Iran : population

Iran
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  • Population : 88 550 570 hab. (2022)
  • Densité : 47 hab./km2
  • Part de la population urbaine (2023) : 77 %
  • Structure de la population par âge (2023) :
    ● moins de 15 ans : 23 %
    ● 15-65 ans : 69 %
    ● plus de 65 ans : 8 %
  • Taux de natalité (2023) : 13 ‰
  • Taux de mortalité (2023) : 6 ‰
  • Taux de mortalité infantile (2023) : 10 ‰
  • Espérance de vie (2023) :
    ● hommes : 72 ans
    ● femmes : 77 ans

Occupant une superficie presque triple de celle de la France, l'Iran est un peu plus peuplé que celle-ci. La population est constituée pour plus de moitié de persanophones, avec de notables minorités, surtout dans le Nord-Ouest (Azéris) et l'Ouest (Kurdes). Cette population, presque entièrement islamisée (principalement chiites), est aujourd'hui urbanisée aux trois quarts. Téhéran demeure de loin la principale ville (elle est même la ville la plus peuplée d'Asie occidentale). Mechhed, Tabriz, Ispahan et Chiraz, villes de piémont et parfois centres d'oasis, dépassent aussi le million d'habitants. Le taux de fécondité a nettement baissé et se stabilise aujourd'hui à 1,7 enfant par femme, et le pays a achevé sa transition démographique.

L'Iran a des frontières communes avec l'Iraq, la Turquie, l'Azerbaïdjan, l'Arménie, le Turkménistan, l'Afghanistan et le Pakistan ; comme la Russie et le Kazakhstan, il est baigné par la mer Caspienne ; unique riverain oriental du golfe Persique, il partage ce bras de mer avec les pays de la péninsule arabe. Carrefour, enfin, de plusieurs ensembles géopolitiques, linguistiques et ethniques – golfe Persique, Moyen-Orient, Caucase, Asie centrale, sous-continent indien –, le gigantesque territoire iranien et son histoire plurimillénaire ont été traversés par des populations et des courants religieux et idéologiques multiples.

Toute la géographie humaine est encore largement dominée par le contraste, d'origine médiévale, entre nomades et sédentaires, et par leur imbrication. Dans l'Antiquité, l'Iran, pays de tradition sédentaire, s'opposait par excellence au Touran (steppes de la basse Asie centrale, vouées au nomadisme). La civilisation rurale iranienne avait développé de bonne heure dans le fond des vallées montagnardes, aménagées en terrasses et irriguées par eaux courantes, et dans les oasis de piedmont du plateau, irriguées surtout par galeries drainantes souterraines (qanat), une agriculture savante et minutieuse, fondée sur des cultures continues avec rotations complexes, comportant notamment des plantes fourragères (luzerne) permettant l'élevage d'un gros bétail fournissant une fumure abondante. Après la fixation rapide des tribus iraniennes sur le plateau au tournant du Ier millénaire avant J.-C., le nomadisme était, dans l'Antiquité, limité à quelques groupes marginaux localisés dans le désert du Centre-Est, et les montagnes du Zagros étaient occupées par des villageois, à courts déplacements pastoraux vers les alpages voisins, dont les Kurdes (5 millions de locuteurs aujourd'hui) et les Lurs chiites (environ 450 000) sont les héritiers. Les Kurdes sont pour la plupart sunnites et semi-nomades (moutons, chèvres, chevaux). Ils forment plusieurs tribus dont une minorité est sédentaire et convertie au chiisme.

