parti de Gauche
Parti politique français fondé en 2008.
1. Origine et idéologie
Formation politique issue du départ des figures de l’aile gauche du parti socialiste (PS) – Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez – à la suite du congrès de ce parti (novembre 2008).
Bâtie sur le modèle de la formation allemande Die Linke, le parti de Gauche vise à réunir, autour d'une ligne anti-libérale, altermondialiste, écologique, républicaine et laïque, les déçus du virage social-démocrate de la principale composante de l’opposition française, ainsi qu’une demi-douzaine de milliers de militants, qui se réclament de ces options idéologiques.
2. Le « Front de gauche »
Organisé au début 2009, le parti noue des contacts avec les groupes politiques de gauche et d’extrême gauche mais n’obtient en définitive que le ralliement du parti communiste français (PCF) à un « Front de gauche » destiné à présenter des listes communes de candidats hostiles au traité européen au Parlement de Strasbourg en juin 2009. La stratégie est payante pour les contractants puisque l’alliance des deux formations arrive en cinquième place avec près de 7,5 % des suffrages, permettant au PCF d’une part, d’enrayer une spirale du déclin et de maintenir ses positions, et au parti de Gauche d’autre part, de faire élire son principal leader, J.-L. Mélenchon.
Cet accord entre les deux formations est reconduit depuis. Aux régionales de 2010, le bon résultat à plus de 6 % des voix à l’échelle nationale (et 7,5 % dans les 17 Régions où il était présent) et les scores à deux chiffres (Limousin, où il se maintient au second tour et avoisine les 20 %, Auvergne, Nord-Pas-de-Calais et Corse) masquent toutefois un recul de la représentation dans les conseils (127 élus, soit 64 sièges de moins que dans les exécutifs sortants).
Il n’empêche : le Front de gauche et ses composantes apparaissent désormais comme un appoint indispensable aux contre-pouvoirs et à l'alternance, appelés de leurs vœux par les grands vainqueurs du scrutin, les socialistes. Cette tendance est encore plus patente lors des cantonales de mars 2011 : à près de 9 % au premier tour et 5 % au second, le Front de gauche permet au PCF de remporter 116 sièges, soit 8 de plus que précédemment, et de faire entrer dans les conseils généraux 5 représentants du parti de Gauche.
3. Objectif : présidentielle 2012
Le co-président de ce dernier, J.-L. Mélenchon, ne fait pas mystère de son intention de renouveler ce partenariat pour la présidentielle de 2012 : dès janvier 2011, il officialise sa candidature puis obtient, en juin, le ralliement derrière sa personne de l’appareil communiste, moyennant un accord très généreux pour les législatives qui s’ensuivront. Dans la foulée, il arrache l’approbation de cet arrangement électoral à près de 60 % des voix par les militants du PCF.
S’il perd ses 2 élus au Sénat, lors du renouvellement partiel de la chambre en septembre, le parti de Gauche se met en situation de faire entendre sa radicalité et de faire bouger les lignes à gauche lors des campagnes de 2012. De fait, la croissance continue de ses courbes de popularité, l’écho que ses analyses anti-libérales et anti-mondialisation recueillent dans l’opinion, et le succès de ses meetings font caresser à J.-L. Mélenchon courant mars la perspective de renouer avec le vote populaire et de devenir le « troisième homme » de l’élection présidentielle. Mais si le score du Front de gauche au soir du premier tour se révèle très honorable, il ne permet pas au candidat de damer le pion à Marine Le Pen qui, avec 17,9 % des voix, est très loin devant les 11,1 % obtenus par celui qui s’est employé à contester ses propres thèses et à la défier sur son propre terrain. Après avoir appelé à voter contre le président sortant, J.-L. Mélenchon n’en prend pas moins rendez-vous pour les législatives de juin.
Le co-président du Front de gauche entend poursuivre dans le cadre de ce scrutin le combat qu’il a mené lors de la campagne présidentielle et annonce à cette fin qu’il se présente dans la circonscription du Pas-de-Calais que guigne la présidente du Front national. Mais il essuie un échec dès le premier tour. De même, du fait de l’absence de conclusion d’un accord électoral avec les formations PS et EE-LV, et en raison du réflexe légitimiste des électeurs qui entendent donner à F. Hollande la majorité dont il a besoin pour gouverner, le Front de gauche doit se contenter d’un résultat médiocre : 6,9 % des voix le 10 juin, et au soir du 17, une dizaine seulement de députés, pour la plupart communistes : des trois sièges qu’il occupait, le Parti de Gauche ne sauve que celui de Marc Dolez. Avec l’appoint de représentants de l’outre-mer, il parvient finalement au chiffre de 15, seuil désormais fixé pour constituer un groupe à l’Assemblée, en l’occurrence celui de la Gauche démocrate et républicaine, qui se veut être la vigie sociale de la majorité portée au pouvoir.
