Iran : activités économiques

Iran
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  • GÉNÉRALITÉS
  • PNB (2022) : 412 milliards de dollars
  • PNB/hab. (2022) : 3 980 dollars
  • PNB/hab. PPA (2022) : 18 230 dollars internationaux
  • IDH (2021) : 0,774
  • Taux de croissance annuelle du PIB (2022) : 3,8 %
  • Taux annuel d'inflation (2022) : 43,5 %
  • Structure de la population active (2021) :
    ● agriculture : 16,3 %
    ● mines et industries : 34,4 %
    ● services : 49,4 %
  • Structure du PIB (2022) :
    ● agriculture : 12,8 %
    ● mines et industries : 39,9 %
    ● services : 47,3 %
  • Taux de chômage (2022) : 11,0 %
  • Tourisme
  • Recettes touristiques (2018) : 5 252 millions de dollars
  • Commerce extérieur
  • Exportations de biens (2009) : 70 614 millions de dollars
  • Importations de biens (2009) : 57 159,0 millions de dollars
  • Défense
  • Forces armées (2020) : 650 000 individus
  • Dépenses militaires (2022) : 2,6 % du PIB
  • Niveau de vie
  • Incidence de la tuberculose pour 100 000 personnes (2022) : 11
  • Part en % des richesses détenues par les 10 % les plus élevés (2021) : 62,0 %
  • Part en % des richesses détenues par les 50 % les moins élevés (2021) : 5,0 %
  • Dépenses publiques d'éducation (2020) : 3,6 % du PIB

Avec les quatrièmes réserves mondiales de pétrole et les premières de gaz, l'Iran est appelé à devenir l'une des puissances économiques majeures de la région. Le secteur agricole, riche et diversifié (blé, orge, riz, thé, pomme de terre), a bénéficié en 1962 d'une réforme agraire qui lui a permis de rester concurrentiel grâce à l'investissement privé, et de ce fait, à se moderniser. Le secteur tertiaire est dominé par le secteur bancaire et les télécommunications. À partir de 2010, le gouvernement a commencé à supprimer les subventions aux fournitures énergétiques et aux produits de première nécessité. Une mesure qui témoigne de sa volonté de réorienter l'économie, très planifiée et peu libéralisée, vers une plus grande transparence. Mais il doit également préserver le système de protection sociale qui permet à l'Iran d'être l'un des pays qui a le plus progressé vers les Objectifs du millénaire de l'ONU (2001 – 2015), notamment en matière d'éducation et de lutte contre la pauvreté.Pénalisé par les sanctions internationales, le pays a connu une croissance irrégulière entre 2005 et 2010, qui, à la suite de l'aggravation de ces dernières et de la chute des exportations de pétrole, a subi une forte diminution en 2012 (– 7,4 %, taux ramené à – 0,3 % l'année suivante). Le durcissement de la politique monétaire a permis une diminution de l'inflation, retombée à environ 10 % en 2016 contre 39 % en 2013, allégeant les tensions sur l’économie. Le 6e plan de développement (2016 - 2021) fixait trois grandes priorités pendant les cinq prochaines années : la réforme des entreprises publiques ; la restructuration du secteur financier et bancaire ; la redistribution des recettes pétrolières. L'accord international de juillet 2015 sur le contentieux nucléaire (Plan d’action global conjoint, PAGC – JCPoA) ainsi que le compromis sur les quotas de production au sein de l'OPEP en novembre 2016 avaient permis une reprise des exportations d'hydrocarbures, portant la croissance à plus de 12 % en 2016 - 2017 (année calendaire iranienne). Mais celle du secteur non pétrolier était d'environ 3 % et la reprise a tardé à produire ses effets auprès de la population qui s'est mobilisée ainsi massivement en décembre 2017 puis en novembre 2019 contre la persistance du chômage, la vie chère et la corruption. La dénonciation de l'accord nucléaire par le président américain Donald Trump et le rétablissement des sanctions ont fragilisé la situation économique et sociale de l'Iran qui est entré en récession (environ – 5 %) en 2018 et 2019 alors que l'inflation est repartie à la hausse (plus de 30 %). La pandémie de Covid–19a durement frappé le paysqui connaît cependant une faible reprise depuis 2020. L'accession de Joe Biden à la Maison-Blanche en janvier 2021 a entraîné la réouverture des négociations à Vienne (novembre 2021), mais leur issue est incertaine alors que les tensions s'aggravent à l'intérieur du pays avec un soulèvement populairesans précédent déclenché par les femmes à partir de septembre 2022, qui fragilise le régime mais qui est brutalement réprimé. Les sanctions américaines restant en vigueur (tout en étant partiellement contournées, notamment concernant les exportations de pétrole à destination de la Chine), la croissance est estimée à 5,4 % en 2023 et le taux d'inflation dépasse 40 %. La pauvreté (estimée à 28 %) tend également à augmenter, notamment dans les zones rurales.

