parti populaire

en espagnol Partido popular (PP)

Parti politique espagnol fondé en 1977 sous le nom d'Alliance populaire (AP) à l'initiative de Manuel Fraga, ancien ministre de Franco.

1. Une lente ascension

N'attirant à ses débuts qu'une faible partie de l'électorat, l'Alliance populaire – née du regroupement de divers groupes conservateurs dont Réforme démocratique, une association politique créée par M. Fraga en 1974 – devient la principale force d'opposition au gouvernement socialiste, après l'effondrement, aux élections de 1982, de l'Union du centre démocratique (UCD) fondée en 1977 pour appuyer le président du gouvernement Suárez.

N'apparaissant pas pour autant comme une force alternative crédible, elle s'allie alors avec le parti démocratique populaire et le parti libéral – issus tous deux de l'UCD – au sein d'une « coalition populaire » qui obtient près de 26 % des voix aux élections législatives de juin 1986. En janvier 1989, elle prend le nom de parti populaire et tente de se rapprocher du Centre démocratique et social (CDS), créé par Adolfo Suárez en 1982. Le parti obtient 25,8 % des voix aux élections d'octobre 1989. En avril 1990, M. Fraga est remplacé à la tête du PP par José María Aznar. Devenu le principal parti d'opposition de droite, le PP recueille 34,8 % de voix lors des élections de juin 1993, arrivant juste derrière le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).

2. De la victoire (1996) à la défaite (2004)

S'il devance légèrement le PSOE aux élections de mars 1996 (38,7 % contre 37,6 % des voix), il accède pour la première fois au pouvoir avec le premier gouvernement présidé par J. M. Aznar. Le parti remporte, en revanche, une victoire historique en 2000 avec 44,5 % des suffrages et la majorité absolue. Il part favori aux élections législatives de 2004 – avec pour candidat, Mariano Rajoy, secrétaire général depuis septembre 2003 et dauphin désigné de J. M. Aznar. Mais, sanctionné pour avoir privilégié la piste de l'organisation séparatiste basque Euskadi ta Askatasuna (ETA) lors des attentats terroristes qui frappent la banlieue madrilène le 11 mars, le PP perd le scrutin et ne recueille que 37,7 % des suffrages (148 sièges), contre 42,5 % (164 sièges) au PSOE.

3. Une cure d’opposition (2004-2011)

Présidé depuis octobre par M. Rajoy – J. M. Aznar étant nommé « président d'honneur » – il mène une politique d'affrontement systématique avec le gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero et concentre ses plus virulentes critiques sur les négociations menées par ce dernier avec l'ETA. Retrouvant son audience et dépassant même le PSOE en nombre de voix à l'occasion des élections municipales de mai 2007, le PP ne parvient pas à s'imposer aux législatives mars 2008, mais progresse de 5 sièges, tout comme son adversaire socialiste, contribuant à la bipolarisation croissante de la scène politique espagnole. M. Rajoy est reconduit à la tête du parti (juin) qui enregistre de nouveaux succès en 2009, en retrouvant la présidence du gouvernement autonome de Galice (mars) et en venant en tête des élections européennes (juin).

Par ailleurs, au Pays basque, obtenant la présidence du parlement, il accepte de signer un accord de gouvernement avec les socialistes pour mettre fin à l'hégémonie des nationalistes (mai). S’il progresse dans les sondages alors que son adversaire pâtit des effets de la crise économique, il doit faire face à un scandale de corruption impliquant plusieurs de ses dirigeants en octobre.

4. Le retour au pouvoir

Alors que le gouvernement socialiste affronte avec difficulté la crise économique et financière internationale qui se traduit en Espagne par une augmentation massive du chômage, le PP regagne le terrain sans pour autant présenter une alternative précise. Après s’être largement imposé aux élections locales et régionales du 22 mai 2011, il retrouve le chemin du pouvoir en novembre 2011 en réitérant son exploit réalisé en 2000 avec plus de 44 % des suffrages et la majorité absolue des sièges dans les deux chambres.

La politique d’austérité et les affaires de corruption l’affaiblissent cependant considérablement. Alors que de nouvelles forces politiques, à gauche avec le mouvement Podemos, et au centre autour du parti Ciudadanos, font une percée, le PP est d’abord sanctionné aux élections locales de mai 2015, perdant notamment la mairie de Madrid. Un reflux qui se confirme aux législatives suivantes.

S’il conserve sa première place devant le PSOE, il ne recueille que 28,7 % des suffrages aux élections de décembre avant de sortir relativement renforcé du scrutin anticipé de juin 2016 (33 %). Mais avec 137 députés sur 350 (contre 186 en 2011) il doit désormais négocier avec l’opposition. M. Rajoy est ainsi reconduit à la tête d’un gouvernement minoritaire grâce à un accord avec Ciudadanos et l’abstention d’une partie des socialistes.

À la suite de la condamnation du parti et de plusieurs de ses cadres à l’issue d’une enquête sur une vaste affaire de corruption, l’adoption d’une motion de censure entraîne la chute du gouvernement en juin 2018.

Pour en savoir plus, voir l'article Espagne : vie politique depuis 1976.