Chrono. : 23/02, 8/04.
Grèce
La Grèce vient de tourner une page de son histoire. En douceur, la période des tribulations populistes a fait place à un paysage politique plus policé, plus proche des normes européennes.
Leader de la gauche non communiste grecque depuis les années 70, Andréas Papandreou a été le premier socialiste à diriger son pays. Après de nombreux scandales politico-financiers mêlés de romances amoureuses, Papandreou avait perdu le pouvoir en 1989, l'avait retrouvé dès 1993 mais, gravement malade, il avait dû démissionner le 15 janvier de cette année. Depuis un an, la tendance moderniste et sociale-démocrate du PASOK (Mouvement socialiste panhellénique) préparait la relève, emmenée par l'ancien ministre de l'Économie Kostas Simitis. Trois jours après la démission de M. Papandreou, M. Simitis devient Premier ministre, au grand dam de la fraction populiste du PASOK, de la droite grecque, qui craint ce modéré de gauche, et des États-Unis qui n'apprécient guère ce proeuropéen. Après la mort de A. Papandreou (23 juin), il prend également sa suite à la tête du PASOK. Avocat, il est né au Pirée en 1936. Après le coup d'État des colonels en 1967, il devient membre de l'organisation clandestine Défense démocratique. Recherché par la police, il s'exile en Allemagne en 1969 et devient membre du Mouvement panhellénique de libération fondé par Andréas Papandreou. En 1974, il est l'un des fondateurs du PASOK (Mouvement socialiste panhellénique). À l'arrivée au pouvoir de ce dernier, en 1981, il devient ministre de l'Agriculture, puis de l'Économie en 1985, de l'Éducation en 1989 et de l'Industrie en 1993.
À peine au pouvoir, K. Simitis est confronté à une provocation de la Turquie qui, désireuse de tester le nouveau pouvoir athénien, occupe militairement un îlot grec inhabité au large de Rhodes (janvier). L'intervention de la diplomatie américaine met fin à cette première crise. Un second incident avec la Turquie donne l'occasion au nouveau Premier ministre d'asseoir définitivement son pouvoir. En août, l'armée turque tue 2 Chypriotes grecs sur la ligne de démarcation qui divise Chypre depuis 1974. Alors que le contentieux avec les voisins du Nord, Albanais et Macédoniens, est pour l'instant résolu, voilà que le « danger turc » réapparaît. Pour faire face à la pression turque, estime M. Simitis, il faut un gouvernement fort. Il décide alors d'organiser, le 22 septembre, des élections législatives anticipées, au cours desquelles les partis politiques populistes sont largement battus, alors que le PASOK rénové sort vainqueur de l'épreuve. Cette victoire satisfait les partenaires européens de la Grèce, qui apprécient les prises de position procommunautaires de K. Simitis. Cependant, pour aligner le pays sur les critères de Maastricht, le chemin est encore long.
Chrono. : 15/01, 23/03, 22/09.
Christophe Chiclet