guerre germano-soviétique (1941-1945)
Conflit qui opposa, de 1941 à 1945, l'URSS, aidée par les alliés occidentaux, au IIIe Reich, soutenu par l'Italie et les puissances satellites de l'Axe.
1. L'invasion de l'URSS (1941-1942)
Retardée d'un mois par la campagne des Balkans, l'offensive générale du Reich contre l'URSS, minutieusement mise au point depuis l'automne de 1940 par l'état-major allemand, se déclenche le 22 juin 1941.
Les forces allemandes et satellites (190 divisions, 3 700 chars, 4 000 avions), aux ordres de Walter von Brauchitsch, sont articulées en trois groupes d'armées (von Leeb, Bock et Rundstedt), ayant pour objectifs Leningrad, Moscou et Kiev.
170 divisions leur sont opposées, commandées au nord par Kliment Vorochilov, au centre par Semion Timochenko et au sud par Semion Boudionnyï.
Les chars allemands s'enfoncent dans le dispositif soviétique pour se rabattre sur les arrières des unités dépassées. Au N., von Leeb progresse en direction de Tallinn (où il est arrêté jusqu'au 25 août), de Pskov et de Velikie Louki ; le 10 septembre, après avoir rompu la ligne Staline, il bloque Leningrad et fait, près de Vitebsk, sa liaison avec les forces du centre. Celles-ci, après avoir détruit à Minsk d'importantes armées soviétiques, atteignent le Dniepr supérieur. Smolensk tombe le 10 août, mais Fedor von Bock est contraint à la défensive pendant que Gerd von Rundstedt liquide les armées soviétiques d'Ouman (8 août) et de Kiev (19 septembre), et que S. Boudionnyï se replie sur le Dniepr inférieur.
1.1. La bataille de Moscou (hiver 1941-1942)
La bataille de Moscou s'ouvre alors dans la ruée des chars de Heinz Guderian, et de von Weichs sur Orel et Briansk, de ceux de Hoth et d'Erich Hoepner sur Viazma, puis ce sont les combats sanglants qui permettent à Gueorgui Joukov de bloquer l'avance allemande devant la capitale (décembre).
Pour en savoir plus, voir l'article bataille de Moscou.
Simultanément, le groupe d'armées Sud prend Kharkov (24 octobre), Koursk (3 novembre), atteint le Don supérieur, puis Rostov, d'où il est rejeté le 29 novembre.
1.2. La campagne de Crimée
Toute la Crimée est occupée, à l'exception de Sébastopol, dont le siège ne prendra fin qu'en juin 1942 (→ campagne de Crimée).
1.3. L'offensive allemande vers Bakou et le Caucase
L'hiver très rude permet aux Russes de dégager Moscou et de contre-attaquer sur le Donetz inférieur. Mais, avec l'été, la nouvelle offensive allemande de 240 divisions, bien que devancée par une attaque russe sur Kharkov, va entraîner de nouveaux succès. Elle est lancée le 28 juin. Si Bock est bloqué par la résistance russe vers Voronej, Friedrich Paulus et Ewald von Kleist franchissent le Don, le premier vers la Volga (les défenses extérieures de Stalingrad sont atteintes le 20 août), le second vers Bakou et le Caucase. Rostov (24 juillet), l'Elbrous (21 août), Novorossisk (10 septembre) sont occupés mais l'offensive s'arrête devant Groznyï et Ordjonikidze.
2. La libération du territoire soviétique (1943-1944)
2.1. La bataille de Stalingrad
Devant les difficultés d'ordre logistique qu'impose la direction d'un front de 2 000 km, à une telle distance de leurs bases, les Allemands, qui sont encore à 600 km de Bakou, leur objectif stratégique, doivent arrêter leur progression. Malgré l'avis de ses conseillers, Hitler s'acharne à la conquête de Stalingrad, où la Wehrmacht subit, le 31 janvier 1943, l'échec le plus cuisant du conflit.
