MoDem

acronyme de Mouvement démocrate

Formation politique française issue de l'Union pour la démocratie française (UDF) en 2007.

1. Création

Au soir du second tour de l'élection présidentielle de mai 2007, François Bayrou annonce la création d'une formation politique, porteuse des valeurs centristes et européennes qu'il a défendues, et issue de l'Union pour la démocratie française (UDF) qui l'a soutenu dans sa campagne : le Mouvement démocrate, ou MoDem.

Accepté par le conseil national du parti le 10 mai et lancé le 24 mai dans le cadre de la préparation des législatives – malgré la défection de la plupart des députés sortants partis rejoindre, au sein d'un Nouveau Centre, la majorité présidentielle –, le MoDem reçoit l'appui de Corinne Lepage, de l'organisation écologiste modérée Cap 21, et de l'ancien secrétaire national des Verts, Jean-Luc Bennahmias. Il reste cependant écartelé entre une base plutôt orientée à gauche et un appareil traditionnellement ancré à droite.

Au premier tour des législatives de juin, il obtient 7,76 % des suffrages mais seulement 4 sièges dans la nouvelle Assemblée. Soucieux de leur indépendance par rapport tant au pouvoir exécutif qu'à l'opposition, mais inquiets de l'écrasante domination de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) sur la vie politique française, les députés MoDem emmenés par F. Bayrou ne votent pas la confiance au gouvernement Fillon et optent pour une stratégie de vigilance critique voire d’opposition au nouveau pouvoir.

Le congrès fondateur du mouvement se tient les 1er et 2 décembre 2007.

2. Résultats électoraux

Après la défaite des élections municipales de mars 2008, le MoDem, sanctionné pour avoir mené une campagne nettement antisarkozyste, n'obtient que 8,45 % des suffrages (6 sièges) aux élections européennes de juin 2009.

Sa marginalisation lors des régionales de mars 2010 (4,31 % des voix, élimination du second tour dans toutes les Régions sauf en Aquitaine) remet davantage en cause la stratégie d’indépendance, le mode de fonctionnement et le leadership de F. Bayrou. Elle jette également une lumière crue sur l’absence ou l’incohérence de ses choix tactiques, au point d’obérer le devenir d’une formation en proie aux divisions (contestations internes lors de la formation des listes, défection de C. Lepage), ainsi que l’avenir politique de son président, de plus en plus isolé.

Le remaniement ministériel de la mi-novembre 2010 écarte nombre de centristes du gouvernement, et par là, dégage la voie à un possible candidat issu de cette sensibilité. François Bayrou est donc tout naturellement reconduit en décembre 2010 à la tête du mouvement (à une écrasante majorité de près de 95 % des voix). Le très faible score du MoDem aux cantonales de mars 2011 (autour de 1 % des voix au premier comme au second tour, et seulement 16 élus) et la double concurrence temporaire de Jean-Louis Borloo et d'Hervé Morin, son ancien second passé au Nouveau Centre ne sont pas de nature à entraver la détermination d'un homme qui, sans véritables troupes ni grands moyens, entend bien jouer les trouble-fête dans la campagne présidentielle de 2012.

De fait, après avoir annoncé sa candidature à la fin 2011 puis enregistré des ralliements de poids au sein de la famille chrétienne sociale peu prompte à rejoindre le champion de la droite, N. Sarkozy, F. Bayrou fait tout d’abord figure de troisième homme. Mais le positionnement au centre de F. Hollande et la polarisation de l’échéance ont tôt fait de le priver de marges électorales et d’arrêter net son ascension dans les sondages.

Au soir du premier tour, le 22 avril 2012, il n’arrive que cinquième, avec 9,13 % des suffrages. Choqué par l’accentuation du tournant droitier prise par le président sortant, il rompt avec les usages du courant qu’il incarne et se prononce publiquement à titre personnel en faveur du candidat socialiste. Ce geste, plutôt en phase avec les options de son électorat, ne lui permet toutefois pas de conserver son fauteuil à l’Assemblée : aux législatives de juin, malgré la manifestation de soutien implicite que constitue sa réception par le nouveau chef de l’État, il affronte, dans le cadre d’une triangulaire, des concurrents présentés respectivement par les appareils UMP et PS, et doit laisser son siège à la jeune représentante de gauche. Le chef d’un MoDem décapité – avec seulement 2,3 % des voix et deux uniques députés – semble contraint à subir une nouvelle traversée du désert, d’autant plus que J.-L. Borloo, à la tête d’une nouvelle Union des Démocrates et Indépendants (UDI), lui conteste plus que jamais la parole centriste.

3. Clarification, recadrage et recentrage à droite

Pourtant, la traversée du désert ne dure guère. Appelé à se fondre progressivement à partir de novembre 2013 dans une grande alliance centriste avec l’UDI sous l’étiquette de L'Alternative, le MoDem part aux élections municipales de mars 2014 en ordre dispersé, tantôt avec le PS comme par exemple à Lille ou à Marseille, tantôt avec l’UDI et, le plus souvent, sur des listes communes de la droite et du centre, comme à Paris ou à Bordeaux… Mais avec au total entre 16 et 20 % des voix là où il se présente, il obtient un score plus qu’honorable et remporte une demi-douzaine de villes de plus de 30 000 habitants, dont la symbolique Pau, qui s’offre à F. Bayrou. Celui-ci profite en outre du retrait forcé de J.-L. Borloo pour peser davantage au sein de L’Alternative et pérenniser les arbitrages favorables à son mouvement.

Aux élections européennes de la fin mai, les quelque 10 % des voix que la nouvelle formation parvient à décrocher lui permettent d’envoyer à Strasbourg 4 représentants MoDem et 3 UDI. Non sans que les perspectives d’union renforcée entre les deux composantes fassent craindre en interne un possible phagocytage de L’Alternative par le MoDem et sa mise au service des intérêts politiques personnels du leader béarnais…

La stratégie du retour à droite suscite remous et dissidences, de la part notamment des anciens écologistes du mouvement qui se rassemblent au début de l’automne 2014 au sein d’un Front démocrate destiné à poursuivre l’ouverture à gauche. Elle ne convainc pas davantage Nicolas Sarkozy, qui, revenu à la tête de l’UMP, continue à voir en F. Bayrou un traître – et/ou l’allié de son principal concurrent aux primaires, Alain Juppé. Mais à l’inverse, elle contribue à l’entrée dans les exécutifs locaux d’une partie de la quarantaine de conseillers départementaux élus en mars 2015, ainsi qu’à la récupération de la présidence des Pyrénées-Atlantiques.

Cette stratégie d’alliance, que le mouvement prolonge lors des régionales de décembre, malgré de vives réticences initiales envers le chef de file en Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, jugé trop droitier, s’avère payante. Présent sur des listes communes LR-UDI dans onze régions métropolitaines sur douze, à l’exception de la Bourgogne-Franche-Comté, où le ticket indépendant MoDem ne dépasse guère les 3 %, le parti décroche une soixantaine de sièges dans les nouveaux conseils.

Mais, réfractaire à la surenchère qu’entraîne selon lui ce genre de processus, F. Bayrou balaye toute idée de participation aux primaires de la droite – sans pour autant rejeter la perspective d’une nouvelle campagne présidentielle dans l’hypothèse où le candidat qu’il soutient, A. Juppé, ne parviendrait pas à se qualifier.

Pour en savoir plus, voir les articles France : vie politique depuis 1958, Ve République.