1. L'agriculture

L'agriculture porte largement la marque de siècles de prépondérance nomade. À côté des oasis et vallées de montagne, où s'est conservée la tradition de la vieille agriculture irriguée, intensive, des paysans iraniens, avec ses hauts rendements, de vastes espaces sont voués à une agriculture pluviale céréalière très extensive issue de la fixation des nomades.

La production céréalière est aujourd'hui, sauf pour le riz (frange caspienne et Khuzestan), loin de suffire aux besoins. Mais les cultures industrielles se sont notablement développées depuis 1930 : betterave à sucre (irriguée) sur le plateau (notamment au Khorasan) et canne à sucre (Khuzestan), qui suffisent à la consommation de sucre ; thé (boisson nationale), sur le littoral caspien (assurant 75 % de la consommation du pays) ; coton (large surplus exportable) dans le Gorgan, le Khuzestan, le Fars ; graines oléagineuses ; tabac (région d'Ispahan) ; soie (encore présente dans la frange caspienne). La construction de grands barrages et l'aménagement de nouveaux périmètres irrigués (sur le Dez et la Karkhè dans le Khuzestan, avec le projet sur le Karun dans la même région ; sur le Sefid Rud pour accroître le volume d'eau disponible pour la riziculture du Gilan sur la côte caspienne ; sur le Zayandè Rud pour régulariser l'irrigation dans l'oasis d'Ispahan ; sur l'Araxe à la frontière irano-soviétique pour la fixation de nomades en Azerbaïdjan) apportent des perspectives de développement.

2. Le pétrole

La modernisation du pays est encore, en fait, fondée presque exclusivement sur le pétrole, exploité depuis 1908-1909 dans le Sud-Ouest (Khuzestan et chaînons bordiers du Zagros), où se trouve la quasi-totalité des gisements. À l'intérieur de ce secteur, la production a migré peu à peu du N.-O. vers le S.-E. (Agha Djari, Gatch Saran, Bibi Hakeme), aujourd'hui le plus productif, et s'étend en outre à plusieurs gisements sous-marins dans le golfe Persique. Sur le plateau iranien n'ont été trouvés jusqu'ici que des gisements médiocres ou d'exploitation difficile, associés cependant parfois à d'importantes réserves de gaz.

3. L'industrialisation

Les importantes ressources financières ainsi apportées ont permis d'amorcer l'équipement et l'industrialisation du pays, qui n'a, par ailleurs, d'autres produits exportables que les tapis fournis par l'artisanat traditionnel. Une première phase s'était située dans les années 1930, avec la politique volontariste de Reza Chah, qui, outre de grands travaux d'infrastructure (chemin de fer transiranien, reliant le golfe Persique à la Caspienne), développa de nombreuses industries de consommation, notamment textiles et alimentaires (réseau de raffineries de sucre). La grande industrie à cette époque se limite à la puissante raffinerie pétrolière d'Abadan.

Mohammad Reza, le fils de Reza Chah, a repris, entre 1950 et 1970, cette politique de modernisation forcée dont, malgré les violentes oppositions qu'elle a suscitées, la révolution blanche des années 1960 marque l'apogée (réforme agraire, nationalisation des forêts et des pâturages, vente des usines de l'État, distribution de 20 % des bénéfices aux ouvriers, etc.). Il a poursuivi les travaux d'infrastructure (voies ferrées, routes, oléoducs, gazoducs) et l'industrialisation du pays (pétrochimie de Chiraz, aciéries d'Ispahan, centrales nucléaires, complexes sidérurgiques).

L'Iran a su habilement tirer parti de l'énorme masse de revenus procurée par les gisements pétroliers – essentiellement concentrés dans le Khuzestan et dans les eaux territoriales du golfe Persique. Le pétrole iranien, avec 8 milliards de tonnes, représente 10 % des réserves mondiales connues, et les 27 milliards de m3 de gaz naturel, 20 % des réserves mondiales. La production (300 millions de tonnes en 1974) est exportée par le port d'Abadan, qui dispose d'une raffinerie d'une capacité de 20 millions de tonnes, par Bandar Machur, au fond du golfe Persique, et par le port artificiel de l'île de Kharg et son oléoduc sous-marin.

À partir des accords négociés par Reza Chah en 1933, puis de la nationalisation de l'industrie pétrolière décrétée en 1951 par Mossadegh, le Premier ministre de Mohammad Reza, l'Iran va pratiquer une politique des renégociations périodiques, notamment en 1966, date de l'accord avec le groupe français E.R.A.P. (Entreprise de recherche et d'action pétrolières, liée à la société Elf). En 1967, le consortium des compagnies pétrolières augmente, sous la contrainte, ses exportations de 15 %, restitue 260 000 km2 de concessions pétrolières, accepte la création d'une société nationale des pétroles iraniens, qui commercialise une partie de la production, et signe elle-même des contrats particuliers, notamment avec l'U.R.S.S. En octobre 1973, la hausse du prix du baril permet aux revenus pétroliers d'atteindre les 20 milliards de dollars, soit 20 fois plus qu'en 1970.

