PTI

sigle de parti travailliste d'Israël

Parti politique israélien constitué en janvier 1968 par le regroupement des partis Mapai, Ahdout ha-Avoda et Rafi.

Rénové par Abba Eban, Moshe Dayan et surtout Shimon Peres – son président à partir de 1977 –, il est la principale force opposée au Likoud.

1. L’expérience du pouvoir depuis les années 1980

En 1984, les deux grands partis israéliens constituent un gouvernement d'union nationale (dirigé de 1984 à 1986 par S. Peres). Cette collaboration entre les travaillistes et le Likoud, bien que parfois difficile, se poursuit avec la formation, en 1988, d'un nouveau cabinet d'union. Passé dans l'opposition après la constitution d'un gouvernement de droite (1990), le parti travailliste revient au pouvoir après sa victoire aux élections législatives de juin 1992. Yitzhak Rabin – qui a succédé en février à S. Peres à la tête du parti – est nommé Premier ministre en juillet. Après son assassinat en novembre 1995, S. Peres reprend la direction du parti et forme un gouvernement de transition, jusqu'aux élections générales de mai 1996. Le parti travailliste, qui subit un net recul (de 34,7 % à 27,5 % des voix), arrive cependant en tête, devançant de peu le Likoud. Mais la défaite électorale de S. Peres, candidat au poste de Premier ministre, à l’issue de la première élection de ce dernier au suffrage universel direct, renvoie le parti dans l'opposition.

Sous la direction d'Ehoud Barak (1997-2001), grand vainqueur de l’élection anticipée de 1999 avec 56 % des voix, le parti arrive largement en tête à la Knesset mais avec 20 % des suffrages et 26 sièges contre 34 au cours de la précédente législature.

2. Un parti en perte de vitesse

Miné par l'échec des accords de Washington (1993) sur le processus de paix, le parti travailliste voit ainsi s'effriter fortement sa base électorale au fur et à mesure que la situation sécuritaire et économique du pays se détériore ; en 2001, E. Barak est largement battu à la dernière élection directe pour le poste de Premier ministre.

Le parti est dirigé, à titre provisoire, par Shimon Peres (mai-septembre 2001) puis, à partir de décembre 2001, par Benyamin Ben Eliezer. Sa participation, controversée, au gouvernement de coalition emmené par le Likoud et l'alignement du ministre de la Défense Ben Eliezer sur le chef de gouvernement Ariel Sharon à propos du dossier palestinien, achèvent de brouiller son image.

Lors des élections législatives anticipées de janvier 2003, le parti travailliste n’obtient plus que 14,4 % des voix, entraînant, en mai 2003, la démission de son président (depuis novembre 2002), Amram Mitzna. À nouveau dirigés depuis juin 2003 par S. Peres, les travaillistes acceptent de participer au gouvernement d'union nationale formé par A. Sharon en 2005, mais s'en retirent en novembre après l'arrivée à la tête du parti d'Amir Peretz, le leader de la centrale syndicale Histadrouth. Sous la direction de ce dernier, le parti travailliste prend un virage social-démocrate en mettant en avant la question sociale et la défense des plus défavorisés. Cette inflexion lui permet de préserver ses 19 mandats à la Knesset lors des élections législatives de mars 2006, bien que certains travaillistes (S. Peres, Haïm Ramon, etc.) aient rejoint le nouveau parti Kadima. Il devient partenaire de ce dernier au sein d'un gouvernement dirigé par Ehoud Olmert, mais le semi-échec de la guerre au Liban affaiblit Amir Peretz, devenu ministre de la Défense, et accroît les contestations internes. En juin 2007, Amir Peretz doit abandonner ses fonctions ministérielles et la direction du parti. Ehoud Barak le remplace dans ces deux postes.

Aux élections anticipées de février 2009, le parti travailliste réalise le plus mauvais score de son histoire (9,9 % des suffrages) et n'obtient que 13 mandats : pour la première fois depuis la création de l'État, il ne figure plus parmi les deux partis arrivés en tête. Pire même, il est ramené à la quatrième place, devancé non seulement par Kadima et le Likoud mais aussi par la formation d'extrême droite Israël Beitenou (Israël notre maison). Cette désaffection reflète la crise persistante d'identité d'un parti qui peine à trouver ses marques dans un paysage politique en pleine transformation. La décision, prise par Ehoud Barak, de rejoindre le gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou suscite une profonde contestation tant parmi les députés que chez les militants.

Sentant l'opposition interne croître, Ehoud Barak décide de prendre les devants en abandonnant la tête du parti en janvier 2011 et en créant une nouvelle formation, Atzmaout (Indépendance). À la suite de primaires tenues en septembre, le PTI se dote d'une nouvelle présidente, Shelly Yacimovich, journaliste de radio et de télévision, députée depuis 2006 et particulièrement engagée dans les questions sociales et économiques. Seconde femme à diriger le PTI après Golda Meir, au début des années 1970, elle conduit le PTI lors des élections législatives de janvier 2013 avec un succès mitigé puisque le parti ne gagne que deux sièges, passant de 13 à 15 mandats. Ce résultat en demi-teinte a fait croître la contestation interne et conduit à de nouvelles élections en novembre 2013 qui devaient aboutir à l’élection d’un nouveau président, Yitzhak (ou Isaac) Herzog, déjà plusieurs fois ministre, et fils de l’ancien président de l’État d’Israël, Chaïm Herzog.

En vue des élections de mars 2015, le parti forge une alliance avec la nouvelle formation centriste Ha-Tnouah (Le mouvement) issue d’une scission en 2012 de Kadima menée par Tzipi Livni. Mais cette « Union sioniste » ne parvient pas à s’imposer face au Likoud mené par Benyamin Netanyahou qui est reconduit à la tête d’un gouvernement de coalition réunissant les principales formations de droite. Cet échec confirme ainsi la crise profonde de la gauche israélienne.

Pour en savoir plus, voir l'article histoire d'Israël.