Pour en savoir plus, voir l'article bataille de Stalingrad.
2.2. Première grande offensive soviétique (septembre 1942-février 1943)
Du côté soviétique, au contraire, sont à pied d'œuvre les réserves patiemment concentrées sur les arrières du front et pourvues en matériel par les usines d'armement hâtivement installées dans l'Oural et le Turkestan ainsi que par les livraisons américaines, dont la cadence ira en s'accentuant jusqu'à la fin du conflit. Le 7 septembre 1942, Staline lance son fameux ordre du jour interdisant tout recul à ses troupes ; le 19 novembre se déclenche la première grande offensive soviétique, menée par Konstantine Rokossovski et Andreï Ieremenko, qui, après avoir dégagé Stalingrad, donnent le signal d'une immense poussée en avant de l'Armée rouge.
En un premier temps, les forces soviétiques contraignent les Allemands à évacuer la boucle du Don. Progressant de 600 km en 45 jours, elles libèrent Rostov le 14 février et refoulent les Allemands dans la tête de pont du Kouban.
En décembre, l'offensive s'étend au N. où Nikolaï Vatoutine, traversant le Don gelé, libère Koursk le 8 février 1943 et Kharkov le 16, mais il est en chassé par une contre-attaque allemande. Au N., la Wehrmacht recule à 300 km de Moscou.
2.3. La campagne de l'été 1943
La campagne de l'été 1943 fait faire à l'Armée rouge un bond de 400 km. Elle est précédée le 4 juillet par l'opération « Citadelle », contre-attaque allemande contre le saillant de Koursk. Mais dès le 13 part de Viazma la grande offensive soviétique qui, en deux jours, rompt le front allemand sur 40 km. Orel tombe le 5 août, Briansk le 17, Kharkov le 23, Stalino le 8 septembre, Smolensk le 25, Krementchoug le 29. Au début d'octobre, les Russes bordent le Dniepr des abords de Kiev à Zaporojie. Le 7 octobre, ils le franchissent au N. et au S. de Kiev, et au S.-E. de Krementchoug, d'où Ivan Koniev s'élance le 17 sur Krivoï-Rog, tandis que Fiodor Tolboukhine nettoie la côte nord de la mer d'Azov. Le 6 novembre, Kiev est libérée, et les Soviétiques poussent aussitôt en direction de Jitomir et de Korosten.
2.4. Seconde offensive soviétique (décembre 1943-avril 1944)
Mais une violente contre-attaque menée le 17 novembre sur leur flanc gauche par Erich von Manstein, avec 150 000 hommes et 1 500 chars, reprend les deux villes, tandis que la garnison allemande de Krivoï-Rog poursuit sa résistance. L'offensive soviétique reprend le 24 décembre et s'achève en avril 1944, après la libération de la plus grande partie du territoire soviétique.
Elle débute dans le secteur de Kiev, où l'Armée rouge tente de couper en deux les forces allemandes : Korosten et Jitomir sont d'abord reconquises (31 décembre), puis Rovno et Loutsk (3 février), mais une contre-attaque de Manstein sur Vinnitsa bloque de nouveau l'avance russe.
Le 15 janvier 1944, l'offensive reprend au N., le lac des Tchoudes est atteint en février. Une seconde phase débute le 3 février sur le front sud, de Sarny à Kherson : le 11 mars, Koniev enlève Ouman, traverse le Dniestr le 20 ; à sa gauche Rodion Malinovski entre à Odessa le 10 avril.
La chute de Sébastopol, le 9 mai, marque la fin de la résistance allemande en Crimée. Enfin, le 4 mars, partant de Loutsk et de Rovno, Joukov lance ses troupes dans les Carpates ; le 5 avril, elles occupent Ternopol (auj. Ternopil). La frontière soviétique est franchie en Roumanie et en Pologne.