4. La révolution et la guerre

La révolution fait chuter la production ; de 150 millions de tonnes en 1979, elle descend à 75 millions en 1980. La guerre avec l'Iraq ravage les champs pétrolifères, la grande raffinerie d'Abadan et le terminal de l'île de Kharg. Toute l'économie subit les contrecoups de ces deux événements. La période de la révolution est une époque de redistribution des richesses profitant aux fondations religieuses, qui gèrent les fortunes immenses nées de la spéculation et de la corruption. Des confiscations autoritaires sont opérées au profit d'une nouvelle classe de commerçants qui monopolise l'ensemble des activités de distribution. Tandis que les grandes entreprises et les banques sont nationalisées – l'économie publique représente 70 % de l'activité –, la réforme agraire est en grande partie abandonnée, l'opposition des grands propriétaires terriens étant trop forte : seule une faible partie des biens confisqués sera redistribuée aux défavorisés. La monnaie se dégrade, l'isolement international de l'Iran affaiblit son économie, les dépenses d'armement accaparent le tiers de son budget.

Après la mort de l'ayatollah Khomeyni s'ouvre une nouvelle période économique. Le président Rafsandjani fait adopter un plan quinquennal de reconstruction fondé sur la libéralisation économique, la privatisation du secteur public et la dévaluation de la monnaie. L'Iran construit de nouveaux barrages sur l'Araxe et de nouveaux complexes pétrochimiques, développe les exportations de caviar, de fruits, de tapis et relance la production industrielle et pétrolière, en reconstruisant les raffineries, les terminaux et les oléoducs.

La promulgation, par le président Bill Clinton, de la loi Kennedy-d'Amato, en août 1996 – elle menace de sanction les investisseurs étrangers en Iran – vient s'ajouter à l'embargo américain, décidé en mai de la même année.

5. L'Iran actuel

Dans le Nord et l'Ouest, l'agriculture pluviale est possible, quoique souvent aléatoire. Ailleurs domine un élevage ovin et caprin très extensif, largement lié à un nomadisme en recul. L'agriculture occupe environ le quart des actifs. Le blé est, avec l'orge, la céréale dominante. Le thé, la canne à sucre, le coton, le tabac, le riz sont complétés par les fruits et légumes et l'Iran est devenu exportateur.

Le pétrole demeure la richesse essentielle de l'Iran. L'Iran est le quatrième producteur mondial de pétrole (5 % du total mondial), dont les deux tiers sont exportés. Les gisements pétroliers sont concentrés essentiellement concentrés dans le Khuzestan et dans les eaux territoriales du golfe Persique. Le pétrole iranien, avec 5 % de la production mondiale, représente 10 % des réserves mondiales connues (quatrième rang mondial), et les 33 milliards de m3 de gaz naturel, 20 % des réserves mondiales (premier rang mondial). L'Iran était, avant l'embargo sur l'importation de pétrole décidé par l'Union européenne en 2012, le quatrième exportateur mondial de pétrole. Le pays se situerait désormais au-delà de la dixième place. Le pétrole fournit à lui seul la quasi-totalité des exportations. Les principaux clients du pétrole iranien sont la Chine (10 % de ses besoins), l'Inde (12 % de ses besoins) et le Japon (6 % de ses besoins). L'Iran fournit à la Turquie le tiers de son pétrole.

La rente pétrolière a permis à l'Iran de se doter d'infrastructures convenables (centrales électriques, routes, chemins de fer, télécommunications), autorisant une politique industrielle active sous la direction de la puissante organisation du Plan et du Budget. Le système économique est largement dominé par les compagnies d'État et les banques publiques, qui soutiennent un secteur privé dynamique, nationalisé en 1979 et acquis par des fondations parapubliques, comme la Fondation des déshérités, depuis 1989. L'Iran dispose d'une solide base industrielle, surtout concentrée dans la zone de Téhéran-Karadj, qui rassemble près de la moitié des entreprises du pays, ainsi qu'à Ispahan, Tabriz, Arak, Ahwaz, Chiraz, Zandjan. Les entreprises travaillent souvent en collaboration avec des sociétés étrangères, les activités, très diverses, allant des productions lourdes aux biens de consommation : acier (Ispahan, Ahwaz), montage automobile, chimie, électroménager (Téhéran), mécanique lourde, aluminium (Arak). Une politique active est menée pour développer de nouveaux centres industriels à Kerman (raffinerie de cuivre de Sar-i Tchachmè), Zandjan, Qazvin, Semnan, Qom ou Bandar Abbas, qui est appelé à devenir une vraie capitale pour le sud du pays. Malgré les nouvelles perspectives offertes par l'ouverture des frontières de l'ex-URSS et une meilleure insertion régionale, l'Iran est handicapé par le manque de bons moyens de communications avec l'étranger : la seule grande route internationale qui le dessert est celle de la Turquie.

À partir de 2012, les pressions des États-Unis et l'embargo européen destinés à faire renoncer le pays à se doter de l'arme nucléaire entraînent une crise économique et une forte inflation.

Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de l'Iran et population de l'Iran.