Inde : activités économiques
L'Inde s'est hissée au 3e rang mondial par son PIB en parité de pouvoir d'achat (5e rang en dollars courants). Effet de la libéralisation de son économie, entreprise dans les années 1980 et 1990, elle connaît une croissance très forte, atteignant plus de 9 % entre 2005 et 2008, tandis que le pays a surmonté sans difficulté la crise de 2008 avec une reprise de plus de 10 % en 2010. Depuis, son économie s'essouffle en raison notamment de ses handicaps structurels , dont la faiblesse des infrastructures. La déréglementation rencontre des obstacles administratifs et politiques, tandis que la corruption freine également l'investissement. Le développement est moins tiré par le commerce extérieur (déficitaire) que par la demande intérieure avec une classe moyenne en expansion, par les investissements privés dans l'industrie — que l'État veut promouvoir par son projet « Make in India » — et les mines, outre la dépense publique. Parmi les secteurs en croissance figurent la sidérurgie et l'automobile (Tata), mais aussi les machines électriques, les biotechnologies, les produits pharmaceutiques ou les télécommunications. Ses premiers marchés restent les États-Unis, l'UE, les Émirats arabes unis et la Chine, avec laquelle les échanges sont cependant très déséquilibrés.Les exportations vers l'Afrique et l'Asie du Sud-Est ont fortement augmenté depuis dix ans. Si l'Inde doit importer son pétrole, elle fait partie des premiers producteurs mondiaux de charbon, sa principale source d'énergie. Durement frappé par la pandémie de Covid–19, le pays connaît, après un confinement strict, une récession de 5,8 % (et une augmentation de la pauvreté) avant une reprise estimée à 6,7 % en 2023.
● agriculture : 44,0 %
● mines et industries : 25,3 %
● services : 30,7 %
● agriculture : 16,7 %
● mines et industries : 25,7 %
● services : 57,6 %
1. La voie indienne de développement
La double influence, occidentale et soviétique, que subit l'élite industrielle au sortir de l'indépendance a marqué les grandes options économiques prises par l'Inde durant une trentaine d'années, et qui imprègnent encore profondément la culture du pays. Le choix, particulièrement original, d'une « voie moyenne » poursuivait deux objectifs : la croissance économique et la justice sociale, dans un contexte d'indépendance vis-à-vis de l'extérieur. Mais l'instauration de plans quinquennaux, la priorité accordée à l'industrie lourde au détriment (relatif) du secteur agricole et une répartition rigide entre secteurs public et privé pèsent encore sur les mentalités actuelles. Malgré un certain désengagement de l'État, le poids de la bureaucratie toute-puissante constitue encore un frein à l'afflux des investisseurs étrangers, qui voient pourtant dans l'Inde un formidable marché potentiel. On estime, en effet, à au moins 100 millions le nombre de consommateurs ayant un niveau de vie comparable à celui de l'Occident.
Malgré les vives critiques de la communauté internationale, l'Inde est tout de même parvenue à atteindre l'autosuffisance alimentaire et à consolider son secteur industriel, ce qui lui assure une certaine indépendance vis-à-vis du reste du monde. D'anciens grands groupes capitalistes (Birla, Tata, Mafatlal), qui ont pu se maintenir grâce à la protection de l'État, fonctionnent aujourd'hui sur le modèle des sociétés occidentales et réussissent leur transition vers une économie ouverte. L'Inde possède, par ailleurs, la troisième population scientifique du monde. Elle est capable de lancer des fusées dans l'espace, de mettre des satellites sur orbite et maîtrise la combustion nucléaire. Le pays a réussi à attirer de grandes sociétés informatiques, mais la fuite des cerveaux et le manque d'investissements en matière de recherche-développement réduisent ses capacités à créer une industrie de pointe compétitive, d'autant plus que le gouvernement indien a longtemps freiné les échanges technologiques en limitant les implantations étrangères et en instituant le principe de la licence d'importation.