La conquête islamique avait fort peu modifié ce schéma, introduisant des nomades arabes seulement le long des terres chaudes (garmsir) du littoral du golfe Persique, où se situe, ainsi que dans la partie iranienne de la Mésopotamie, la minorité arabe du pays (un million de personnes environ). Les modes de vie de cette minorité vont du nomadisme total à la sédentarisation – tribalisée ou non –, en passant par toutes les formes de semi-nomadisme moutonnier ou chamelier. La plupart des Arabes sont chiites, à l'exception de la grande tribu des Banu Tamim, qui est sunnite. À partir des ixe et xe s., l'irruption en masse des grands nomades turcs et mongols provenant des steppes de l'Asie centrale va entraîner des bouleversements ethniques et culturels majeurs. L'Azerbaïdjan, où s'accumulent les nomades face à la Géorgie chrétienne et à l'empire grec de Trébizonde, sera turquisé, la transformation linguistique s'achevant au xvie s. avec le retour vers cette province de nomades turkmènes chiites d'Anatolie, lorsque le chiisme est adopté comme religion d'État par l'Iran séfévide. Cette communauté, qui parle des dialectes azéris, forme un groupe d'environ 4 millions d'individus chiites. Au sein de cet ensemble largement sédentarisé et souvent détribalisé se trouvent encore quelques grandes tribus comme les Afchars (350 000), dont une faible minorité pratique toujours le semi-nomadisme moutonnier, et les Chah-sevans, que le pouvoir central iranien tente de contenir dans la région du bas Araxe. D'autres groupes turcs s'installent un peu partout (nomades Kaskays du Fars ; Turkmènes des steppes de l'Atrek, au N.-E.). Les minorités turques doivent former au total plus du quart de la population du pays.

Au S.-E. se mettent en place les grandes tribus nomades baloutches, peuple de langue iranienne (un million de personnes environ en Iran), mais dont l'origine est à chercher dans le nord-est du pays, d'où ils ont été repoussés par les invasions turques.

Toutes les chaînes du Zagros sont bédouinisées, et de larges fractions de la population iranienne sédentaire, dans le contexte d'insécurité dominant, converties au grand nomadisme belliqueux, donnant notamment naissance à la puissante confédération des Bakhtiyaris (500 000 personnes), à l'ouest d'Ispahan. Seule la frange littorale caspienne, avec son épaisse forêt humide où les chameaux ne peuvent subsister, est délaissée par les nomades, et cette région, marginale pendant l'Antiquité, où la civilisation iranienne s'est essentiellement développée sur le plateau intérieur aride, va voir s'accumuler peu à peu, à partir du xve s., une concentration de population paysanne réfugiée qui est aujourd'hui de loin la plus dense du pays. Un mouvement spontané de fixation de l'excédent démographique des tribus nomades permet au peuplement sédentaire de progresser de nouveau dans le Zagros et en Azerbaïdjan à partir des xviiie et xixe s., mais il faudra attendre la politique de contrôle des tribus et de sédentarisation autoritaire conduite par Reza Chah dans les années 1930 pour que l'influence politique et sociale du nomadisme régresse réellement. L'Iran compte encore aujourd'hui, avec les grandes confédérations du Zagros (Kaskays, Bakhtiyaris), des groupes nomades qui sont parmi les plus nombreux et les plus cohérents de la planète, ainsi que d'innombrables semi-nomades transhumant vers les pâturages d'été avec chèvres et moutons. Au sud du Kurdistan, sur les marges du Fars, vivent : les Kuh Galus (150 000), groupant plusieurs tribus (dont certaines parlent un dialecte oghouz), qui sont sous l'autorité de quatre familles ; les Mamassanis (50 000) ; les Kachgharis (600 000), dont le centre est Chiraz, et les Khamsehs, qui réunissent cinq tribus hétérogènes partiellement sédentarisées. L'Iran compte par ailleurs 300 000 bahaïs, 220 000 Arméniens, 350 000 chrétiens (catholiques, chaldéens, assyriens, grecs orthodoxes et uniates), 70 000 juifs et environ 30 000 zoroastriens.

L'Iran est le pays au monde qui a connu la plus grande baisse de son taux de fécondité depuis les années 1970, passant de 6,5 à 1,8 enfant par femme.

À peu près la moitié de la population totale est d'une part de langue persane et, d'autre part, urbaine. Les grandes villes ont connu récemment une croissance démographique spectaculaire, à laquelle n'a pas correspondu une augmentation proportionnelle des emplois dans l'industrie, sinon dans les services. Téhéran domine la vie urbaine, étant même la ville la plus peuplée de l'Asie occidentale, mais d'autres agglomérations dépassent le million d'habitants (Ispahan, Mechhed, Tabriz).

Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de l'Iran et activités économiques de l'Iran.

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