Mandchourie
Nom donné autrefois à la partie de la Chine appelée aujourd'hui Chine du Nord-Est.
Jusqu'en 1931
Au début de l'ère chrétienne, des nomades d'origine turco-mongole s'établissent en Mandchourie et se sédentarisent. Au début du xiiie s., les Mongols prennent le pouvoir à Pékin, après s'être approprié la Mandchourie, puis leur position se détériore sous la dynastie des Ming. À la fin du xvie s., un chef nomade d'origine toungouse, Nourha-Tchi, confédère les populations du nord de la Mandchourie et entre en lutte contre les Ming (→ Djurtchets). En 1644, la dynastie mandchoue s'établit sur le trône de Chine à la faveur d'un conflit dynastique et y demeurera jusqu'en 1911 (dynastie des Qing). En Chine, les Mandchous constituent une aristocratie militaire, et imposent certaines de leurs coutumes (port de la natte), tandis que ceux qui sont restés en Mandchourie sont submergés par l'immigration chinoise. Il s'ensuivra une union prolongée de la Mandchourie avec la Chine. Le pays est l'objet de plusieurs accords entre la Russie et la Chine. En 1689, le traité de Nertchinsk fixe la frontière russo-mandchourienne à l'Amour. En 1860, la Chine doit céder un fragment de territoire pour la constitution d'un territoire maritime russe. La frontière joint la mer au S. de Vladivostok. À partir de 1895, la Mandchourie joue un rôle important en politique internationale, car elle est l'objet des convoitises russes et japonaises. La Russie obtient, en 1896, le droit d'établir une voie ferrée à travers la Mandchourie, avec contrôle administratif, pour relier directement Vladivostok au Transsibérien, et, en 1897, la concession du territoire de Port-Arthur (aujourd'hui Lüshun) et Dairen (aujourd'hui Dalian).
En 1905, la victoire du Japon dans la guerre russo-japonaise permet à celui-ci de prendre pratiquement la place de la Russie. La Mandchourie est partagée en fait entre les deux zones d’influence, russe et japonaise, et des ententes sont conclues (1907, 1910) avec l’assentiment des puissances, excepté les États-Unis. En 1915, le Japon présente 21 exigences dont l'extension à 99 ans de son bail sur le territoire de Kwantung et l'obtention de nombreux privilèges commerciaux. En 1924, l’URSS renonce officiellement à ses intérêts en Mandchourie, laissant au Japon le champ libre. Celui-ci établit un protectorat d’autant plus facilement qu’à la suite de la révolution chinoise de 1911 le pays était livré à des administrateurs devenus presque indépendants et à l’ex-brigand Zhang Zuolin, chargé de l’ordre. Mais l’influence japonaise se trouve cependant contrecarrée notamment par l’action unificatrice de Jiang Jieshi et la lutte que mène le fils de Zhang Zuolin.
À l'immigration chinoise, très importante à dater de 1776, et devenue une colonisation systématique à partir de 1920 dans le Sud, succède une immigration non négligeable de Japonais et de Coréens.
De 1931 à 1949
En 1931, un sabotage sur la voie ferrée du Sud-Mandchourien, près de Moukden (aujourd'hui Shenyang) est le prétexte de l'entrée en guerre des Japonais, qui débarquent, occupent la Mandchourie, chassent les autorités chinoises, sont condamnés par la Société des Nations (SDN), mais établissent l'État vassal du Mandchoukouo (1932) à la tête duquel ils placent l'ex-empereur de Chine, Puyi. Au cours de la conférence de Yalta, en 1945, Staline réclame la restitution des droits et privilèges russes sur la Mandchourie en dédommagement de l'intervention de ses armées dans le Pacifique. Le 9 août 1945, l'armée soviétique pénètre dans le pays, puis évacue la région, sauf Port-Arthur et Dairen (→ campagne de Mandchourie).
Les armées de Jiang Jieshi s'établissent alors dans les principaux centres du Nord-Est. Mais c'est par la Mandchourie que les communistes commencent leur contre-offensive contre les nationalistes du Guomindang. En 1948, les victoires communistes sur ce terrain préludent à la victoire finale.
Après 1949
Après 1949, l'ancienne Mandchourie devient la première région économique de Chine. En 1955, Pékin, probablement en désaccord avec les dirigeants mandchous, qui bénéficiaient d'une grande autonomie, transforme le statut de la région et la découpe en trois provinces : le Liaoning, le Jilin et le Heilongjiang.
Pour en savoir plus, voir les articles histoire de la Chine, histoire du Japon.