Crédité de mauvais sondages, le président Lech Walesa entend quand même se présenter une nouvelle fois aux élections présidentielles, en 1995. Dans cette optique, il va affronter la classe politique au cours d'incessantes escarmouches. Ainsi, en octobre, il exige la démission du ministre de la Défense, entraînant, à la Diète, le vote à la quasi-unanimité d'une motion de défiance à son égard.
Toute cette agitation n'empêche pas le pays de mener une diplomatie active, même si les problèmes économiques et sociaux ont dominé l'année. Le « triangle » franco-germano-polonais est renforcé par une rencontre des trois ministres des Affaires étrangères et par des manœuvres militaires conjointes en octobre, en Pologne. Vis-à-vis de la Russie, la commémoration de la bataille de Varsovie est marquée par la volonté du président Walesa de clore ce chapitre douloureux de l'Histoire et d'ouvrir celui de la coopération à venir, malgré le refus de Moscou d'avouer la responsabilité soviétique dans l'anéantissement de Varsovie et de la Pologne libre en 1944. Cela n'empêche nullement les dirigeants polonais de rester vigilants. En novembre, le report du voyage du Premier ministre russe Viktor Tchernomyrdine, à la suite d'un banal incident entre ressortissants des deux pays, est interprété comme un signe du mécontentement de Moscou à l'égard des velléités polonaises d'intégrer l'OTAN.
Objectifs
Les responsables économiques de la Pologne ont des objectifs ambitieux : 5 % de croissance annuelle d'ici à 1997, stabilisation du déficit budgétaire à 2 ou 3 % du PIB et de l'inflation à 10 %, progression du salaire moyen de 2,7 % par an en termes réels, refonte du système de protection sociale afin d'assurer à tous une couverture minimale.
Armée
Les forces polonaises sont passées de 350 000 hommes en 1989 à 240 000 en 1994. Le service militaire a été réduit de 24 à 18 mois et les ressources affectées à la défense ne représentent plus que 3 % du PIB. Cependant, la modernisation des forces, nécessaire pour adhérer au Partenariat pour la paix des Américains, demandera un effort supplémentaire estimé à 25 millions de dollars.
Hongrie
L'événement principal de cette année consiste en la nette victoire aux élections de mai des forces postcommunistes, avec 54 % des suffrages et 209 sièges sur 386. Le Parti socialiste, composé d'ex-communistes révisionnistes-réformateurs, propose alors la formation d'un gouvernement sur la base d'une « nouvelle réconciliation nationale » (répertoire de la propagande communiste classique), selon les mots de Gyula Horn, le nouveau Premier ministre. Ancien ministre des Affaires étrangères des derniers gouvernements de l'ère communiste, ce dernier avait ouvert, en 1989, la frontière hongaro-autrichienne aux réfugiés est-allemands et il avait déclaré à plusieurs reprises, après l'effondrement du régime communiste, que ce système était incapable et totalement dépassé.
Les socialistes concluent ainsi un accord avec l'Alliance des démocrates libres (18 % des voix aux élections), représentant les anciens dissidents de la première heure, pour constituer un gouvernement qui devra poursuivre la politique de transition vers un régime « à l'occidentale ». Les fonctions de vice-Premier ministre, de ministres de l'Intérieur, de la Culture et des Transports sont confiées à des libéraux-démocrates. Cette alliance, que beaucoup jugent contre nature, entre adversaires d'hier est scellée par un volumineux accord de gouvernement.
Le 15 juillet, la nouvelle équipe gouvernementale est investie par le Parlement.
Cette formule de centre gauche est plutôt positivement accueillie par les opinions internationales et, selon les sondages successifs – s'ils sont fiables –, par les opinions publiques hongroises elles-mêmes. Petit à petit, cependant, des lézardes vont apparaître dans l'édifice. M. Horn annonce périodiquement des mesures populaires (revalorisation des retraites, impôt sur la fortune), mais difficiles à mettre en œuvre, laissant aux ministres libéraux ou à son austère ministre des Finances le soin de présenter les mesures de rigueur.