Alors qu'à Paris, par exemple, la municipalité avait déversé du sable sur les quais de la Seine dans le cadre de l'opération estivale « Paris plage », les capitales du centre de l'Europe emplissaient des sacs de sable pour tenter d'endiguer les colères de leurs fleuves. Ces disparités à l'échelle du continent européen, dont les régions méridionales souffrent au contraire de la sécheresse, nourrissent les traditionnelles discussions sur « la pluie et le beau temps ». Et, plus sérieusement, les querelles d'experts, qui ne peuvent encore affirmer si la fréquence, la violence et la systématicité de ces intempéries jusque-là qualifiées d'exceptionnelles, sont symptomatiques d'un dérèglement climatique dû en partie au réchauffement de la planète. Si tel est le cas, il convient de définir la part de responsabilité des activités humaines. Autant de questions qui allaient être débattues lors du sommet sur le « développement durable » à la fin du mois d'août à Johannesburg.
La décrue allait sonner aussi l'heure des premiers bilans, marqués par des querelles d'experts en assurances cette fois, chargés d'évaluer l'ampleur des dégâts. Elle sera aussi l'occasion de mettre à l'épreuve la solidarité européenne à l'approche de l'élargissement de l'UE aux pays dont certains ont été durement touchés par ces inondations, qui ont eu au moins le mérite de rappeler que les fleuves sont un élément essentiel de la communication et du rapprochement entre les peuples, pour le meilleur et pour le pire.
Gari Ulubeyan
Solidarité européenne
Pour répondre à l'ampleur des dégâts, estimés à 15 milliards d'euros en Allemagne et de 2 à 3 milliards en République tchèque, pays les plus touchés, le chancelier allemand Gerhard Schröder a réuni un sommet anti-inondations à Berlin le 18 août avec les responsables autrichien, tchèque et slovaque. L'initiative a reçu l'aval du président de la Commission européenne, Romano Prodi, qui, après avoir visité certaines des régions sinistrées déclarées « zone de solidarité européenne », a accepté de verser une aide puisée notamment dans les fonds structurels européens et destinée en premier lieu à la remise en état des infrastructures détruites. Signe de cette solidarité européenne censée s'appliquer aussi aux pays candidats, décision a été prise de créer un fonds européen spécifiquement consacré aux catastrophes. En Allemagne même, les inondations ont donné lieu à un élan de solidarité de l'Ouest vers l'Est.