A. B.
Lebed : le retour
Partisan d'un libéralisme modéré, Lebed a mis en avant le bilan de son action en Tchétchénie et sa détermination à relancer une économie régionale sinistrée en luttant contre la concentration des capitaux dans la capitale russe. Ce programme lui a permis de bénéficier de l'appui d'industriels locaux, plus ou moins liés à la mafia, à commencer par le « roi » de l'aluminium, le populaire Anatoly Bykov, passé de la grande délinquance aux affaires et à la philanthropie (financement d'orphelinats, d'hôpitaux...). Fort de ce soutien des « nouvelles élites », Lebed n'en a pas moins promis de gouverner impartialement, dans l'intérêt de tous. C'est que, dit-il, les gens de Russie n'aspirent qu'à pouvoir « vivre enfin et travailler »...
Les cinquante ans d'Israël
Né dans le deuil, l'espérance et la violence, l'État d'Israël a célébré avec discrétion son cinquantenaire. Entouré d'une indéfectible sollicitude occidentale, il est devenu une puissance militaire incontournable, mais n'a que partiellement réussi sa cohésion interne et son intégration régionale.
Le gouvernement israélien a affirmé (sa judéité en fixant selon le calendrier hébraïque la date de la célébration du cinquantenaire de la déclaration d'indépendance de l'État (5 iyar 5758), en avance de quinze jours sur une datation civile. Le Premier ministre Netanyahou, bien qu'appartenant à une famille politique opposée à celle du « père fondateur » de la nation israélienne, David Ben Gourion, a évidemment rendu hommage à ce dernier. Il a évoqué aussi le sacrifice de plus de 20 000 militaires israéliens morts en combattant au cours du précédent demi-siècle et s'est félicité, en présence du vice-président des États-Unis Al Gore, invité d'honneur, des hautes capacités des forces de défense.
Un bilan contrasté
Ces rappels interviennent alors que les promesses de la déclaration d'indépendance sont loin d'être réalisées. Les relations israélo-arabes sont assombries par l'enlisement des négociations israélo-palestiniennes. La déception des chancelleries entraîne le plus sérieux isolement diplomatique qu'ait connu Israël. La société israélienne, elle-même, s'interroge sur la nature d'un sionisme naguère d'inspiration laïque et socialisante qui justifie aujourd'hui, par des arguments religieux, la judaïsation de l'État et la colonisation de territoires palestiniens. Les clivages traditionnels entre les ashkénazes d'origines euro-américaines et les sépharades orientaux en sont aggravés ainsi qu'entre la population juive d'Israël et une minorité arabe forte aujourd'hui de un million d'habitants (sur six). De son côté, le million d'immigrants russes survenus dans les années 90 montre peu d'empressement à s'assimiler. Néanmoins, tant que le problème de la sécurité se posera, la nécessité de la cohésion nationale aura raison des dissensions internes. Or, tant que les relations d'Israël avec son environnement arabe demeureront aussi conflictuelles en ce qui concerne les occupations de territoires (palestiniens, syriens et libanais), le partage de l'eau et la réciprocité des échanges, le problème de la sécurité de l'État juif continuera de se poser, après comme avant la célébration de son cinquantenaire.
L.-J. D.
Déclaration d'indépendance de l'État d'Israël (14 mai 1948).
Nous [...] représentant le peuple juif en Palestine et le mouvement sioniste dans tout l'univers [...] proclamons l'établissement en Palestine d'un État juif qui prendra le nom d'Israël [...] L'État d'Israël sera ouvert à l'immigration des juifs de toutes les contrées [...] ; il assurera le développement de ce pays au bénéfice de tous ses habitants [...] ; il défendra la pleine égalité sociale et politique de tous ses citoyens, sans distinction de race, de croyance ou de sexe ; il garantira la pleine liberté de conscience, de religion, d'éducation et de culture [...] et se consacrera lui-même à l'application des principes des Nations unies.[...] Nous faisons encore appel aux Arabes qui habitent l'État d'Israël pour qu'ils [...] jouent leur rôle dans le développement de l'État avec une complète égalité de droits et la représentation qui leur est due dans tous les corps constitués et dans toutes les institutions. [...] Nous offrons la paix et l'amitié à tous les États voisins [...]