L'embellie n'était pas passagère ! Un chômage en net recul, une inflation quasi nulle, des chefs d'entreprise optimistes, les cours de la Bourse qui battent des records, tous les indicateurs concordent pour confirmer la bonne santé économique de la France, qui peut se permettre désormais de tabler sur une croissance durable. La France va bien, et le meilleur exemple en est fourni par les succès enregistrés dans la lutte contre le chômage. On comptait ainsi 83 600 demandeurs d'emploi de moins en septembre par rapport à août, un recul de 3 % qui ramène à 2 695 200 le nombre des chômeurs – 11,1 % de la population active contre 12,7 % en juin 1997 – et qui permet à Mme Aubry de parler d'un « vrai record ».
Une « société de plein-emploi »
Au moment où Mme Aubry présente son deuxième projet de loi controversé sur les 35 heures, ces chiffres viennent opportunément appuyer les appels de L. Jospin en faveur d'une « société de plein-emploi » qui serait donc un objectif réaliste. Montrant que le chômage et la crise ne sont pas ces fatalités invoquées pendant des années par des gouvernements impuissants à les juguler, les chiffres font vivre un état de grâce d'une rare longévité au gouvernement de la gauche plurielle, qui y voit la légitimation de la politique menée depuis deux ans ; ils sont devenus ses meilleurs alliés, en dissipant, par leur régularité, les soupçons tenaces qui les mettaient sur le compte de la chance. Sans doute se trouvera-t-il toujours des esprits chagrins dans l'opposition pour souligner l'opportunisme d'un gouvernement qui aurait récolté les fruits de la croissance mondiale dans un paysage économique préparé par le gouvernement Juppé, pour les croquer à pleines dents et en recueillir les dividendes politiques, au risque de les dilapider. D'autres se félicitent de voir le gouvernement se soumettre à la logique de la mondialisation et du marché, attribuant ses bons résultats à l'abandon de l'idéologie de gauche et à sa conversion forcée au social-libéralisme. Une interprétation que récusent les socialistes, qui prennent argument au contraire de ces résultats économiques, plus brillants que ceux de leurs amis britanniques ou allemands, avocats d'une « troisième voie » aux accents libéraux, pour exalter la spécificité de la gauche française.
G. U.
Les bons points du FMI
Dans son rapport du 22 octobre, le FMI fait l'éloge de la politique économique de la France, à l'égard de laquelle il se montre habituellement plus critique ; il lui reconnaît de “remarquables résultats” sur la croissance, l'inflation et l'emploi, et en attribue les mérites à un gouvernement qui a su profiter d'un contexte international plus favorable pour privilégier la confiance et la consommation des ménages, en abandonnant la “politique d'austérité menée sur le plan macroéconomique” par Juppé. Mais il nuance son appréciation en invitant M. Jospin à faire une entorse à son exigence de consensus pour régler les “problèmes structurels” liés au SMIC, aux déficits publics, aux effectifs de la fonction publique ou au financement des retraites, tout en doutant de l'efficacité de la réforme des 35 heures.
La pilule entre au lycée
La pilule contraceptive sera délivrée par les infirmières scolaires aux collégiennes et aux lycéennes en situation de détresse. En annonçant cette décision, Ségolène Royal, ministre déléguée chargée de l'enseignement scolaire, a surpris son auditoire au premier Salon de l'éducation qui s'est tenu à Paris en novembre 1999.
Cette mesure prend effet dès janvier 2000 et s'inscrit dans une vaste campagne d'information sur la contraception engagée par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité. La participation du ministère de l'Éducation, de la Recherche et de la Technologie était au départ moins pugnace : envoi d'une lettre aux recteurs, parution officielle d'une note de service et accompagnement dans le cadre des cours d'éducation sexuelle. Elle s'est révélée plus volontariste et vise, dans une « action plus générale d'éducation à la sexualité », à répondre à l'urgence de « mettre à la disposition [des] adolescentes en détresse les résultats des progrès scientifiques » répondait Ségolène Royal, le 7 décembre, devant l'Assemblée nationale.
La maîtrise de la fécondité
Dans un rapport sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en France, remis en mars au gouvernement, le professeur Israël Nisand fait le constat de la difficulté qu'ont les femmes de bénéficier de ce droit fondamental à la maîtrise de leur fécondité. Il indique que le nombre d'IVG a baissé depuis sa légalisation, par la loi Veil en janvier 1975, notamment grâce à la diffusion des méthodes de contraception. Mais la situation est particulièrement alarmante chez les adolescentes : sur 10 000 jeunes filles qui subissent chaque année une grossesse non désirée, 6 500 passent par l'épreuve psychologique et physique de l'IVG. Ce n'est pas un moyen de contraception dans la mesure où le recours à l'IVG, pour la grande majorité des femmes concernées, reste accidentel et unique. Cependant, il a été constaté que les jeunes filles ayant subit une IVG avant l'âge de vingt ans ont un risque plus grand d'y recourir à nouveau. La prévention prend ici tout son sens.