Inondations catastrophiques au cœur de l'Europe
La rubrique météorologique a fait la une des médias pendant le mois d'août, marqué par des inondations catastrophiques dans les bassins du Danube et de l'Elbe. Ces crues ont constitué un test de solidarité entre l'UE et les pays d'Europe centrale frappés par les intempéries.
Les populations d'Europe centrale se souviendront longtemps de ce trop long pont du 15 août 2002, noyé dans les inondations catastrophiques provoquées par plusieurs jours de pluies diluviennes... Abandonnant les rivages orientaux de la mer Noire, ces orages d'une rare violence s'étaient déplacés vers l'ouest, provoquant des dégâts en Roumanie avant de s'installer au centre de l'Europe et d'y déverser des pluies torrentielles.
Des chefs-d'œuvre menacés
Très vite l'Autriche et la République tchèque, ainsi que, dans une moindre mesure, le sud et l'est de l'Allemagne, la Slovaquie et la Hongrie, sont sous les eaux. Entre montagnes et collines, les bassins du Danube et de l'Elbe, submergés en amont, ont justifié pleinement leur appellation géographique de cuvette, retenant les eaux que les fleuves déchaînés n'ont pu garder dans leurs lits. La Vltava, affluent de l'Elbe qui traverse Prague, enregistre une crue record, menaçant le centre historique classé au patrimoine mondial de l'Unesco de la capitale tchèque. Au plus fort de la crue, dans la nuit du 13 au 14 août, le débit du fleuve, qui avait déjà dépassé sa cote d'alerte maximale, franchissait 5 000 m3 par seconde, soit 33 fois plus qu'en temps normal.
L'évacuation disciplinée de plus de 30 000 Pragois a évité les pertes en vies humaines dans la capitale tchèque, mais les dégâts matériels sont considérables, l'eau fragilisant les fondations de nombreux édifices de la vieille ville, qui sont autant de chefs-d'œuvre de l'architecture et dont certains s'effondreront sous la pression des flots. Dans les campagnes, le bilan est plus lourd encore, et les crues, qui ont gravement endommagé les infrastructures, ont tué 13 personnes, moins toutefois que les crues catastrophiques de Moravie qui, en 1997, avaient fait plus de 50 morts. Mais alors que le niveau des eaux commence à baisser en République tchèque, c'est au tour des régions orientales de l'Allemagne d'être touchées par les inondations, qui avaient déjà durement éprouvé la région de Passau, sur le cours supérieur du Danube, en Bavière. Gonflée par les eaux de ses affluents, l'Elbe poursuit inexorablement son cours dévastateur vers le nord, en direction de Hambourg, inondant sur son passage la ville de Dresde, dans l'ex-RDA, où elle franchit le seuil historique des 8,77 m de la crue de 1845.
La Florence du Nord sous les eaux
Surnommée la Florence du Nord en raison de ses richesses architecturales de la Renaissance et du Baroque, entièrement restaurées après le déluge de bombes de la Seconde Guerre mondiale, Dresde se donne, bien malgré elle, des airs de Venise, après avoir essuyé un déluge d'eau cette fois qui a inondé le célèbre palais du Zwinger et l'Opéra Semper.
Perdant de leur intensité à l'approche de l'embouchure de l'Elbe, bien plus loin au nord, les crues, qui ont fait 13 morts en Allemagne, commencent à diminuer à partir du 20 août, laissant partout le même spectacle de désolation : de Budapest et Bratislava, relativement épargnées par le Danube au sud, à la Thuringe et à la Saxe en Allemagne, en passant par le nord et l'ouest de l'Autriche, la décrue dévoile des paysages dignes des pays de mousson, comme la Chine (province du Yunnan), la Corée du Sud ou le Népal, victimes d'ailleurs au même moment de pluies et d'inondations catastrophiques qui font des centaines de morts et des dégâts énormes, mais semblent s'inscrire dans une logique climatique plus naturelle.
Un élan de solidarité
Dans une Europe centrale au climat continental, alternant normalement des hivers froids et des étés chauds et secs, ces catastrophes climatiques suscitent la perplexité de la population mais aussi des milieux scientifiques, moins prompts il est vrai à les attribuer à un dérèglement général du climat de la planète parfois trop hâtivement mis sur le compte d'un effet de serre aux conséquences encore mal définies.