Journal de l'année Édition 1995 1995Éd. 1995

Jules Chancel

Canada

L'économie canadienne sort d'une longue et profonde récession. Les experts tablent sur une croissance de 4 %, nettement supérieure aux 2,2 % de 1993. Certes, le chômage reste à un niveau élevé, supérieur à 11 % de la population active, et la dette de l'administration fédérale (45 % du PIB) n'est pas prête d'être résorbée, mais le bilan de la première année du gouvernement libéral de Jean Chrétien semblait globalement positif. C'était sans compter avec l'incontournable problème québécois. Le 12 septembre, en effet, les électeurs de la Belle Province amenaient au pouvoir le Parti québécois de Jacques Parizeau. Les libéraux de Daniel Johnson n'étaient vaincus que d'une courte tête (44,3 %, contre 44,7 % pour le PQ), mais à nouveau la question de l'indépendance était soulevée. Chacun sait que les Québécois peuvent voter pour les indépendantistes sans pour autant opter pour la sécession ; cela n'empêche pas M. Bouchard d'annoncer un nouveau référendum pour l'année 1995. En face, les provinces anglophones menacent de demander des conditions draconiennes au cas où l'indépendance serait adoptée. M. Bouchard forme un gouvernement équilibré avec, notamment, aux Finances, Jean Campeau, acquis récemment aux thèses séparatistes, mais connu pour sa grande prudence.