Parti radical et radical-socialiste
Parti politique français fondé en 1901, qui a joué un rôle de premier plan, principalement sous la IIIe République (→ radicalisme).
En 1973, une partie de ses adhérents fonde le Mouvement des radicaux de gauche (MRG), qui, changeant plusieurs fois d'appellation à partir de 1994, prend en 1998 le nom de parti radical de gauche (PRG). L'autre tendance (parti radical) constitue de 1978 à 2002 une des composantes de l'Union pour la démocratie française (UDF), avant de devenir un parti associé à l'Union pour un mouvement populaire (UMP) puis de s’émanciper de cette formation tout en lui restant proche à partir de 2011.
1. Le parti radical
1.1. Sous la houlette de Jean-Louis Borloo (2005-2014)
Longtemps présidé par André Rossinot (1983-1988, 1993-1997, 2003-2005), le parti radical est par la suite dirigé par Jean-Louis Borloo (coprésident de 2005 à 2007, président de 2007 à 2014). Déçu de ne pas succèder à François Fillon comme Premier ministre, J.-L. Borloo décide de quitter le gouvernement en novembre 2010 puis de consacrer l’indépendance de la formation qu’il préside de l’UMP en mai 2011, en lui faisant intégrer – aux côtés d’autres partenaires centristes – une toute nouvelle Alliance républicaine écologiste et sociale (ARES).
Renonçant finalement à porter les idées de cette sensibilité politique lors de la présidentielle de 2012, il rallie le président sortant et candidat Nicolas Sarkozy en mars 2012, mais à l’issue de la défaite de ce dernier et du changement de majorité, crée, en juin 2012, pour les élus de son parti et ses alliés, un groupe parlementaire d’Union des Démocrates et Indépendants (UDI). En octobre, celui-ci se mue, sous sa houlette, en formation à part entière, fédérant notamment, comme dans l’ancienne UDF, les radicaux valoisiens, le Nouveau Centre, l’Alliance centriste, ainsi que des élus de l’UMP réfractaires à la ligne très droitière suivie par leur mouvement.
En novembre 2013, l’UDI et le MoDem se rapprochent dans le cadre d’une structure commune très souple, appelée L’Alternative, afin de mieux défendre les principes et intérêts du centre droit lors des échéances électorales. Si celle-ci semble consacrer le retour dans le giron d’un François Bayrou déçu par les orientations prises par le chef de l'État François Hollande, elle n’impose pas de sanction aux nombreux candidats MoDem présents sur les listes municipales menées par le PS et, de fait, souffre de la variabilité de ses stratégies d’alliance, comme de l’accident de santé qui conduit J.-L. Borloo à se retirer de la vie politique au début 2014. Il n’empêche : à l’issue du scrutin de la fin mars 2014, 115 villes de plus de 10 000 habitants, dont une trentaine de plus de 30 000 comme Nancy, Amiens, Bourges mais aussi les symboliques Niort et Pau se choisissent des édiles du centre. Et l’association des formations leur permet d’améliorer le score de 2009 de près d’un point et demi à 9,9 % des voix et de gagner un siège supplémentaire (7) aux élections européennes de mai 2014. Mais les arbitrages entre UDI et MoDem continuent à poser problème dans l’attente de leur possible et difficile clarification lors du congrès prévu pour novembre.
1.2. Laurent Hénart (2014-)
Des élections internes départagent en juin 2014 les prétendants à la succession de J.-L. Borloo à la présidence du parti radical : avec 61 % des voix contre 39 % pour sa rivale Rama Yade, c’est à Laurent Hénart, héritier d'A. Rossinot à la mairie de Nancy, qu’échoient les rênes du groupe. À la fin de septembre, il obtient la reconduction de ses 6 sénateurs, auxquels s’adjoignent 4 autres membres de la Haute assemblée. Et peu après, c’est Yves Jégo qui représente cette sensibilité du centre droit lors du scrutin organisé au sein de l’UDI ; mais éliminé du second tour, il fait le choix de soutenir Jean-Christophe Lagarde qui bat Hervé Morin, prend le contrôle de la formation et, depuis, s’emploie à lui faire prendre la voie d’une coopération fructueuse avec l’UMP.
