Chrono. : 7/08, 2/09, 17/11, 8/12, 24/12.
Slovénie
Loin des conflits de l'ex-Yougoslavie, la Slovénie suit tranquillement son chemin vers l'Europe occidentale. Cependant, l'Italie oppose son veto à l'accord d'association de la Slovénie avec l'Union européenne (mars), exigeant l'indemnisation des Italiens chassés d'Istrie en 1945 par la Yougoslavie. Après l'arrivée au gouvernement de Romano Prodi en Italie, Rome et Ljubljana trouvent finalement un terrain d'entente le 28 mai. L'accord qu'ils signent fixe les conditions d'accès au marché immobilier Slovène, jusqu'ici fermé aux étrangers. Quinze jours plus tard, la Slovénie signe à Luxembourg l'accord d'association avec l'Union européenne, des négociations sur son adhésion étant prévues pour 2001. La plus riche des ex-républiques de Yougoslavie réalise déjà plus de 70 % de ses échanges commerciaux avec les Quinze. D'autre part, la très catholique Slovénie reçoit en mai la visite de Jean-Paul II, le Vatican ayant été le premier État à reconnaître la souveraineté de la Slovénie, dès l'éclatement de la Yougoslavie.
Macédoine
Victime du blocus grec d'octobre 1993 à octobre 1995, la Macédoine finit par sortir de son isolement. Le blocus levé, elle est entrée à l'OSCE et au Conseil de l'Europe en 1995. Les relations bilatérales reprennent, et le premier ambassadeur macédonien en Grèce est nommé en janvier. Pendant toute l'année, des délégations des deux pays se rencontrent pour tenter de régler le problème de la dénomination de la république de Macédoine. Il semblerait, en fin d'année, que la Grèce soit prête à accepter l'utilisation du mot « Macédoine ». Enfin, le pays est reconnu diplomatiquement par son principal partenaire économique, la Serbie.
Le règlement progressif des questions internationales permet aux tensions internes de s'exprimer, avivées par la question de la succession du vieux président Kiro Gligorov, pourtant remis de l'attentat dont il avait été victime en 1995. En février éclate la première crise politique de la jeune république. Depuis l'indépendance de 1991, le pays est dirigé par une coalition d'anciens communistes composée de l'Alliance sociale-démocrate de Macédoine (ASDM) du président Gligorov, du Parti libéral (PL) et du Parti socialiste macédonien (PSM). Le Premier ministre Branko Crvenkovski élimine, cette année, le PL de la coalition, arguant des accusations d'affairisme lancées contre celui-ci et lui reprochant surtout d'avoir un peu trop vite considéré, pendant la convalescence du président Gligorov, que sa succession était ouverte.
La question la plus aiguë posée à la Macédoine reste incontestablement celle de la minorité albanaise. Depuis le début de 1995, le pouvoir s'oppose à l'ouverture d'une université libre albanaise à Tetovo, craignant de voir s'y développer un foyer d'irrédentisme entretenu par les Albanais du Kosovo et l'Albanie elle-même. Les dirigeants de cette université, tantôt en liberté, tantôt incarcérés, sont soutenus par de violentes manifestations populaires chaque fois qu'ils sont emprisonnés. Ce durcissement profite aux partis albanais extrémistes qui se sont éloignés du parti de la Prospérité démocratique, une formation modérée participant à la coalition au pouvoir.
Les élections municipales de cette année sont donc un test, non seulement pour les formations issues de l'ancien Parti communiste mais aussi pour départager les différentes tendances du nationalisme albanais. Si l'ASDM du président Gligorov résiste relativement bien, elle perd cependant le contrôle de la plupart des grandes villes, y compris à Skopje, la capitale. Le PL, complètement laminé, perd toutes ses municipalités. En revanche, inexistante depuis les législatives d'octobre 1994, l'opposition anticommuniste a su se regrouper et gagne plusieurs grands centres urbains. Les nationalistes albanais, modérés et extrémistes, font des scores comparables à leurs résultats précédents. Cependant, forts de leurs victoires dans deux grandes villes albanophones de l'ouest du pays, les extrémistes pourraient en faire des bastions sécessionnistes.