4. Du soutien critique à l'opposition frontale
De fait, J.-L. Mélenchon comme les élus du Front dans les deux chambres ne tardent guère à manifester leur défiance face à l’orientation social-démocrate et à la politique d’austérité suivies par le gouvernement Ayrault – les uns en s’abstenant ou votant contre certains de ses projets de loi, et l’autre en tonnant contre le pouvoir socialiste. Mais l’opposition frontale qu’adopte celui qui se veut plus que jamais représenter le tribun du peuple ne manque pas d’embarrasser à la fois le gros de l’appareil communiste comme des cadres du Parti de gauche. Considérant qu’elle fait davantage le jeu de la droite extrême, M. Dolez, co-fondateur de ce mouvement, décide de le quitter en signe de protestation à la fin de 2012.
En outre, les militants appelés à se rassembler symboliquement dans le cadre d’une manifestation dite du grand « coup de balai » lors du premier anniversaire de l’élection de F. Hollande, s’interrogent sur la réalité des visées de J.-L. Mélenchon quand celui-ci évoque la possibilité d’en devenir le Premier ministre pour mener la politique qu’il ne cesse de prôner. Quant au PCF, soucieux de conserver ses bastions lors des municipales de 2014, et, pour ce faire, de nouer des alliances électorales avec les socialistes, il cherche à prendre ses distances par rapport à ce que d’aucuns dans le parti estiment confiner à de l’outrance verbale.
La relative bonne tenue des listes autonomes menées par le Front de gauche et les Verts en mars 2014, ainsi que, tout particulièrement, la conquête de Grenoble par cette coalition, semblent confirmer les analyses de J.-L. Mélenchon, favorable à une alliance avec les écologistes. Mais ces derniers, s’ils quittent le gouvernement et s’abstiennent désormais en nombre lors des votes de confiance à l’Assemblée, hésitent encore à saisir la main que les responsables du parti de Gauche cherchent à leur tendre. Et communistes et membres du parti de Gauche paient conjointement leurs récentes disputes lors des élections européennes de la fin mai : avec 6,33 % des voix, le Front de gauche marque le pas et, remportant 4 députés, perd un siège dans la nouvelle assemblée. Suprême affront pour J.-L. Mélenchon : c’est vers M. Le Pen que se sont tournées les inquiétudes et la colère populaires. Ce dernier décide alors de se retirer temporairement de la vie politique et démissionne de la vice-présidence du parti, tout comme Martine Billard. Tous deux laissent place à une direction collègiale, emmenée par Eric Coquerel.
Les succès des mouvements grec et espagnol Syriza et Podemos au début 2015 remettent en selle la grande figure tribunicienne du parti et semblent accréditer ses orientations, à savoir la possibilité d’une véritable alternative à gauche – pourvu que celle-ci soit rassemblée et parvienne à entraîner les déçus du PS. Toutefois, les conditions en France ne paraissent pas encore réunies : d’une part, les communistes sont à la manœuvre, négociant continûment avec les socialistes pour préserver leurs places fortes lors des scrutins successifs et n’hésitant pas en février à voter avec la droite la motion de censure contre le gouvernement à l’Assemblée, d’autre part, les alliances nouées avec les écologistes pour les départementales de mars restent circonstancielles, fragiles – et peu probantes. Elles n’en sont pas moins prolongées ponctuellement lors des élections régionales de décembre, malgré les réticences communistes et la brouille récente survenue entre J.-L. Mélenchon et C. Duflot. Sans plus de succès, puisqu’à l’issue du scrutin, le parti ne garde que 7 des 17 conseillers précédemment élus.
5. La fin du Front de gauche
Les divergences de vues avec les cadres du PCF s’accroissent après la déclaration de candidature à la présidentielle de 2017 que J.-L. Mélenchon fait unilatéralement le 10 février 2016. Réunis dans une même lutte contre la réforme du droit du travail, que le gouvernement impose finalement en juillet 2016, communistes, J.-L. Mélenchon, ses soutiens, et ce qui reste des membres d’un parti de Gauche de plus en plus affaibli ne peuvent que finalement dresser le constat de leurs désaccords et signer au même moment l’acte de divorce de leur union dans le front de Gauche.
Pour en savoir plus, voir l'article France : vie politique depuis 1958.