3. L'offensive soviétique dans les Balkans et en Europe centrale (1944-1945)
3.1. Libération des pays Baltes
Quand s'ouvre la campagne d'été de 1944, l'Armée rouge compte 8 millions de combattants, répartis en onze fronts, auxquels la Wehrmacht ne peut opposer que 210 divisions. Le 22 juin, l'offensive débute au N. des marais du Pripet et s'étend bientôt sur un front de 1 200 km. Après la chute de Vitebsk, Ivan Bagramian franchit la Dvina, tandis que Leonid Govorov entre à Tallinn le 23 août. Riga tombe le 13 octobre, entraînant l'évacuation des pays Baltes par la Wehrmacht.
Le 18, la frontière prussienne est atteinte à Goldap (→ campagnes de Prusse-Orientale). Au centre, Minsk est libérée le 3 juillet, Lublin le 26. Le 1er août, en même temps que Kovno, sont atteints les faubourgs de Varsovie, où, malgré l'insurrection des patriotes polonais, la capitale doit attendre cinq mois l'entrée des Soviétiques. Le 15 juillet, Koniev attaque dans les Carpates, franchit la Vistule : Lwów et Przemyśl tombent du 27 au 30 juillet.
3.2. L'offensive soviétique et alliée dans les Balkans
Enfin, dans les Balkans, Malinovski et Tolboukhine prennent Iaşi et Kichinev (23 août). L'Armée rouge est à Bucarest le 31 août et entre à Sofia le 15 septembre. Alors que partout le front se stabilise pendant l'hiver, la progression continue en Transylvanie. Malinovski atteint Timişoara et Debrecen en octobre, tandis que Tolboukhine, en liaison avec Tito et renforcé des divisions bulgares, entrent à Belgrade le 20 et, remontant aussitôt entre Danube et Drave, déborde Budapest, point fort de la résistance adverse ; le 7 décembre, ses troupes sont au lac Balaton, où elles se heurtent à un solide front allemand sur la ligne Budapest-Nagy, prolongée vers Zagreb par les troupes de von Weichs, péniblement repliées de Grèce. (Ce front tiendra jusqu'au 15 mars 1945).
3.3. La dernière campagne (janvier-mars 1945)
La dernière campagne de la guerre commence le 12 janvier 1945, menée par huit groupes d'armées, dont la progression sera ininterrompue. Ivan Tcherniakhovski s'empare de la Prusse-Orientale, K. Rokossovski débouche de la Narew, enlève Thorn (Toruń), le 1er février, atteint la Baltique près de Rugenwald (mars), entre à Stettin le 26 avril et, le 3 mai, opère à Wismar sa liaison avec les Britanniques.
En Pologne centrale, Joukov entre à Varsovie le 17 janvier et pousse en direction de Küstrin, qui tombe le 12 mars. La rive droite de l'Oder est, à cette date, entre les mains de l'Armée rouge.
Le 16 avril commence la bataille pour Berlin, qui tombe sous les coups conjugués de Joukov et de Koniev le 2 mai. Ce dernier, parti de Sandomir le 12 janvier, était le 18 à Cracovie et avait franchi l'Oder en Silésie, négligeant Breslau (Wrocław), qui ne capitulera que le 7 mai. Il se heurte pourtant à une sérieuse résistance, tant sur la Neisse que sur la ligne Ratibor (Racibórz)-Teschen (Cieszyn), qui couvre Vienne, et tiendra jusqu'au bout. Le 16 avril, il déclenche sa dernière offensive, qui l'amène le 25 au contact des troupes de Joukov, à Postdam et de celles de George Patton à Torgau.
Dans le Sud, enfin, Malinovski pousse sur Bratislava (7 avril) et sur Vienne, où il entre le 13 en liaison avec Tolboukhine, qui, après avoir pris Budapest (13 février) et fait sauter le verrou du Balaton (mars), marche vers Steyr au-devant des troupes américaines.