau les variations de pression créées par les mouvements au contact de la paroi vaginale de la partenaire ou par la masturbation.
L’éjaculation (émission de sperme) qui termine la phase de plateau s’accompagne généralement d’un orgasme, sensation de plaisir intense. L'orgasme s'accompagne de contractions musculaires involontaires des muscles de la région périnéale et d'une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle. L’orgasme peut être ressenti sans éjaculation, après une chirurgie de la prostate par exemple (→ éjaculation rétrograde). Pendant l’orgasme, on observe une libération d’endorphines dans le cerveau. Ces substances naturelles proches de la morphine expliquent la sensation de bien-être ressentie tant sur le plan physique que sur le plan psychique, ainsi que le besoin de dormir ou de manger si fréquents après l'acte sexuel chez l’homme.
La détumescence qui succède à l’éjaculation ou à l’orgasme est le retour du pénis à son état de flaccidité (il perd sa rigidité) et à son volume de repos. Elle est suivie d’une période réfractaire pendant laquelle aucune nouvelle érection n’est possible. Cette période a une durée variable selon l’individu et tend à augmenter avec l’âge.
2.2. Chez la femme
Chez la femme, les sources de désir sont variées mais le rôle des sentiments est, en moyenne, plus important que chez l’homme. La seule stimulation physique suffit rarement à faire naître le désir et le moindre affect émotionnel peut bloquer l'avancée vers l’orgasme.
À partir de la puberté, le désir est en partie lié aux hormones : il est plus marqué en période d’ovulation et pendant une grossesse désirée, sous l’influence des œstrogènes, mais aussi au printemps et en été, la lumière ayant un rôle activateur. À l'inverse il est inhibé par un traitement à base de progestérone, mais il est rétabli par une prise d’hormones androgènes ou féminines (par exemple, lors du traitement de la ménopause ou après une castration des ovaires).
La stimulation
Tous les sens participent à la stimulation du désir chez la femme. La vision de la personne désirée, la perception de signaux de disponibilité ou de désir sont plus efficaces que la vue de photographies ou de films érotiques. Le toucher joue un rôle important à travers les caresses données autant que reçues, sur l’ensemble du corps, avant d’être centrées sur les organes génitaux : l’obtention d’un orgasme par des caresses sans pénétration génitale n’est pas rare. L’odorat peut accentuer un désir naissant, voire le provoquer comme l’ont montré plusieurs expériences avec des linges imbibés de sécrétions pubiennes ou axillaires (des aisselles). Mais l'odorat peut aussi brusquement inhiber le désir. L’ouïe transmet au cerveau les mots attendus et les variations de la voix du partenaire comme autant de signaux favorables.
L’acte sexuel
La première réponse au désir est un état d’excitation sexuelle avec la lubrification du vagin par un liquide émis, non pas par des glandes, mais par transsudation à travers les cellules épithéliales de la paroi vaginale qui est gonflée de sang. Ce transsudat, qui peut être très abondant chez certaines femmes, facilitera la pénétration du pénis. Simultanément, on observe un gonflement du clitoris, équivalent de l’érection masculine de la verge, une sécrétion des glandes vulvo-vaginales (ou glandes de Bartholin) qui lubrifient le vestibule vulvaire et l’érection des mamelons. Une cambrure accentuée de la région lombaire (les « reins ») est fréquente.
Ces manifestations perdurent pendant une phase de plateau, de durée variable. Elles sont entretenues par les perceptions sensitives des corpuscules de Krause situés sur et autour du clitoris, et peut-être également par le point G (de Grafenberg), une zone de la face antérieure du vagin – ce point est si difficile à identifier, même au microscope, que son existence réelle est encore discutée.
Peu à peu, les muscles de tout le corps se tendent, le pouls s’accélère, la pression artérielle augmente, les pupilles se dilatent (→ mydriase), une sensation de chaleur envahit les organes génitaux. Puis des contractions rythmiques des muscles du plancher pelvien, du périnée et de l’utérus signent l’orgasme, qui dure une dizaine de secondes. La libération d’endorphines cérébrales produit la même sensation de bien-être physique et mental que chez l’homme.
Contrairement à l’homme, l’orgasme n’est pas suivi systématiquement par une phase réfractaire et la femme peut ressentir des orgasmes en série au cours du même rapport sexuel avant d’entrer dans une phase de résolution avec retour à l’état de repos.