Les premières critiques dénonçant le surengagement de l'État dans l'économie sont apparues dès le dernier mandat d'Indira Gandhi, mais c'est son fils, Rajiv Gandhi, qui mettra en place une nouvelle politique d'orientation très libérale. Cependant, avec la lenteur de la bureaucratie et les pesanteurs de l'économie indienne, ce n'est que dans l'urgence, avec Narasimha Rao, Premier ministre de 1991 à 1996, que celle-ci sera appliquée. La situation économique de l'Inde est alors catastrophique : la chute de l'U.R.S.S., avec laquelle l'Inde entretenait d'étroites relations (fondées sur le troc), le coût de la guerre du Golfe et la faible croissance du P.N.B. créent une crise financière sans précédent. Le nouveau gouvernement décide donc d'adopter un plan d'ajustement structurel, avec l'appui du Fonds monétaire international (F.M.I.) et de la Banque mondiale : il réduit le déficit budgétaire, diminue les subventions, dévalue la roupie pour stimuler les exportations, ce qui provoque un tollé chez les nostalgiques de l'ère étatique. Le bilan de ces réformes est très mitigé, même si un large consensus existe sur la libéralisation de l'économie. Les exportations sont restées dynamiques, la croissance du produit national s'est maintenue, et l'Inde est moins ébranlée par la crise asiatique des années 1997-1998 que les pays d'Asie orientale. Mais la réduction du déficit budgétaire est insuffisante, le sous-emploi officiel (chômage) ou déguisé (multiplication des petites fonctions non productives) est important, et les échanges commerciaux demeurent déficitaires. L'agriculture est encore et toujours délaissée, même si elle permet de dégager des excédents céréaliers, et le déséquilibre entre les régions riches, « greniers de l'Inde », et les régions pauvres ne cesse de s'accentuer. Les infrastructures de transport et d'électricité sont également inadaptées, malgré les énormes efforts réalisés depuis l'indépendance. Si une solide classe moyenne est apparue, partagée entre la ville et les campagnes, 200 millions de personnes vivent encore dans la misère.
2. L'agriculture
Si elle emploie plus de la moitié de la population active, l'agriculture procure moins de 20 % du produit intérieur brut. La production agricole ayant progressé un peu plus vite que la population, les besoins en céréales (riz et blé) et en légumineuses (pois, lentilles) sont aujourd'hui largement couverts. Mais les récoltes restent très dépendantes de la mousson, qui apporte des pluies abondantes de mai à septembre, notamment sur la façade occidentale du Deccan et dans le Nord-Est. Le climat de l'Inde permet deux cycles de culture par an : le kharif (saison humide) et le rabi (hiver). Les améliorations sont davantage liées à la rationalisation de la production, au développement de l'irrigation et à l'utilisation de meilleures variétés de semences qu'à la conquête de nouvelles terres, le territoire étant presque totalement défriché.
L'agriculture indienne conserve toujours une prédominance vivrière et céréalière (les céréales occupent la moitié des terres arables). C'est au Pendjab, avec le blé, et sur la frange orientale du Deccan, avec le riz, que la « révolution verte » a permis les plus forts gains de productivité, tandis que les régions centrales, moins arrosées, sont dominées par le millet. L'Inde est ainsi devenue le 2e producteur mondial de riz et de blé. Mais une partie de la production alimentaire échappe encore à la commercialisation, la tradition d'autoconsommation se perpétuant dans de nombreuses familles paysannes. Les cultures commerciales, qui présentent souvent une spécialisation régionale, connaissent également une large extension, comme le coton (3e rang mondial), le jute, l'arachide (2e rang), la canne à sucre (2er rang), le thé (2er rang), le tabac (3e rang), le caoutchouc. Contrairement aux autres, les plantations de thé ne relèvent généralement pas de l'agriculture paysanne mais de vastes exploitations d'origine coloniale. L'irrigation, qui joue un rôle majeur dans le développement rural, est pratiquée sur la moitié des 142 millions d'hectares cultivés, sous des formes diverses, plus ou moins élaborées. De grands barrages, notamment, ont été édifiés dans les Ghats occidentaux ou sur les massifs himalayens.