2. Les radicaux de gauche
En 1981, les radicaux de gauche présentent un candidat à la présidentielle, Michel Crépeau, qui n'obtient que 2,09 % des voix. Depuis, à l'exception de l'élection de 2002, qui voit Christiane Taubira porter leurs couleurs et réunir 2,32 % des suffrages, ils soutiennent les candidats du parti socialiste (PS) avec lequel ils négocient des accords, notamment pour les consultations législatives et locales. Marginalisés par les socialistes, ils constituent le plus souvent une formation d'appoint de la gauche modérée, mais connaissent un succès ponctuel aux européennes de 1994, la liste que mène alors Bernard Tapie (12,03 %) talonnant celle de Michel Rocard (14,49 %).
Défenseurs de la laïcité, ils sont partagés entre des sociaux-libéraux ancrés au centre voire au centre droit, et des républicains davantage marqués à gauche. Faute de pouvoir former leur propre groupe parlementaire, les 9 députés du PRG élus en juin 2007 siègent dans celui des socialistes.
Un temps séduits par l’ouverture proposée par Nicolas Sarkozy, inquiets de l’état de leur vieil allié le PS, et désireux de renouer avec leurs homologues du parti radical pour créer un mouvement du centre susceptible de concurrencer le MoDem, les radicaux de gauche restent finalement fidèles à leur tropisme traditionnel et, lors des élections municipales et régionales de 2008 et 2010, présentent le plus souvent des listes communes avec le PS, obtenant notamment, avec Paul Giacobbi, le contrôle de la Corse. De leur côté, contribuant à clarifier un peu plus les positions des uns et des autres, les radicaux de droite font le choix de s’associer à l’UMP.
Malgré un score en apparence faible (1,6 % des voix au premier tour, et 1,5 % au second), le PRG consolide ses positions dans les conseils généraux lors des cantonales de mars 2011, obtenant, avec 51 sièges, 7 élus supplémentaires, et renforçant un peu plus le poids de la gauche dans les départements.
Surtout, en annonçant au début de juillet son intention de participer aux primaires que le PS organise pour désigner son candidat à la présidentielle de 2012, le chef du PRG, Jean-Michel Baylet, confirme l’ancrage politique de son mouvement. N’obtenant que 0,6 % au premier tour de ce scrutin en octobre, il appelle à soutenir F. Hollande, arrivé en tête, et rejoint l’équipe de campagne que ce dernier met en place après qu’il a été élu et investi par son parti.
Soutien sans faille du candidat socialiste, le mouvement récolte une partie des fruits de sa victoire en mai 2012 : le nouveau Premier ministre Jean-Marc Ayrault fait de Christine Taubira sa garde des Sceaux, tandis qu’il appelle Sylvia Pinel à l’Artisanat, au Commerce et au Tourisme. Anne-Marie Escoffier les rejoint à la Décentralisation dans l’équipe élargie qui est composée après les législatives de juin. À l’issue de ces dernières, le parti renforce sa représentation dans l’hémicycle, avec désormais treize députés et la possibilité de constituer un groupe parlementaire grâce à l’appoint de deux divers-gauche. Son rôle d’appui du gouvernement se trouve renforcé à l’issue des huit législatives partielles qui s’échelonnent de décembre 2012 à juin 2013 et voient les candidats socialistes sévèrement défaits, et la petite majorité PS à l’Assemblée réduite d’autant.
Victimes collatérales de la déroute socialiste aux municipales de mars 2014, ils enregistrent notamment la perte symbolique de leur bastion bastiais, passé aux mains des nationalistes modérés. Mais ils ne font pas les frais du remaniement qui s’ensuit : l’apparentée C. Taubira conserve la Justice, S. Pinel hérite du ministère du Logement, tandis qu’Annick Girardin devient secrétaire d’État à la Francophonie et que son collègue Thierry Braillard obtient les Sports. Ils font élire fin mai, non sans mal, une de leurs représentantes au Parlement européen sur la liste PS du Sud-Ouest, et, par ailleurs, cherchent à torpiller la nouvelle carte régionale que le chef de l'État et le Premier ministre Manuel Valls s’emploient tout aussi difficilement à faire advenir. Après l’obtention de concessions concernant les conseils généraux des départements ruraux, ils rangent leur menace de quitter les équipes Valls successives, mais ne peuvent que concèder à la fin septembre la perte de 7 sièges au Sénat, dont celui de leur chef, Jean-Michel Baylet. Si ce dernier fait partie des rares élus de gauche au premier tour du scrutin départemental de mars 2015, il n’en doit pas moins finalement se résigner à abandonner la présidence du conseil de son fief du Tarn-et-Garonne et subir lui aussi la sanction administrée à la gauche par les électeurs.
Pour en savoir plus, voir les articles France : vie politique depuis 1958, Ve République.