coup d'État du 2 décembre 1851
Coup d'État par lequel Louis Napoléon Bonaparte renversa la République parlementaire et prépara la restauration de l'Empire.
1. Le défenseur du suffrage universel et de la souveraineté électorale
Le mandat de Louis Napoléon Bonaparte, élu président de la République le 10 décembre 1848, arrive à expiration au début de l'année 1852, et le prince-président n'est pas rééligible, selon les termes de la Constitution. Après avoir demandé une révision de celle-ci à l'Assemblée législative, qui, à majorité monarchiste, la refuse, Louis Napoléon envisage la solution du coup d'État.
Profitant de la division de ses adversaires orléanistes et légitimistes, et de la confusion parlementaire, il rallie à sa cause l'opinion publique travaillée par la société du Dix-Décembre (société fondée en 1849 par des amis du prince-président pour faire de la propagande politique en sa faveur). Il se présente comme le défenseur du suffrage universel et de la souveraineté électorale supprimée par la loi du 31 mai 1850.
Avec l'accord de ses confidents, son demi-frère Morny, Persigny et Rouher, et après avoir confié à des hommes sûrs les postes-cles : le commandement des troupes de Paris au général Magnan, le ministère de la Guerre au général de Saint-Arnaud, la Préfecture de police àMaupas, il choisit pour agir la date du 2 décembre, doublement napoléonienne, car date anniversaire du sacre de Napoléon Ier et de la bataille d'Austerlitz.
2. Le coup d'État
Dans la nuit du 1er au 2 décembre, alors qu'il donne à l'Élysée une brillante réception, l'opération est déclenchée. Les chefs de l'oppositon parlementaire sont surpris à leur domicile et emprisonnés, le palais Bourbon est occupé par le général Espinasse. Au matin du 2 décembre, deux proclamations sont affichées sur les murs de Paris, l'une est adressée au « peuple, le seul souverain », et l'autre à l'« armée, élite de la Nation », accompagnée d'un décret qui annonce la dissolution de l'Assemblée législative et le rétablissement du suffrage universel.
Envion 120 députés, rassemblés par Odilon Barrot à la mairie du Xe arrondissement, sont rapidement arrêtés, et les quelques noyaux de résistance qui se forment dans les quartiers populaires avortent, rapidement balayés par l'armée. Celle-ci tire sur la foule, faisant 300 morts et mettant fin aux velléités de lutte dans la capitale. Le député Baudin tente an vain de soulever les ouvriers parisiens mais esttué sur une barricade, faubourg Saint-Antoine, le 3 décembre. En province, la résistance au coup d'État vient surtout des campagnes, principalement dans le centre et le sud de la France, où les combats de poursuivent quelque temps. L'opposition politique est brisée : 10 000 transportations en Algérie et 10 000 banissements, 80 expulsions du sol français (parmi lesquelles Victor Hugo, Edgar Quinet, Adolphe Thiers, etc.).
Le coup d'État est légalisé par un plébiscite (21-22 décembre) qui accorde à Louis Napoléon les pleins pouvoirs pour établir une Constitution. Promulguée le 14 janvier 1852, celle-ci instaure le second Empire.
Pour en savoir plus, voir l'article Napoléon III.