En matière d'élevage, l'Inde possède le deuxième plus grand cheptel bovin du monde, avec 170 millions de têtes, mais cet immense troupeau, auquel il faut ajouter 100 millions de buffles, 125 millions de chèvres et 65 millions d'ovins, est peu productif, la religion hindoue interdisant la consommation du bœuf (la majeure partie de la population, en fait, est végétarienne). Cependant, les bovins sont abondamment utilisés pour les travaux dans les champs, et les Indiens sont de grands consommateurs de lait. Toutefois, la qualité des produits de l'élevage est d'autant plus faible que la rareté des pâturages provoque une malnutrition des animaux.
La pêche, en revanche, est très active (3e rang mondial) et apporte un complément de protéines.
3. Secteurs minier et industriel
Le pays bénéficie de ressources naturelles considérables, aussi bien énergétiques que minérales. L'Inde est le 3e producteur mondial de houille, et ses réserves sont estimées à environ 100 milliards de tonnes. L'Inde doit néanmoins importer du charbon pour satisfaire sa consommation, notamment d'Indonésie et d'Australie : le charbon fournit plus de la moitié de l'électricité du pays. Les prospections pour l'extraction de pétrole offshore, au large de Bombay, sont prometteuses, et les potentialités hydroélectriques, gigantesques. En outre, l'Inde exploite d'importants gisements de fer, de zinc (7e rang), de cuivre, de manganèse et de bauxite, dispersés sur toute la péninsule.
Dominée par la métallurgie, le textile et la chimie, l'industrie est néanmoins assez diversifiée. La production d’automobiles est en forte croissance. Plusieurs secteurs de haute technologie sont en expansion, comme l'énergie atomique (le pays possède plusieurs centrales nucléaires), l'aéronautique, l'informatique ou les télécommunications. L'Inde a également hérité de son passé un secteur artisanal très important, grand consommateur d'une main-d'œuvre payée à bas prix, et qui fait vivre des millions de personnes dans les villes et les villages. L'industrie n'emploie cependant que 10 % de la population active et procure à peine le tiers du revenu national. Si la colonisation anglaise a retardé l'industrialisation du pays, la cantonnant à la production de fibres textiles (coton, jute, soie), elle a développé très tôt une gigantesque infrastructure de transports. L'Inde possède, avec 63 000 km de lignes de chemin de fer, le quatrième réseau ferroviaire du monde et l'un des plus denses des pays en développement. Son réseau routier, le quatrième réseau routier du monde derrière ceux des États-Unis et de la Chine, reste encore mal adapté aux besoins de la population comme de l'économie, avec un réseau d'autoroutes sous-développé.
Les perspectives de développement industriel sont intéressantes, grâce à la tradition d'entreprise de certaines castes commerçantes, à une main-d'œuvre abondante et peu chère, mais aussi grâce à un marché potentiel suffisamment important pour attirer les investisseurs étrangers. Le secteur industriel privé regroupe principalement les industries de biens de consommation, qui permettent une commercialisation facile et des bénéfices rapides. Il comprend quelques entreprises très puissantes, mais surtout des micro-entreprises familiales. Le secteur public assume, pour sa part, les activités situées en amont, qui attirent peu le capital privé (grands barrages, métallurgie lourde, matériel ferroviaire).
Trois régions se partagent la majorité des activités industrielles. Tout d'abord, la région de Calcutta, dans le Nord-Est, qui fut mise en valeur par les Britanniques à quelque 250 km de vastes gisements de fer et de houille : des industries de transformation très diversifiées se sont implantées le long de l'Hooghly sous l'impulsion de l'activité portuaire. Ensuite, la région de Bombay et du Gujerat, dans l'ouest du pays, qui s'est développée autour du coton : elle est, aujourd'hui, le premier pôle économique de l'Inde, associant tout un réseau de villes de plus en plus industrialisées (Pune à l'Est, Ahmadabad au Nord).
