Pronom et locution verbale Dans l'usage courant, on ne reprend pas par un pronom un nom sans article faisant partie d'une locution verbale (demander grâce, avoir peur, prendre conseil, chanter pouilles, etc.) : on ne dit pas *s'il demande grâce, il l'obtiendra, *tout à l'heure j'avais faim, maintenant je ne l'ai plus, *j'ai pris conseil auprès de personnes compétentes et elles me l'ont donné, *son chef lui a chanté pouilles et il a bien fallu qu'il les entende. La langue littéraire est moins réticente : « On doit pardonner aux chrétiens qui font pénitence. Je la fais » (Voltaire, cité par Le Bidois). « Si ce sommeil dura longtemps, je ne sais, car je n'en avais plus conscience et je ne la repris que sous l'effet d'un trouble intérieur » (H. Bosco, cité par Hanse).
recommandation :
Éviter à l'oral comme à l'écrit ce tour discuté. Dire par exemple : tout à l'heure j'avais faim, maintenant cela m'a passé ; s'il demande sa grâce, il l'obtiendra ; j'ai pris conseil auprès de personnes compétentes qui m'ont aidé ; son chef lui a chanté pouilles et il a bien fallu qu'il l'écoute.
Le, la, les ou lui, leur sujet d'un infinitif. Avec les verbes apercevoir, écouter, entendre, laisser, ouïr, regarder, sentir, voir suivis d'un infinitif complément, on peut employer indifféremment le, la, les ou lui, leur : je les ai souvent entendus citer ce proverbe ou je leur ai souvent entendu citer ce proverbe ; nous l'avons laissée faire tout ce qu'elle a voulu ou nous lui avons laissé faire tout ce qu'elle a voulu ; on les a parfois vus prendre des décisions courageuses ou on leur a parfois vu prendre des décisions courageuses.
Omission de le, pronom neutre complément. Le, pronom neutre, est souvent omis dans les cas suivants.
Dans les propositions comparatives introduites par que : il est plus malin que je ne pensais (ou que je ne le pensais).
Dans les propositions comparatives où un verbe tel que croire, dire, faire, penser, pouvoir, savoir, vouloir reprend un autre verbe : il a réparé le moteur mieux que n'aurait fait un mécanicien (ou mieux que ne l'aurait fait un mécanicien) ; j'en ai fait plus que vous ne vouliez (ou que vous ne le vouliez).
Dans les propositions incises au présent de l'indicatif, à la 1re personne du singulier, telles que je t'assure, je crois, j'espère, j'imagine, je pense, je suppose : vous êtes arrivé hier, je crois ; ils aimeraient avoir une augmentation, je suppose ; elle n'a rien à voir dans cette affaire, je t'assure.
Avec les verbes pouvoir, vouloir, dire : viens dès que tu peux ; nous nous rencontrerons où vous voudrez, quand vous voudrez ; il était comme K.-O., si j'ose dire ; je vous rembourserai tous vos frais, cela va sans dire.
À la forme négative, dans les emplois semi-figés : je ne crois pas, je ne dis pas, je ne pense pas, je ne veux pas, je ne vois pas.
Le, la, les complément de verbes coordonnés. Lorsque le, la, les est complément d'un verbe coordonné à d'autres, il est répété devant chacun des verbes complétés : je les cherche mais je ne les trouve pas ; vous l'apprendrez ou vous l'oublierez, mais vous devez lire ce chapitre au moins une fois. Aux temps composés, quand ni l'auxiliaire ni le sujet ne sont répétés, le pronom complément n'est pas répété : je l'ai cherché et trouvé pour je l'ai cherché et je l'ai trouvé ou je l'ai cherché et l'ai trouvé (registre soutenu).