La sériciculture renaît en France : la première station de grainage de vers à soie en Europe voit le jour dans la commune de Mirabel (Ardèche) au printemps 1996. Le centre servira de pilote pour l'industrie européenne de soie grège.
DOM-TOM
Jacques Chirac en visite officielle à la Réunion pour le 50e anniversaire de la loi sur la départementalisation
En décembre 1994, le candidat aux élections présidentielles Jacques Chirac s'était engagé à achever l'égalité sociale entre les DOM et la métropole. Depuis le 1er janvier 1996, le SMIC est aligné sur celui de la métropole. Le président de la République a donc tout naturellement choisi l'île de la Réunion pour son premier voyage officiel outre-mer, à l'occasion du 50e anniversaire de la loi du 19 mars 1946 sur la départementalisation des « quatre vieilles colonies ». Mais l'égalité des chances reste à faire. La Réunion détient le record national du chômage avec un taux supérieur à 37 %. L'île, peuplée de 650 000 habitants, compte plus de 100 000 chômeurs (la moitié ont moins de vingt ans) et 50 000 RMIstes. Paul Vergés, vice-président du conseil régional : « Nous aurons bientôt plus de chômeurs que d'actifs. Un risque d'explosion sociale. »
Comme aux Antilles, le débat politique tourne autour de la rémunération des fonctionnaires (« la prime de chaleur », dit-on avec ironie), supérieure de 53 % par rapport à la métropole. Et Margie Sudre, secrétaire d'État à la Francophonie et présidente de l'assemblée régionale, de fustiger les gouvernements successifs qui ont encouragé à la fois la réduction de 20 à 30 % des revenus des plus défavorisés et la surrémunération de plus de 50 % de ceux qui ont la sécurité de l'emploi.
La Guyane toujours dépendante de Kourou et de Paris
L'explosion, le 4 juin 1996, de la fusée Ariane 5, pour son premier essai (perte sèche : 2,7 milliards de francs), ne met en cause ni le programme Arianespace ni la présence du CNES au centre spatial de Kourou, qui demeure le premier site de lancement de satellites. La base de Kourou génère 9 760 emplois directs ou indirects et 28 % de l'ensemble des salaires payés dans le pays.
Les préoccupations majeures des Guyanais touchent à la sécurité : chômage d'abord (18 % de la population active), précarité de nombreux emplois et immigration massive en provenance d'Haïti, du Brésil et du Suriname. L'accumulation des problèmes provoque une flambée de violence à l'automne. Au cours de sa visite (mars 1996) en Guyane, le Premier ministre avait bien annoncé la création d'une route pour désenclaver l'est du département et le dépôt d'un projet de loi réformant le Code minier des DOM : mieux encadrer l'activité aurifère, récente, afin d'éviter l'immigration clandestine et les dommages irrémédiables causés à l'environnement. Cela n'a pas suffi pour apaiser le malaise guyanais.
Deux réserves naturelles ont été créées en décembre 1995 et juin 1996. Le projet de parc national lancé par Ségolène Royal au sommet de Rio (1992) a des chances d'aboutir en 1997. Il concernerait toute la moitié sud du département. Cependant, la communauté scientifique est partagée sur sa délimitation, voire sur son principe. De plus, il engloberait les principales zones aurifères qui suscitent des convoitises diverses.
La Polynésie française entre dans l'« après-nucléaire »
La dernière campagne nucléaire, qui avait provoqué de violents affrontements en Polynésie ainsi que la réprobation unanime des pays riverains du Pacifique, s'est achevée par un sixième tir, le 27 janvier 1996. Le surlendemain, Jacques Chirac annonçait l'arrêt définitif des essais nucléaires français. Jusqu'à présent, 70 % du PIB polynésien venaient des financements publics destinés à l'armée et au CEP (Centre d'expérimentation du Pacifique), avec des retombées indirectes importantes sur l'économie locale. La Polynésie devra désormais apprendre à vivre sans le CEP. Le traité international de Rarotonga en faveur de la dénucléarisation du Pacifique est signé le 25 mars 1996. Paris s'engage à verser au territoire 990 millions de francs pendant dix ans pour aider à la reconversion économique de l'archipel. Les violentes manifestations de l'automne 1995 ne sont sans doute pas étrangères à l'adoption d'un nouveau statut (avril 1996) pour le territoire polynésien, dont l'autonomie se trouve renforcée. Certaines compétences de l'État sont transférées au territoire (télécommunications, dessertes maritimes et aériennes, exploitation des eaux territoriales, du sol et du sous-sol). Est-ce un texte taillé sur mesure pour Gaston Flosse ? Les élections territoriales du 12 mai 1996 ont donné à son parti, le Tahoreaa Huiraatira, 22 des 41 sièges de l'assemblée, le parti indépendantiste Tavini d'Oscar Temaru en obtenant 10.
La Nouvelle-Calédonie dans la perspective de 1998
À l'approche du référendum d'autodétermination de 1998, les négociations, souvent laborieuses, s'intensifient entre les caldoches, population d'origine européenne, anti-indépendantiste, et les Kanak. Mélanésiens, partisans de l'indépendance. Mais les divisions internes à chaque partie se font jour. Le 15 février 1996, Rock Wamytan, nouveau président du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), déclare officiellement que son parti ne demanderait pas l'indépendance ; prise de position qui ne fut pas unanimement approuvée au sein du FLNKS. De son côté, Jacques Lafleur, signataire des accords de Matignon, président du RPCR (Rassemblement pour la Calédonie dans la République), chef de file du camp anti-indépendantiste, évoque en août 1996 la notion de « souveraineté partagée » entre la France et la Nouvelle-Calédonie. Mais il n'est pas suivi par la totalité du camp « européen ».