La troisième région, autour de Madras, dans le Sud, a des activités plus diffuses, souvent spécialisées selon les villes (textile à Coimbatore, métallurgie à Tiruchirapalli).
Bangalore, la capitale du Karnataka, est devenue un important centre de construction aéronautique et attire de nombreuses entreprises informatiques, l'industrie ayant, contrairement à Madras, un réel effet d'entraînement sur l'économie. Dans le nord-ouest de l'Inde, enfin, émerge un nouveau pôle industriel, plus lâche, centré sur la fabrication de biens d'équipement. Au total, l'héritage du système colonial pèse encore lourdement sur l'aménagement industriel du pays et sur les déséquilibres régionaux qui en découlent.
4. Les échanges et les problèmes
Les échanges sont réduits (ils représentent moins de 10 % du produit intérieur brut). Les États-Unis et le Japon sont devenus les principaux partenaires commerciaux, après la dislocation de l'URSS. L'Inde et les dix pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) ont signé un accord de libre-échange qui porte sur les produits (mais pas sur les services) en 2009. Les importations sont dominées par le pétrole et les produits manufacturés (machines, matériel de transport, etc.), les exportations par les produits de l'agriculture et de l'élevage (thé, coton, jute, tissus, cuirs, etc.).
Le traditionnel déficit de la balance commerciale n'est pas comblé par les revenus du tourisme (6 millions de visiteurs en 2011), ni par les envois des nombreux émigrés. Les strates sociales et même religieuses n'ont pas disparu ; les inégalités régionales (parfois à base ethnique) demeurent. Malgré les progrès de l'alphabétisation, l'unification, un demi-siècle après l'indépendance, n'est pas véritablement achevée et des tendances séparatistes parfois violentes, au Pendjab notamment, persistent ; les tensions entre hindouistes restent latentes.
Au total, si le développement économique de l'Inde lui a permis de devenir une puissance à l'échelle mondiale, les tensions et les crises graves perdurent et le niveau de vie de la population ne s'améliore que très lentement.
5. Les sites de l'Inde classés à l'Unesco
Plusieurs dizaines de sites de l'Inde sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco :
– Agra : le fort ;
– Tadj Mahall ;
– Goa : églises et couvents ;
– Bombay : gare Chhatrapati Shivaji (anciennement gare Victoria) ;
– Delhi : Qutb minar ;
– Delhi : tombe de Humayun ;
– Shahjahanabad : Fort rouge ;
– Jaipur : Jantar Mantar ;
– Ajanta : les grottes ;
– Elephanta : les grottes ;
– Ellora : les grottes ;
– Hampi (site archéologique) ;
– Khajuraho (site archéologique) ;
– Konarak : le Temple du Soleil ;
– Mahabalipuram (site archéologique) ;
– Pattadakal (site archéologique) ;
– Champaner-Pavagadh (parc archéologique) ;
– Bodhgaya : temple de la Mahabodhi ;
– Fatehpur Sikri ;
– Chola ;
– Rajasthan : forts de colline : Chittorgarh, Kumbhalgarh, Sawai Madhopur, Jhalawar, Jaipur, Jaisalmer ;
– Sanchi (monuments bouddhiques) ;
– Bhimbetka : abris sous roche ;
– Chemins de fer de montagne ;
– Ghâts occidentaux ;
– Nanda Devi et vallée des Fleurs (parcs nationaux) ;
– Sundarbans (parc national) ;
– Kaziranga (parc national) ;
– Keoladeo (parc national) ;
– Manas (sanctuaire de faune).
Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de l'Inde et population de l'Inde.