L'éclipse de Soleil du 11 août

Mercredi 11 août, le Soleil a rendez-vous avec la Lune pour la dernière éclipse totale de Soleil du millénaire. De l'océan Atlantique au golfe du Bengale, l'ombre de la Lune balaie la surface de la Terre à plus de 2 800 km/h pendant trois heures et sept minutes sur une bande de 14 000 km de long et d'une centaine de kilomètres de large, en traversant seize pays d'Europe et d'Asie. Très largement médiatisé, le phénomène est observé par des centaines de millions de personnes.

C'est dans l'océan Atlantique, à 300 km au sud de la Nouvelle-Écosse, que l'ombre de la Lune commence à balayer la surface terrestre. Après avoir traversé l'Atlantique nord, elle recouvre les îles Scilly, puis la Cornouailles anglaise. Abordant la France à 12 h 16 (heure légale), au cap de la Hague, elle la traverse en dix-huit minutes, de la Normandie à l'Alsace, de part et d'autre d'une ligne Fécamp-Noyon-Sarreguemines, en effleurant l'extrême sud de la Belgique et en touchant le sud du Luxembourg. Sa trajectoire coupe ensuite l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, la Roumanie, la Yougoslavie, la Bulgarie, la Turquie, l'Irak, l'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Inde. Son passage coïncide avec la disparition complète du Soleil derrière la Lune, pendant une durée variable selon les endroits, mais qui n'excède pas 2 min 23 s (en Roumanie). L'éclipse totale s'achève à la tombée du jour sur le golfe du Bengale. De part et d'autre de la bande de totalité, l'éclipse est vue comme partielle dans une zone bien plus vaste qui couvre pratiquement toute l'Europe et le nord de l'Afrique.

Un engouement exceptionnel

Jamais, semble-t-il, un phénomène céleste n'a été aussi médiatisé au plan international et n'a suscité un tel engouement. Rare à l'échelle d'un pays comme la France (où seulement deux éclipses totales de Soleil ont été précédemment observées au xx^e siècle, en 1912 et en 1961), spectaculaire, observable par tous, survenant au cœur de l'été, en période de vacances, il réunit tous les atouts pour susciter une mobilisation exceptionnelle. En Europe occidentale, et notamment en France, des conditions météorologiques défavorables vont malheureusement gâcher le spectacle en de nombreux endroits dans la bande de totalité. En dépit des statistiques indiquant que les chances de bénéficier d'un ciel dégagé dans cette zone sont, en France, à peine supérieures à 50 %, beaucoup d'amateurs ont misé sur un temps clément à cette époque de l'année. Nombre d'observateurs n'auront eu finalement qu'une vision fugitive du Soleil noir à la faveur d'éclaircies passagères ou de trouées dans les nuages. Ironie du sort, ce sont les spectateurs situés dans les régions les plus méridionales, où l'éclipse n'est que partielle, qui bénéficient d'un grand beau temps.

En France, une véritable marée humaine a envahi les 17 départements et les quelque 2 000 communes de la moitié nord du pays traversés par l'ombre de la Lune : on estime à 20 millions le nombre de visiteurs venus tout exprès admirer l'éclipse dans la bande de totalité. Hôtels, chambres d'hôtes, gîtes ruraux, campings, tous les types d'hébergement ont été pris d'assaut. Dans certaines villes comme Laon, Soissons, Noyon, Metz, les municipalités ont même dû mettre en place des systèmes d'accueil chez l'habitant. Partout, ce sont les étrangers – Britanniques, Belges, Allemands, Néerlandais, Scandinaves – qui se sont manifestés les premiers, parfois depuis plus d'un an.

Une grande fête populaire

Du Cotentin à l'Alsace, on a rivalisé d'imagination pour faire de la contemplation de l'éclipse une grande fête populaire : aux sites d'observation animés par des montreurs d'éclipse s'ajoute une impressionnante palette de manifestations comprenant concerts, conférences, présentations audiovisuelles, spectacles de rues, etc.