La nouvelle majorité républicaine va attaquer sur tous les fronts. En politique intérieure, elle va exiger la mise en application de son programme de baisses d'impôts : réduction des taxes sur les plus-values et sur l'immobilier, déductions fiscales pour les familles, abolition de l'impôt sur les revenus des retraités les plus fortunés, etc. À cela, Bill Clinton pourra rétorquer qu'il n'est pas opposé lui-même à la baisse des impôts, mais à condition qu'elle bénéficie en priorité aux classes moyennes. Par ailleurs, outre le pouvoir de veto que lui confère la Constitution, le président a un argument de poids : il ne saurait accepter qu'une forte diminution des recettes fiscales remette en cause la baisse du déficit budgétaire.
Sur le théâtre international, la liberté d'action du président va aussi être battue en brèche. Les républicains exigent, et obtiennent aussitôt, une remise en cause de l'engagement américain en Bosnie. Le futur président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, le très agressif Jesse Helms, demande un réexamen, à la baisse, des aides des États-Unis aux pays étrangers (Russie, en premier lieu) et aux organisations internationales (ONU). Mais le président a, là encore, des moyens pour convaincre. Ainsi, il obtient l'acquiescement du Congrès pour la ratification des accords du GATT.
Embarrassé par sa réputation de coureur de jupons, par la rumeur de malversations dans la gestion de son patrimoine personnel au cours des années 80 (l'affaire Whitewater), M. Clinton ne parvient pas à imposer l'image du président fort et rassurant que ses concitoyens attendent. Pire, il déclenche dans les milieux conservateurs une hostilité sans précédent contre sa personne et son style, lié à celui des années 60, permissives, contestataires et pacifistes. Cette véritable haine n'est pas contrebalancée – comme c'était le cas pour Roosevelt, un autre président très décrié – par une forte mobilisation de ses partisans. Dans une Amérique de plus en plus traversée par les courants religieux ultraconservateurs, obsédée par les questions de la violence et des tensions raciales, Bill Clinton, enfant de l'ère Kennedy et des mobilisations contre la guerre du Viêt Nam, n'inspire ni confiance ni enthousiasme. Il a deux ans pour redresser la barre.
L'affaire Whitewater
En 1978, Bill Clinton et son épouse participent à l'achat de 92 hectares dans l'Arkansas, pour un projet de développement immobilier au lieu-dit Whitewater. M. Clinton est alors élu gouverneur de l'État. En 1980, James McDougal, un ami et associé des Clinton, achète la Madison Bank and Trust, qui prête 30 000 dollars à ceux-ci. En 1985, M. McDougal, qui, entre-temps, a racheté la caisse d'épargne Madison Guaranty, lève des fonds pour la campagne de M. Clinton. Le projet Whitewater est un échec. La justice commence à enquêter sur les activités de M. McDougal. En 1987, celui-ci déclare que les documents concernant le projet Whitewater sont chez le gouverneur Clinton. En 1989, la Madison Guaranty est en déconfiture. Mme Clinton travaille comme avocat dans le cabinet représentant le gouvernement fédéral contre la Madison Guaranty. En 1993, Vincent Foster, un ami des Clinton, se suicide ; c'était un ancien confrère de l'épouse du Président, nommée conseiller juridique adjoint à la Maison-Blanche. Un dossier concernant l'affaire Whitewater est alors retiré du bureau de M. Foster par des collaborateurs de la présidence. En 1994, un procureur indépendant est nommé pour enquêter sur l'affaire. Le conseiller juridique de la Maison-Blanche démissionne en mars à cause de cette affaire, suivi, en juin, par le secrétaire adjoint au Trésor.
Q.I.
Un ouvrage intitulé The Bell Curve fait scandale aux États-Unis. Rédigé par deux professeurs, Charles Murray et Richard Herrnstein, il tend à prouver, chiffres à l'appui, qu'en moyenne le quotient intellectuel des Noirs est inférieur de 15 points à celui des Blancs. Conséquence pour les deux auteurs, connus dans les milieux universitaires conservateurs : les politiques d'intégration raciale sont inutiles. Simple hasard ? Le personnage de Forrest Gump triomphe sur les écrans de cinéma. Il est affligé d'un Q.I. de 75...
Prière
Doit-on prévoir un moment spécialement consacré à la prière dans les écoles américaines ? La question avait déjà été débattue lors des présidences Reagan et Bush. Sans aboutir. La nouvelle majorité républicaine la remet sur le tapis. La surprise vient de Bill Clinton lui-même qui déclare ne pas « exclure » cette possibilité et qu'il serait « heureux » d'en discuter avec les républicains. Calcul politique ou conviction profonde d'un président baptiste fervent ?
Proposition 187
À l'occasion des élections de novembre, les électeurs de Californie adoptent à 59 % une loi référendaire privant les quelque 1,5 million d'immigrés clandestins vivant dans cet État de tous les bénéfices sociaux. Ainsi, 300 000 enfants risquent de ne plus être admis dans les écoles. Les organisations de Latino-Américains se mobilisent aussitôt et dénoncent le risque de voir réapparaître des émeutes raciales comme celle qui avait enflammé Los Angeles en 1992.
Chrono. : 21/01, 7/02, 11/02, 4/03, 5/05, 13/08, 18/08, 25/08, 9/09, 27/09, 1/10, 8/11, 11/11.